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Dialogue interreligieux : La voie purificatrice de la vie spirituelle

DIALOGUE INTERRELIGIEUX La voie purificatrice de la vie spirituelle

Le 26 février 2020, l’ACSF a accueilli, pour la première fois, une réunion de l’association interreligieuse Artisans de Paix au centre bouddhique Soka de France à Paris.

«À l’origine de l’association Artisans de Paix, se trouve la conviction partagée qu’il ne peut y avoir de paix sur terre que si une entente entre les religions est ins-taurée1. » Le mouvement Soka, représentant la tradition bouddhique, en plein accord avec cette vision, a participé, aux côtés d’intervenants des traditions catholique et musulmane, à un séminaire sur le thème : «Explorer les Demeures spirituelles des Artisans de Paix». Ces «Demeures» sont en affinité de fait avec celles visitées par la religieuse espagnole Thérèse d’Avila, dans son livre Le Château de l’âme (1577)2. L’âme y est comparée à un château divisé en sept Demeures, correspondant aux sept degrés qui conduisent à celle de l’intimité avec Dieu. Nous pré-sentons ici la lecture bouddhique exposée durant cette séance intitulée «La voie purificatrice de la vie spirituelle».

Explorer une voie de purification Dans les Premières Demeures, Thérèse s’émerveille devant «l’éminente beauté 3» de l’âme et s’afflige devant sa « laideur en état de péché mortel».Des images illustrent cette dualité : celle d’«un arbre planté au milieu de la source de vie, source très limpide» ou «dans une autre dont les eaux sont affreusement noires et infectes4» ; et celle d’« un cristal très pur5», mais qui peut être «recouvert d’un linge très noir 6. »Les notions de pureté et d’impureté jouent également un rôle essentiel dans la spiritualité bouddhique. La pureté est l’une des «quatre nobles vertus de la vie du Bouddha» et l’une des 52étapes du parcours du bodhisattva vers l’Éveil. Un chapitre du Sûtra du Lotus7 illustre abondamment le principe de «purification des six racines» (les cinq facultés sensorielles et la conscience). Ce processus est également au cœur de la doctrine bouddhique des « neuf consciences». Toutes les expériences d’une personne, existence après existence, constituent des «graines karmiques» qui s’accumulent dans un « grenier » : sa huitième conscience. S’il est «souillé par les trois poisons8 » (ignorance, avidité et colère), ce grenier est comme empli du «gaz provenant d’une décharge. Mais une source pure et claire jaillit des profondeurs de notre vie lorsque nous ouvrons notre neuvième conscience [par la foi et la pratique bouddhiques], et toutes les impuretés sont simultanément et immédiatement nettoyées, comme une averse de printemps chasse les saletés de la rue9. » Cette conscience « immaculée» est une force de vie purificatrice jaillissante, comme la « source très limpide10» du Château de l’âme.Nécessité de la persévérance Dans les Deuxièmes Demeures, Thérèse s’inquiète de ce que les âmes qui y entrent risquent de «se décourager». Alors, «tout [leur] bonheur dépend de [leur] persévérance 11. »La persévérance (ou endurance) est également une vertu bouddhique, l’une de celles dites «de perfection» (para-mita), porteuses de l’énergie nécessaire pour passer d’une rive, celle des illusions, à son opposée, celle de l’Éveil.Le maître japonais Nichiren a rappelé que, comme l’une des caractéristiques propres à l’action du Bouddha était de lutter au milieu des réalités de notre monde, qualifié de monde de l’endurance, l’épithète de « persévérant » lui a été attribuée [«Celui qui peut endurer12» (avec patience)]. Thérèse le note, elle aussi : «C’est la persévérance qui est le plus nécessaire ici 13. »Valeur de l’humilité Dans les Troisièmes Demeures, Thérèse s’exclame : «Ô humilité, ô humilité ! » « L’humilité sera le remède à nos plaies.» Et : «Si l’on veut avancer, il faut avoir une humilité profonde 14. »Dans l’univers de la spiritualité bouddhique, les vertus de sincérité et d’honnêteté sont louées et promues. L’arrogance, à l’inverse, est considérée comme l’une des « offenses » à l’en-contre de l’enseignement du Bouddha. Le Sûtra du Lotus loue les «croyants sincères, honnêtes et droits», dont les « intentions sont bienveillantes15 ». Comme Thérèse, guidant «ses sœurs et filles, les religieuses carmélites16», à qui ce livre est adressé.La note finale de cette lecture comparée a été un hommage au «courant de reconnaissance mutuelle entre reli-gions17», qui fortifie l’esprit de fraternité sur le chemin de la paix.

Jean-Luc Castel

L’association Artisans de Paix, refondée en 2015, vise à : « créer un institut spirituel itinérant qui a pour but de contribuer de façon suivie à la paix mondiale, avec le concours des religions. Cet institut réunit, dans le respect scrupuleux de la doctrine et des rites propres à chacune des religions concernées, des hommes et des femmes de bonne volonté et de décision appartenant aux domaines scientifique, éthique et spirituel, s’engageant solidairement dans une voie de croissance en humanité. Il favorise l’émergence de Fraternités Artisans de Paix, déterminées chacune par les différentes traditions religieuses représentées. »Retrouvez les activités de l’association sur : http://www.artisans-de-paix.org

A propos Régis Moreira

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