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Juif français ou français juif ?

J’écris ce texte qui n’engage que moi, qui est dérangeant et peut être choquant, notamment après ce sursaut extraordinaire du peuple français, car il est important pour moi que les Français se posent, après ces événements, certaines questions sur la représentation du juif et sa place en France.

Il faut dire que ce sont des choses que nous, juifs, avons du mal à exprimer, car on ne veut pas les entendre comme, à la fin de la seconde guerre mondiale, certains survivants qui voulaient parler de ce qu’ils avaient vécu et que leur auditoire ne voulait pas entendre (voir le témoignage de Simone Veil dans son livre Une vie).

Pourquoi reproche-t-on aux juifs leur lien à Israël ? En quoi sont -ils coupables de cet attachement ?En est-il de même pour un Français d’origine scandinave, anglaise, portugaise ou espagnole ? Pourquoi nous pose-t-on régulièrement la question « êtes-vous juifs ou Français, musulmans ou Français » ? Pourquoi précise-t-on souvent dans les médias en parlant d’une personne qu’elle est juive ? Les Français de religion ou de culture juive ne sont-ils pas Français ?

Pour mémoire, la mention « juif » devait figurer sur nos cartes d’identité pendant la seconde guerre mondiale. Demande-t-on « êtes vous chrétiens ou Français » ? Sait-on seulement que nous avons dans nos offices à la synagogue une prière pour la France ? Pourquoi l’Etat d’Israël doit-il être parfait, exemplaire ? Est-on aussi exigeant avec les autres pays ? Pourquoi parle-t-on sans cesse de ce qui se passe dans ce pays ? Et pas au Liban, au Yémen, en Somalie, en Libye ? Pourquoi entend-on dire « on en a marre qu’on parle toujours de la Shoah » ?

La mobilisation des Français a-t-elle été aussi importante pour Ilan Halimi ou les assassinats de Mohamed Merah ? Y aurait-il eu autant de monde pour ce rassemblement du 11 janvier si il n’y avait eu que l’attentat du magasin hyper cacher ? Pourquoi a-t-il été si peu dit que la policière de Montrouge assassinée était en faction à côté d’une école juive qui était la cible initiale du terroriste ? Pourquoi les Français se sentent-ils si peu concernés par ces attentats à notre égard ? Pourquoi est-il manifesté majoritairement de la haine ou de l’indifférence à notre égard ?

Je peux témoigner du peu d’appels ou de messages reçus chez nous d’amis Français non juifs. En revanche, nous avons été inondés par ceux d’amis étrangers.

Pourquoi la France a autant de mal à regarder son passé en face, notamment pour la seconde guerre mondiale ou la guerre d’Algérie ? Il faut voir le travail extraordinaire réalisé par l’Allemagne. Je peux citer l’exemple de deux personnes d’abord, puis d’un village allemand tout entier, qui s’est mobilisé pour faire témoigner les enfants survivants et pour réhabiliter les parents morts dans les camps et la vie juive, en signalant le lieu de de la synagogue qui a été détruite.

Les derniers rassemblements d’une partie du peuple français pour témoigner qu’il était concerné par ce qui arrivait aux juifs ont eu lieu à l’occasion de l’attentat de la rue Copernic et de la dégradation du cimetière de Carpentras. Les dirigeants de la nation française ont eu des paroles fortes à l’égard des juifs. En est-il de même du peuple français ? Chaque Français peut témoigner individuellement ou collectivement son attachement à la présence juive s’il le veut. En réalité le peuple français majoritairement « s’en fout » des juifs ou les déteste. Quand on voit comment la majorité des juifs s’est investie pour défendre les valeurs de la France et s’est intégrée au peuple français jusqu’à donner sa vie, le peu de retour du peuple français quand les juifs sont en danger pose question.

Le juif est le premier visé mais l’histoire et l’actualité le montre, les chrétiens viennent tout de suite derrière, car ce sont les valeurs humanistes qui sont la cible.

Aujourd’hui les belles paroles ne suffisent pas, il est urgent que chacun s’éduque et éduque sa famille à l’acceptation de la différence et à mettre en acte l’amour du prochain.

A propos Henri-Jack Henrion

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