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La reconnaissance, un enjeu pour la démocratie et la spiritualité

Quelques réflexions socio-politiques à partir du concept d’Axel Honneth

Ce texte est la synthèse de l’étude qui a été faite dans le cadre du groupe « Démocratie, valeur spirituelle » sur les travaux d’Axel Honneth.

Table des matières

INTRODUCTION : une lutte pour la reconnaissance qui appelle la démocratie à prêter attention au « spirituel » !

  1. Une approche existentielle : les 3 sphères de la reconnaissance
  2. Un éclairage psycho-sociologique sur les pathologies et sur les potentialités de notre société « post-moderne »
  3. Un concept qui rend visible la manière dont les individus et les groupes élaborent leurs valeurs.
  4. Une nouvelle visibilité des anciens ressorts de la spiritualité et de la politique
  5. La reconnaissance, un enjeu très actuel pour la démocratie comme pour la spiritualité.
  6. Un pacte civique qui signifie une attention partagée par les courants politiques et par les mouvements spirituels aux quêtes de reconnaissance

Synthèse

La reconnaissance, un enjeu commun pour la démocratie et pour la spiritualité, un intérêt partagé par les courants politiques et par les mouvements spirituels.

1. Plusieurs analyses critiques récentes bousculent les frontières des disciplines traditionnelles (sociologie, psychologie, philosophie, sciences politiques…) pour apporter un regard neuf sur notre société qui positionne autrement les rapports entre la politique et l’intériorité, entre la démocratie et la spiritualité en y plaçant au cœur, la recherche individuelle et collective d’identité et de reconnaissance.

2. Cette anthropologie nouvelle exhume un niveau originel des relations humaines où se forgent en même temps les personnalités et les capacités d’évaluation des individus et des groupes, et où se déploie aussi toute expérience spirituelle. Ce qui est rendu visible, c’est cette expérience à la fois très intime et très sociale, en amont même du langage et de toute expression verbale, où l’on se met à différencier ce que l’on aime et ce que l’on déteste en se distinguant soi-même. Et cette visibilité nouvelle permet aussi d’éclairer avec une rationalité contemporaine le champ spirituel.

3. Cette expérience de base où se façonnent le goût esthétique et le sens moral, s’opère à l’intérieur de relations de « reconnaissance » où les individus et les groupes construisent leur personnalité à travers les trois grands domaines de l’existence :

  • en nous reconnaissant dignes d’amour et d’affection, les proches nous donnent confiance en nous
  • en nous reconnaissant des droits, la loi et la Nation nous donnent le respect de nous
  • en faisant reconnaître nos mérites et nos compétences au travail ou dans les loisirs, nous nous attirons l’estime des autres et de soi et nous nous « réalisons ».

4. Mais dans notre société post-moderne, cette dynamique interpersonnelle de la reconnaissance est grippée. Beaucoup ne se sentent pas vraiment reconnus, bien plus même que dans les sociétés traditionnelles où des relations plus figées et plus collectives mais plus solides garantissaient la pérennité des reconnaissances. Chez nous, le champ des possibles est beaucoup plus vaste et incomparablement plus individualisé ; nous sommes constamment sollicités pour de nouvelles expériences et de nouvelles relations… qui sont autant d’occasions de reconnaissance, mais toujours très aléatoires et éphémères ! Du coup beaucoup de groupes n’arrivent pas à se faire reconnaître ; beaucoup d’individus se retrouvent seuls et démunis ; beaucoup perdent l’estime de soi, tant les exclus que les cadres « surbookés », que les innombrables déprimés ou candidats au suicide… Et les déçus, les désabusés, les méprisés font des citoyens « incertains » et « irrésolus » !

5. C’est un enjeu urgent pour la démocratie que de ne pas laisser se répandre ce sentiment de mépris ou de non reconnaissance ! La démocratie a besoin de citoyens solides et résolus ! C’est aux politiques de rendre l’espoir ! Et ils le peuvent en transformant la scène publique pour la rendre capable de reconnaître les individus et les groupes comme des acteurs potentiels de leur développement. Il faut pour cela abandonner les pratiques de notable ou de technocrate et sortir des arrière-scènes obscures de la gouvernance Il faut aussi reconnaître un rôle aux minorités et au symbolique en élargissant le champ de la culture. Il faut débattre, négocier et décider avec le respect de l’autre, en prenant en compte tous les niveaux de l’existence sociale par delà les variations de l’opinion !

6. C’est un enjeu non moins urgent pour les spiritualités que de présenter dans ce vaste mouvement de retour du religieux d’autres voies spirituelles qui se gardent des dérives identitaires, communautaristes ou antirationnelles. Elles peuvent aider les individus et les groupes à inventer les voies d’une reconnaissance ouverte à l’altérité et à la transcendance en actualisant des pratiques et des croyances qui délégitiment la violence et le repli sur soi et sur le passé, en donnant le goût de l’avenir.

Un pacte civique peut sceller une alliance entre les politiques et les spirituels pour que les chantiers de la reconnaissance s’ouvrent à l’altérité et apportent des améliorations matérielles.

Christian Saint-Sernin

 

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