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Le week-end « Silence et action » de Grenoble – 1er et 2 avril 2006

Impressions de l’un des organisateurs

Je rappellerai d’abord un présupposé de ce rassemblement. Le silence (intérieur et collectif) est racine de l’action.

Joël propose un temps silencieux de mise en situation suivi d’une présentation où les vingt trois participants eurent pour consigne de parler avec le « Je » et d’essayer de ne pas dépasser deux minutes, le gong étant manié avec délicatesse et humour par le « gardien du temps ».

Je retiens des multiples activités une grande cohérence,que ce soit dans les ateliers en groupe qui ont vu émerger des mots-clé et des questionnements concordants repris dans le débat qui suivit, le soir, la présentation du livre « Villeneuve de Grenoble , Paroles d’habitants ».

Même cohérence dans les deux ateliers du Dimanche. Noël proposa de partir comme matériaux d’écriture des mots-clé recensés ; Elisabeth, pour l’atelier « silence avant le geste et l’action » nous fit contempler en silence pendant 10 minutes un bouquet de pousses de saule avant de laisser en 2 minutes calames et pigments entrer en action. Dans les deux cas on put ressentir la tension créatrice du silence, loin de l’image de refuge douillet qui est souvent assimilée au mot silence.

J’ai apprécié que le débat sur la Villeneuve (dont Gilles nous propose une lecture) ait été à plusieurs voix car cela évite le risque du discours monocorde. L’apport de Marcel et son épouse impliqués tous deux dans la ville nouvelle de Marne-la- Vallée m’a paru riche. Le débat mit en évidence une tension créatrice forte entre nos pratiques militantes traditionnelles et l’émergence de nouvelles pratiques déroutantes liant parfois de jeunes associations sportives à un islam radical ! Mais ne touche- t-on pas là du doigt une des thématiques incontournables du colloque de décembre 2006 ?

Villeneuve de Grenoble, une expérience à plusieurs voix

L’expérience de gens qui y ont habité. Danielle Thévenot, trente ans après, a mené une enquête auprès des habitants, Elisabeth Lamour , Paul Bron le directeur d’une « école de l’ouverture » C’était au temps de Dubedout, des Groupes d’action municipale, il y a trente ans une grande aventure, on voulait réinventer la ville en ces moments, donner un logement de qualité à chacun , mêler locataires et propriétaires, associer logements et équipements intégrés, créer une vie de quartier Confrontation entre élus, techniciens, professionnels, associations et futurs habitants. On avait 6000 demandeurs, on avait 15 ha, l’ancien aéroport de Grenoble et une équipe qui y croyait.

Et on créa un parc superbe avec plans d’eau sur 13 hectares, les habitats regroupés dans des tours, Arlequin, Baladins , le quartier des Géants. Des criques et des falaises . « Ses circonvolutions font penser à une côte ventée » Un paquebot, « l’ambiance d’entreponts d’un navire » comme le dit ce superbe livre « Paroles d’habitants ».

Et on créa : un centre de santé intégré donnant de l’importance à la prévention et à l’éducation sanitaire, une école, terrain d’apprentissages et d’éducation communautaire avec un collège expérimental fusionnant les filières organisant le tutorat faisant participer les élèves à la vie et à la gestion de leur établissement favorisant une coéducation avec les parents et acteurs de la vie de quartier, l’Espace 600 lieu de rencontres , de réunions conviviales, de création associative, des emplois commerciaux de proximité, des commerçants maintenant souvent disparus au profit d’une grande surface, mais aussi une zone franche urbaine.

Un enthousiasme et une réussite semble- t-il. Alors pourquoi maintenant ce sentiment un peu désabusé de la part de ceux qui nous relatent l’expérience?  Il y a eu comme dans toute aventure humaine des difficultés, des rapports pas toujours faciles entre professionnels , élus, éducation nationale, des raisons politiques aussi : après Dubedout il y eut Carignon, moins d’intérêt pour la Villeneuve. Il y a aussi les problèmes actuels d’emploi, de clivages et de ségrégation sociale. 90 % d’élèves du collège seraient actuellement des enfants d’immigrés. Comment serait conçu Villeneuve maintenant ?

Un sentiment de lassitude ou peut être d’inachevé ? Pourtant dans l’expression actuelle des habitants on retrouve des accents.

« Ce quartier a été tout d’abord l’exceptionnel terrain de jeu de mon enfance. Liberté est le mot qui s’impose à moi : la sensation de pouvoir grandir en liberté ».

« Je suis ici parce que j’y suis bien, que j’y ai beaucoup reçu ».

« De voir des gens continuer à y croire et y agir me fait chaud au cœur. Une question me reste : qu’est ce qui suscite autant d’impressions, d’expressions opposées sur la Villeneuve ?».

Qu’est il advenu de cette expérience ? Comment a-t-elle permis de progresser ? Comment a-t-elle réellement diffusé ?

Il s’agissait d’expérimentation, d’ innovation avec toute l’utopie que cela représente. Mais une expérimentation ce n’est pas fait pour durer, c’est fait pour expérimenter des méthodes rechercher les invariants et ensuite pour ce qui est bon de les traduire pour qu’elles soient mises en œuvre dans des institutions. Dans quelle mesure l’expérience de la Villeneuve a-t-elle favorisé, au moment où elle a été lancée, le mieux vivre ensemble, dans quelle mesure le permet- elle actuellement ? Dans quelle mesure a-t-elle permis une évolution des institutions? Ce sont des questions que l’on peut, que l’on doit se poser en tant que militants, animateurs de quartier.

Mais plus encore, peut être la question qu’il faut se poser est :

Ne fallait il pas, pour que se crée Villeneuve, cet enthousiasme collectif, cette construction ensemble d’une ville, cette construction collective du sens.

A cette époque la création d’une ville et maintenant ? Par quels processus faut- il passer ?

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