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Passer du silence à la parole, de la parole à la représentation

Jean-Baptiste de Foucauld a été haut fonctionnaire, membre du cabinet du ministre de l’Économie et des Finances Jacques Delors sous le gouvernement Mauroy, Commissaire général au plan de 1992 à 1995.  Il participe à la fondation en 1985 de l’association Solidarités Nouvelles face au chômage, dont il est le président jusqu’en 2009. Il est également fondateur en 1993 et président de l’association Démocratie et Spiritualité et coordonnateur du Pacte Civique.

Le mouvement ATD Quart-Monde a été fondé en 1957 par le Père Joseph Wresinski, qui exerçait son ministère dans le bidonville de Noisy-le Grand, en région parisienne. Les principaux engagements des volontaires permanents d’ATD sont : une vie partagée avec les plus pauvres, une connaissance réciproque, un engagement de résistance dans la durée, à leurs côtés, pour concevoir une action collective avec le reste de la société. Les universités populaires Quart-Monde, créées en 1972, sont des lieux de dialogue et de formation réciproque entre des adultes vivant en grande pauvreté et d’autres citoyens qui s’engagent à leurs côtés. Tous viennent pour apprendre les uns des autres, en apportant leurs expériences et leurs savoirs propres.

 

Ce texte est extrait de l’intervention de Jean Baptiste de Foucauld à l’Université Populaire Quart-Monde Île-de-France, le 18 novembre 2008, sur le thème de la citoyenneté.

L’entraide est fondamentale.

Notre société est en train de l’oublier. Cette société a une vision triste de la citoyenneté, individualiste, repliée sur elle-même. Pour moi, ce n’est pas une vraie vision de la citoyenneté. La citoyenneté, ce n’est pas seulement réclamer des droits, c’est aussi donner quelque chose. Être citoyen, c’est pas seulement recevoir, c’est aussi donner. C’est une vision active. Il n’y a pas de droits si il n’y a pas de devoirs. Pour redistribuer des logements sociaux, il faut bien le devoir de payer des impôts. Être citoyen, c’est refuser la fatalité, c’est refuser toutes les fatalités qui obligent à dire « c’est comme ça, ça ne va pas bien mais on n’y peut rien, ce serait mieux si c’était autrement mais je n’y peux rien, ça me dépasse ».
Non ! Pour moi être citoyen c’est se battre contre un certain nombre d’ennemis, l’ennemi du découragement d’abord.

J’aime bien les trois choses que vous avez dites : d’abord défendre des droits, avoir des droits, deuxièmement avoir une espèce de liberté, la liberté du citoyen c’est l’autonomie, ensuite être actif pour lutter contre les fatalités, pour se battre avec soi-même, se battre contre la société quand elle déraille.

Pour moi, ce qui m’a motivé, c’est la question du chômage parce que quand il y a beaucoup de chômage, ça devient très difficile. Je me suis organisé avec des amis, pour regrouper, dans une association, des personnes qui aident à trouver du travail. On était en 85, on a senti que le chômage allait devenir un grand problème français. On s’est dit il faut faire quelque chose. On est allé voir le père Wrésinski. On avait une idée tout à fait juste, c’est lui qui nous a aidé à construire la méthode. L’entraide spontanée, le simple fait d’écouter, de faire attention, pour moi c’est être citoyen.

On nous promet sans arrêt des baisses d’impôts mais en même temps on dit qu’on veut améliorer la justice sociale mais on ne peut pas baisser les impôts et augmenter la justice sociale, ce n’est pas possible.

Il y a un an ou deux Nicolas Hulot a fait un pacte écologique, il a dit qu’il y a un gros problème écologique devant nous, qu’il faut qu’on fasse quelque chose et il a réussi à convaincre les hommes politiques de faire un peu bouger les choses. On réfléchit à faire quelque chose, un peu du même ordre, dans le domaine civique et dans le domaine social. Les personnes qui vivent des difficultés concrètes n’ont pas tellement de possibilités de s’exprimer dans le système. Donc un des grands problèmes de notre société, c’est que beaucoup des politiques qui sont faites pour régler les problèmes ne sont pas faites avec les personnes, elles sont faites par des fonctionnaires, par des technocrates, par des hommes politiques mais on ne sait pas co-construire les politiques… Dans ce Pacte civique, on voudrait trouver des méthodes qui permettent, aux personnes qui souffrent de difficultés, de s’exprimer dans la société. La question sociale aujourd’hui n’a pas trouvé les formes de représentation dont elle aurait besoin pour être bien traitée. On voudrait essayer de travailler là-dessus. Ça nous paraît être un progrès social à faire. Cette parole importante des personnes qui souffrent de difficultés, ne doit pas être réduite au silence. Il faut passer du silence à la parole, de la parole à la représentation.

Les échos de l’Université Populaire – Quart-Monde Île-de-France: la citoyenneté

A propos Jean-Baptiste de Foucauld

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