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  Lettre de D&S n°191

Juin-Juillet 2022

 

Cette lettre est le fruit de la contribution d’adhérents de D&S et de nos partenaires. Nous souhaitons pouvoir élargir ces contributions et en appelons à nos lecteurs. N’hésitez pas à nous faire parvenir vos textes, notes de lecture ou toute autre contribution à l’adresse mail indiquée en fin de publication.

 

Sommaire

 Editorial 

Utopies ! Vous avez dit utopies ? - Daniel Lenoir

 

Dossier du mois (prochain)

Université d’été :  Comment inspirer les utopies nécessaires au monde qui vient ?

 

Nouvelles exigences démocratiques 

L’éthique comme gouvernail - Esprit Civique

Le viol comme arme de guerrePhilippe Brenot

 

Résonances spirituelles 

Dilapider la grâce ? Réponse à une provocation - Monika Sander

 

Libre propos

Aspirations de jeunes de l'enseignement supérieur Jean-Claude Devèze

 

Art - Poésie

L’Allemagne des années 20 - Monika Sander

Noor Inayat Khan - l’esprit chevaleresque - Monique Krieguer

J’y vois plus clair - Act en scène


Notes de Lecture

L’économie à venir - Didier Minot

Démocratie en danger - Monique Krieguer

Il faut une révolution politique, poétique et philosophique - Daniel Lenoir

Le Mal qui vient. Essai hâtif sur la fin du monde - Michèle Bernard-Royer

Mahmoud ou la montée des eaux - Daniel Lenoir

 

Echos 

Groupe Psychothérapie et Spiritualité

 

Que font nos partenaires ?

Soirée conviviale de rencontre et d’échange du 14 juin avec les bénévoles et les structures adhérentes du Forum 104

Démocratie es-tu là ? - MRJC

 

Agenda

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EDITORIAL

Utopies ! Vous avez dit utopies ? 

Le poète en des jours impies
Vient préparer des jours meilleurs.
Il est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C'est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire flamboyer l'avenir !

Victor Hugo (1)

   

« Comment inspirer les utopies nécessaires au monde qui vient ? » Tel est l’intitulé de notre Université d’été. Utopies, l’usage de ce terme a pu interroger : pour certaines et certains, les utopies, en essayant, dans le prolongement de celle de Thomas More, de définir par le menu la société idéale sont grosses de tous les totalitarismes. « L’avenir… il devait être magnifique… il allait être magnifique, plus tard … j’y croyais ! On y croyait à une vie magnifique ! C’était une utopie … Vous, vous avez votre utopie à vous. Le marché. Le paradis du marché. Le marché va rendre tout le monde heureux… C’est une chimère ! » écrit Svetlana Alexievitch dans « La fin de l’homme rouge » (2). Une chimère à laquelle Ernst Bloch avait déjà opposé aux marxistes orthodoxes que « l’utopie n’est pas la fuite vers l’irréel, c’est l’exploration des possibilités objectives du réel et la lutte pour leur concrétisation » (3)

Comme la langue d’Ésope, l’utopie peut sûrement être la pire ou la meilleure des choses. La meilleure, l’espérance d’une humanité réconciliée avec elle-même, et donc libérée de l’hubris, cette démesure dans la volonté de puissance qui fait de l’homme un loup pour l’homme. Et c’est d’ailleurs l’hubris qui fait dévier l’utopie vers sa face sombre, celle qui vise non seulement à transformer la société pour qu’elle soit plus humaine, mais aussi à transformer l’homme pour le rendre conforme à la société que l’on veut faire advenir ; conforme au modèle théorique de l’homo soviéticus dans les régimes soviétiques, ou de l’homo ethnicus des régimes racistes ou de l’homo economicus des néo-libéraux. 

En lui donnant une signification poétique et non seulement politique, Victor Hugo nous rappelle la dimension spirituelle de l’utopie, celle d’une espérance déjà présente. La poésie, l’art -et nous essayons de l’illustrer désormais dans chaque numéro de cette lettre-, est un moyen d’exprimer cette dimension spirituelle de l’humain, d’essayer d’atteindre, au-delà du corps et de la pensée, l’âme humaine. Celle qui inspire l’éthique de la fraternité que nous essayons de promouvoir dans le champ politique de la démocratie. 

« Une société sans utopie serait une société sans dessein. » (4), rappelle Paul Ricoeur. Mais c’est la spiritualité, l’éthique de la fraternité, qui constitue la force de rappel nécessaire pour éviter aux utopies d’être saisies et perverties par l’hubris. Comme le dit Simone Weil dans une formulation que l’on peut actualiser pour les agnostiques et les athées (en remplaçant la divinité par la spiritualité) : l'antiquité savait que Dieu est ce qui assigne une limite (5).

Daniel Lenoir

1- Victor Hugo « Fonction du poète » in Les rayons et les ombres.

2- Svetlana Alexievitch La fin de l’homme rouge – ou le temps du désenchantement. Acte Sud, 2013

3- Ernst Bloch. Entretiens philosophiques. Cité par Jean-Joseph Boillot. Utopie made in monde. Le sage et l’économiste. Odile Jacob, 2021

4- Paul Ricœur L’Idéologie et l’Utopie. Le Seuil, 1997

5- Simone Weil « Cette guerre est une guerre de religion » in Pascal David Simone Weil. Luttons-nous pour la justice. Manuel d’action politique. Editions Peuple Libre, 2022

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DOSSIER DU MOIS :

 Université d’été septembre 2022

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Université d’été septembre 2022

 

"Comment inspirer les utopies nécessaires au monde qui vient ?" tel est le thème central de notre prochaine édition de l’université de D&S qui se tiendra du 9 septembre à 9 h au 11 septembre 2022 à 12h30 au Centre Jean Bosco, à Lyon. 

Nous republions ci-après le pré-programme (publié dans la Lettre n°190 et actualisé) :

 

Lien vers doc n°1L191

 

Un numéro spécial de la Lettre sera publié cet été que nous voulons participatif, nourri de vos contributions. 

Pour ce faire, merci d’adresser vos textes à l’adresse mail suivante :

secretariatgeneral@demospi.org

 

Les inscriptions à l’Université sont ouvertes. Pensez à vous inscrire au plus vite : 

https://www.helloasso.com/associations/democratie-spiritualite/evenements/universite-d-ete-2022

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Nouvelles exigences démocratiques

 

L’éthique comme gouvernail

 

L'engagement politique exige des balises éthiques : quels liens unissent le bien commun et la dignité de chaque personne ? La responsabilité pour autrui et la justice ? Notre partenaire Esprit Civique soumet à notre réflexion douze balises qui nourrissent les débats initiés durant la période électorale. 

 

Lien vers doc n°2L191



Le viol comme arme de guerre

 

Philippe Brenot est psychiatre, anthropologue et thérapeute de couple, il dirige les enseignements de Sexologie et Sexualité Humaine à l’université Paris Descartes et préside l’Observatoire International du Couple (www.couple.asso.fr). Ses recherches concernent l'anthropologie, la physiologie sexuelle et le couple. Nous publions un texte paru le 10 avril dernier sur son blogue, texte hélas encore d’actualité, qui met en exergue les exactions commises en Ukraine pour souligner que, si le viol existe depuis l’Antiquité,Le viol comme arme de guerre est devenu intentionnel et souvent systématique au XXe et dans notre début de XXIe siècle”.

Lien vers doc n°3L191

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Résonances spirituelles face aux défis contemporains

 

Dilapider la grâce ? Réponse à une provocation

 

Dès l’énoncé du titre, Monika Sander nous interpelle. Au travers de ce que l’on pourrait presque qualifier de pamphlet, l’auteure nous propose une réflexion articulant force et douceur pour nous permettre de cheminer à ses côtés sur le long chemin de la quête du sens de la vie.

Lien vers doc n°4L191

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Libres Propos

Aspirations de jeunes de l'enseignement supérieur

 

En mai dernier, les jeunes diplômés de l'École Agroparistech avaient appelé à “bifurquer” et à déserter le chemin des emplois de l’agro-industrie qui conduisent à des ravages sociaux et économiques. Depuis, d’autres étudiants de grandes écoles les ont rejoints. Jean-Claude Devèze revient sur cette mobilisation de jeunes qui en appellent à penser ensemble notre avenir pour pouvoir agir”. 

Lien vers doc n°5L191

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Art,Poésie

 

L’Allemagne des années 20

 

Monika Sander a visité une exposition qui se tient jusqu’au 5 septembre 2022 à Beaubourg à Paris. Cette exposition, “gage de réflexion pour notre époque troublée”, réunit les œuvres d’artistes qui font partie du courant de la Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité) qui se caractérise par une volonté de représenter le réel sans fard. 

Lien vers doc n°6L191



Noor Inayat Khan - l’esprit chevaleresque

 

Monique Krieguer nous entraîne à la rencontre d’une jeune femme qui s’attacha à mener ses engagements selon ses convictions profondes, résister sans jamais céder à la violence, convictions qu’elle ne renia jamais, qui lui permirent de sauver de nombreuses vies pendant la seconde guerre mondiale même si ce fut au prix de sa propre vie. 

 

Lien vers doc n°7L191



L’association Act en scène propose un spectacle inspiré du parcours et  de l'œuvre de Jacques Semelin, historien spécialiste des génocides et des violences de masse. Une première partie évoque l’itinéraire personnel de Jacques Semelin depuis l’âge de ses 16 ans où il apprend brusquement qu’il deviendra aveugle puis la 2ème partie aborde l’autre choc de sa vie, sa visite à  Auschwitz qui le conduira à s'engager dans la recherche sur les génocides. La troisième partie de ce spectacle la mettra en évidence. 

 

Pour en savoir plus : 

https://www.helloasso.com/associations/actenscene

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Notes de lectures

 

L’économie à venir

 

Deux économistes, Gaël Giraud et Felwine Sarr, ont publié un essai. Les deux penseurs sont partis d’un constat, celui de l’impasse du modèle occidental et de son système économique – le capitalisme – qui a favorisé l’explosion des inégalités et la crise climatique. A partir de là, ils nouent un dialogue mêlant philosophie, spiritualité, politique et économie au cours duquel ils réfléchissent à de nouvelles formes de gouvernance. Didier Minot a réalisé un travail important de lecture, d’analyse et d’explicitation de cet ouvrage qu’il partage avec nous.

 

Lien vers doc n° 8L191




Démocratie en danger

 

Monique Krieguer nous propose la lecture du dernier ouvrage d’Abdennour Bidar

La pandémie a mis à mal nos sociétés à l'échelle mondiale, en leur imposant une épreuve très rude à bien des égards. Mais comment avons-nous réagi ? L'avons-nous fait de manière juste ? Abdennour Bidar nous propose de prendre le temps de la réparation, de la réconciliation et de la réappropriation en répondant à 10 questions sur la crise sanitaire et ses conséquences. 

 

Lien vers doc n°9L191



Il faut une révolution politique, poétique et philosophique

 

« Il n’y a pas de grâce sans incompréhension », mais il y a un petit air de Simone Weil dans la radicalité d’Aurélien Barrau. Ainsi s’ouvre la note de lecture de Daniel Lenoir qui d’emblée nous interpelle et aiguise notre curiosité qui atteint son point d’orgue lorsqu’il cite ce propos de l’auteur, astrophysicien, « les poètes sont bien plus essentiels que les économistes, les physiciens et les politologues ». Le texte d’Aurélien Barrau est percutant, pas seulement par son format très court (32 pages), mais surtout par la précision des mots auquel l’auteur est très attaché et qui, mise à mal, conduit à une taxonomie du réel, à une binarisation néfaste homme / nature qui laisse à croire que nous serions supérieurs aux autres éléments du vivant. 

 

Lien vers doc n°10L191



Le Mal qui vient. Essai hâtif sur la fin du monde

 

Michèle Bernard-Royer est journaliste et adhérente à Démocratie & Spiritualité. Elle a voulu partager avec nous une lecture qui l’a marquée et qu’elle qualifie “d'uppercut”, celle d’un texte de Pierre-Henri Castel, psychanalyste, philosophe et historien des sciences. Ce dernier nous livre un ouvrage qui n’est pas un énième propos sur l’effondrement, la collapsologie mais sur le Mal. C’est un livre de philosophie morale comme il le caractérise lui-même qui lui permet de poser des intuitions au regard d’une possible apocalypse sans royaume (selon Günther Anders).  Mais la fin du monde est surtout une invitation à une transformation de notre violence en une courageuse capacité de création que Pierre-Henri Castel résume par cette formule : «  se rendre inintimidables  ».

 

Lien vers doc n°11L191



Mahmoud ou la montée des eaux

 

Un roman ? Un poème ? Sur toile de fond de la guerre en Syrie, Antoine Wauters, écrivain et poète belge, nous entraîne dans un récit poétique autour des digues prêtes à se rompre au sens propre comme au figuré. Le choix de l’écriture en vers libres symbolise le mouvement de balancier de la barque de Mahmoud naviguant sur les eaux du lac El-Assad. Mouvements de balancier d’un monde heureux qui n’est plus vers un monde actuel frappé par la guerre. Daniel Lenoir nous livre plus qu’une note de lecture, “une prière agnostique sur le mal”.

 

Lien vers doc n°12L191

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Echos

Groupe Psychothérapie et Spiritualité

“D’une manière générale, tout au moins dans nos contrées, la spiritualité et le monde de  la psychothérapie ne font pas bon ménage…”

Dans deux précédents numéros de la Lettre de D&S (n°187 et 188), nous avions publié deux textes d’Elizabeth Leblanc, psychanalyste, permettant de battre en brèche cette idée reçue et d’ouvrir la réflexion sur cette thématique.

Depuis, un groupe a pu être constitué et une première réunion s’est tenue le 23 juin dernier à l’initiative de Michel Ray qui a rassemblé des professionnels à partir de l’analyse de leur pratique. Une nouvelle forme de groupe de travail et de réflexion que nous expérimentons et qui semble déjà très prometteuse.

 

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Que font nos partenaires ?

 

Soirée conviviale de rencontre et d’échange du 14 juin avec les bénévoles et les structures adhérentes du Forum 104

 

80 participants, représentant 60 structures adhérentes ont participé à la soirée de rencontres du 14 juin organisée par le Forum 104. L’objectif : faire le point sur nos projets respectifs et voir comment nous pourrions aller plus loin, ensemble, dans la co-construction de sens en faisant émerger des perspectives de travail communes. Eliane Fremann nous livre le compte-rendu de ce temps-fort. 

Lien doc n°13L191



Démocratie es-tu là ? 

 

En décembre 2021, le Mouvement Rural pour la Jeunesse Chrétienne (MRJC) a réalisé un stage de recherche sur la démocratie qui a donné lieu à la réalisation d’une série de podcasts dont nous publions le premier, “Démocratie d’où viens-tu ?”

Faire vivre la démocratie ça veut dire quoi ? Quelle forme cela peut-il prendre ? Autant de questions auxquelles des jeunes ont été invités à réfléchir lors de ce stage auquel ont participé des chercheurs et politiques.

Retrouvez ici le lien vers le premier épisode :

https://www.youtube.com/watch?v=MIOxHjRr5vY&ab_channel=MRJCJeunesRuraux

 

Et pour mieux connaître et soutenir les projets du MRJC :

 

https://www.kocoriko.fr/fr/projects/rose-des-vents-changeons-de-cap

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Agenda 

Conseil d’administration : 22 septembre 2022

 

25ème Université d’été de D&S : 

du 8 septembre au soir au 11 septembre 2022 à midi. 

Elle se déroulera, comme en 2021, au Centre Jean Bosco à Lyon. 

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L'Ours

Lettre D&S N° 191 - Juin- Juillet 2022

ISSN 2557-6364

Directeur de publication : Daniel Lenoir
Rédactrice en chef : Laurence Vernant-Fabert
Comité de rédaction : Jean-Baptiste de Foucauld, Éliane Fremann, Daniel Lenoir, Alexis Monnet, Régis Moreira, Monika Sander,  Laurence Vernant-Fabert.

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