Note de lecture de Monika Sander, juillet 2020 à propos du livre de Dominique Collin : Le christianisme n’existe pas encore. Ed. Salvator, Forum ; 2018 – parue dans la lettre de D&S n°173 juillet – Août 2020
Sous ce titre un brin provocateur, l’auteur, philosophe et théologien dominicain, pose la question de l’à-venir du christianisme.
Pour beaucoup, le christianisme est devenu un christianisme d’appartenance qui vend de l’identité au lieu d’être une voie pour l’accomplir, exploiter ses ressources immenses pour mieux vivre, aimer et espérer. Un homme, dont on ne sait pas grand-chose, a parlé d’une vie renouvelée il y a plus de 2000 ans, il dit à l’être humain d’aujourd’hui à quelle vie vivante il est promis. Encore faut-il se mettre à l’écoute pour que cela advienne, c’est un acte d’espérance qui dépend de nous.
Page 22 l’auteur dit que l’Évangile est cette parole non religieuse qui appelle et qui promet, qui donne la grâce d’exister à celui qui la reçoit, et qu’il n’est nul besoin de passer d’abord par la médiation d’une religion pour en accueillir le fruit.
Le christianisme délivre des signes qui demandent à être reconnus ; pour les capter, il faudrait se dessaisir de soi et se mettre au travail, inventer sa vie. Il ne s’agit pas d’attendre un messie qui sortirait l’homme des difficultés de la vie, ce serait une projection de notre propre volonté de puissance, l’échec du crucifié devrait nous mettre sur la voie. Inventer un christianisme d’expérience donc, revenir à la foi en mettant notre confiance là où il n’y a pas de preuve, mais en distinguant la foi de la croyance, faite pour rassurer et facile à transmettre. C’est la foi en l’invraisemblable qui permet d’entrer dans la vie réelle et change tout : le rapport à soi, aux autres à la vie et par là elle se vérifie.
Aujourd’hui la spiritualité a la cote, bien que le terme soit ambigu et porteur de confusion, elle risque d’être une sorte de confort narcissique. La foi au contraire est exposition à l’autre, confrontation à l’événement, elle ne réduit pas la vie à la subsistance ou à l’extase.
Ces engagements sur un chemin long, semé d’embuches, peuvent-ils trouver leur place dans notre époque impatiente ? Nous venons de passer par une période inédite nous obligeant à nous poser ; peut-être avons-nous pu accueillir des moments de grâce, nous ouvrir à une présence qui nous sort de la « fatigue d’être soi » pour mieux accueillir ce qui se présente.
L’auteur rejoint Marcel Gauchet disant que le christianisme est la religion de la sortie de la religion. Il est un peu sévère avec la spiritualité qui peut être un puissant lien entre les personnes d’origines diverses, non seulement un confort narcissique.
Sa proposition me semble prometteuse d’un à-venir réalisable.