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Quand l’avenir nous échappe – Bernard Perret

Note de lecture de Patrick Boulte parue dans la lettre D&S n°177 – décembre 2020 à propos du livre de Bernard Perret – Quand l’avenir nous échappe ; Desclée de Brouwer 2020

 

Le dernier livre de Bernard Perret n’est pas de tout repos. Il nous incite à regarder en face le tragique de notre situation. Il nous oblige à nous rendre compte que nous sommes engagés dans une impasse, sans nous donner, pour autant, les moyens de nous en sortir. Ils restent à inventer. Dans une impasse, car il fait la démonstration de quelque chose de connu, mais que nous refusons de voir et de prendre en considération, à savoir que ce qui fait le dynamisme de nos sociétés, ce qui les fédère, ce qui leur donne un objectif largement partagé, la croissance économique, les mène, en même temps, à leur perte, car cette dernière n’a pas intégré, dans son équation, le fait que la prospérité promise reposait sur la consommation de ressources gratuites qui conduit, de manière accélérée, à leur épuisement.

Le défi à relever pour l’humanité toute entière est considérable, car il s’agit de rien moins que de « repenser les bases de la civilisation matérielle », de se trouver une nouvelle source d’énergie individuelle pour affronter la difficulté de vivre et pour refonder l’espérance d’un futur désirable. Personne ne sait comment faire, sur quels leviers appuyer pour opérer les changements nécessaires, ni, même, pour savoir ce qu’ils doivent être.

En guise de transition, Bernard Perret suggère, en premier lieu, qu’au départ de toute réflexion politique, le constat soit fait « d’une contradiction sans cesse croissante entre l’évolution spontanée des sociétés et ce que nous pouvons savoir des conditions de survie de l’humanité ». Il évoque l’idée, pour contrebalancer la tendance au court-termisme des politiques, d’instituer une représentation des générations futures, de faire la même chose pour  « la gouvernance collective des communs », de développer les partenariats public-privé, de « miser davantage sur l’engagement bénévole des citoyens » et de progresser dans « l’intériorisation d’une conscience communautaire », ne serait-ce que pour réduire les tensions qui ne manqueront pas d’être avivées par la pénurie croissante de ressources devenues rares.

Pour après, il fonde son espérance sur le fait que « la vie, la nôtre et celle du monde, a révélé au cours du temps une capacité d’invention et de renouvellement dont nous ne connaissons pas les limites ». Entretemps, il revient au politique, dont il reconnaît que « la tâche n’a jamais été aussi difficile », ne serait-ce que pour faire face aux inévitables « crises du vivre-ensemble au dénouement imprévisible », de « nous préparer à des événements dramatiques qui nous feront faire ce que nous ne sommes pas prêts à faire aujourd’hui » et il nous donne quelques indications sur les efforts spirituels que cela va requérir.

A l’évidence, l’intuition fondatrice de Démocratie & spiritualité se trouve justifiée par cette analyse, à la seule différence que, cette fois, il n’en va pas seulement de la démocratie, mais de la survie de nos sociétés, tout court.

 

A propos Régis Moreira

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