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L’exemple de Tierno Bokar, un sage soufi de la confrérie Tidjaniya

Tierno Bokar, appelé aussi le Sage de Bandiagara est un cheikh de la confrérie soufi Tidjaniya*qui vécut de 1875 à 1940, au Mali actuel.

C’est le grand écrivain africain, Amadou Hampaté Bâ qui nous l’a fait connaître. Il fut l’un de ses principaux disciples. Théodore Monod l’a rencontré au Mali et l’a nommé : le Saint François d’Assise africain.
Tierno vécut dans une famille éclairée et religieuse (son grand-père était un grand maître
spirituel), dans une « cellule d’amour et de charité ».

Il arrive à Bandiagara à l’âge de 18 ans, ayant déjà une vie mystique. Il y vivra les 47 dernières années de sa vie. Tout en apprenant et en pratiquant le métier de brodeur, il étudie pendant 8 ans auprès de son maître spirituel : Amadou Tafsirou Ba, un grand mystique de l’ordre Tidjani.

Devenu maître lui-même, il crée une zaouïa pour les enfants qui comprendra jusqu’à 200 élèves. Cela se passe dans une concession modeste aux murs d’argile, brûlée de soleil ou maître et disciples sont assis par terre dans la cour. La vie de la zaouïa est rythmée par la prière, la méditation et l’enseignement du maître. Levé à 3 heures du matin, il médite longuement avant de se rendre à la mosquée et de revenir dispenser son enseignement à ses élèves.

« Sa personne rayonnait de paix et de joie. Il était relié à Dieu et à lui-même » dit Amadou Hampaté Bâ. Le mot Amour est son grand mot.

Une querelle théologique à propos du nombre de fois où l’on doit réciter l’oraison « Perle de la perfection » reçue par Si Ahmed Tidjani : (11 fois ou 12 fois) déclenche une tempête de haine et de violence dont Tierno Bokar sera la victime. Cette querelle doublée de lutte de pouvoirs entre familles opposées remontera jusqu’aux autorités coloniales en 1938. Celles-ci, mal informées et ayant peur des troubles obligeront Tierno Bokar à fermer sa zaouïa. Il ne quittera plus sa concession et vivra dans la pauvreté et la tristesse jusqu’en 1940 où il décède le 19 février.

Tierno Bokar vivait en Afrique, le pays où la parole est sacrée. Amadou Hampaté Bâ qui le connût dès son plus jeune âge, vécut auprès de lui jusqu’à l’âge de 7 ans. Il y retournait à toutes les vacances scolaires et revint auprès de lui, une année entière, en 1933. Il prend alors des notes de ses enseignements aussi bien exotériques qu’ésotériques. C’est lui qui a permis la transmission de sa pensée.

Il nous parle de son amour absolu et sans réserves pour Dieu et de son amour des hommes et de toutes les créatures. Son livre est plein d’anecdotes qui mettent en valeur ses qualités.
Il enseigne la tolérance car « chaque homme renferme une parcelle de l’Esprit de Dieu »
D’après Tierno, la Religion est Une dans son essence. « Le principe même de la religion est une étincelle pure, purificatrice et invariable dans le temps comme dans l’espace, étincelle que Dieu insuffle dans l’esprit de l’homme en même temps qu’il le doue de la parole ».

Quelques paroles à méditer :

« Dieu est l’embarras des intelligences humaines parce que tout ce que tu conçois dans ta pensée et matérialise par ta parole comme étant Dieu, cesse par là-même d’être Dieu, pour n’être plus que ta propre manière de le concevoir. Il échappe à toute définition. »

« Il y a trois vérités : ta vérité, ma vérité et La Vérité »

« La foi est l’essence de la religion, laquelle est comparable à une atmosphère entourant un univers peuplé de trois catégories d’hommes : une masse crédule ; des prédicateurs aveuglés par des luttes de clocher ; enfin, des initiés qui ont trouvé Dieu et l’adorent en vérité et en silence ».
« La lumière de Dieu. Qui oserait la décrire ? C’est une obscurité plus brillante que toutes les lumières conjuguées. C’est la lumière de la
Vérité. Ceux qui ont le bonheur d’y parvenir perdent leur identité, deviennent ce que devient une goutte d’eau tombée dans le Niger, ou plutôt dans une mer infiniment plus vaste en étendue et en profondeur ».
« L’arc-en-ciel doit sa beauté aux tons variés de ses couleurs. De même, nous considérons les voix des divers croyants qui s’élèvent de tous les points de la terre comme une symphonie de louanges à l’adresse de Dieu qui ne peut être qu’Unique. »
Paroles à méditer en ces temps où l’intolérance reprend du terrain. Paroles qui font écho en nous et nous rappellent les mystiques chrétiens de différentes époques.

Quelques perles de Rûmî* tirées de ses quatrains Rubâi’yât

Si tu es à la recherche de la demeure de l’âme, tu es une âme
Si tu es en quête d’un morceau de pain, tu es du pain.
Si tu peux saisir le secret de cette subtilité, tu comprendras :
Chaque chose que tu recherches, c’est cela que tu es.
Avec la puissance de l’aigle et la noblesse du lion
Viens dans l’entrepôt de l’âme avec des yeux qui ne soient pas avides.
Hâte-toi de te rendre là où ne sont ni tôt, ni tard
Va vers les hauteurs, là où n’existent ni haut, ni bas.
Dans ton âme, il y a une âme.
Dans le mont de ton corps, il existe une perle : cherche cette mine.
O soufi pèlerin ! Si tu cherches Celui-ci
Ne cherche pas en dehors de toi : cherche en toi-même.

 

Marie SIMON
*confrérie qui porte le nom du cheikh Ahmed Tidjani (1150-1230) qui reçut la transmission depuis le prophète Mohamed d’un enseignement ésotérique.

Bibliographie : HAMPATE BA (Amadou), Vie et enseignement de Tierno Bokar, le Sage de Bandiagara, Le Seuil Points Sagesse

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