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Erik Orsenna: La passion de la fraternité Beethoven

Note de lecture de Monika Sander parue dans la Lettre D&S n°182 Juin  2021 à propos du livre de Erik Orsenna: La passion de la fraternité Beethoven Stock-Fayard,2021

Il y a des lieux, et des moments de l’histoire, où surgissent des génies, écrit Erik Orsenna.

Beethoven grandit en apprenant deux langues en même temps, la langue des mots et la langue des notes. Son génie se révèle tôt malgré une jeunesse difficile, marquée par la solitude, les deuils, les ruptures. Il quitte l’école à 10 ans mais saisit plus tard l’opportunité de s’inscrire dans la toute récente université de Bonn, éclairée par les Lumières, passionnée par les idées nouvelles venant de France, « la Révolution française est un des grands évènements de l’histoire allemande » écrit Joseph Rovan.

Ces idées ouvertes lui manqueront lors de son installation à Vienne, ville ancrée dans le passé pour ne pas dire réactionnaire. Seulement voilà, s’il veut faire carrière, ce ne sera possible qu’à Vienne où il rencontre les grands musiciens de l’époque et, ironie de l’histoire, écrira de la musique à la gloire de l’empereur. Et il y a la possibilité de consacrer beaucoup de temps au piano avec cet enthousiasme qui ne le quittera jamais depuis sa première rencontre avec ce nouvel instrument.

Ses difficultés professionnelles, financières et relationnelles se doublent de problèmes de santé, sa surdité grandissante le prive du lien social au quotidien, il lui reste l’essentiel, la musique, langage de l’émotion (Kant), le rayonnement d’un sourd. Il se nourrit de lectures, Plutarque « il faut inspirer à l’esprit une ardeur d’investigation qui le pousse vigoureusement à la recherche de la vérité » a ses faveurs, l’aventure de Napoléon l’inspire pour sa troisième symphonie, une rencontre avec Goethe l’enchante.

On peut se poser la question de savoir comment Ludwig Van Beethoven a pu composer tant de merveilles au cours d’une vie privée peu épanouie et une vie mondaine agitée. Son caractère s’en ressent, il a du mal à maitriser ses émotions, on le dit « océanique », incapable de se laisser enfermer. S’il est ancré sur ses racines chrétiennes, il les dépasse et c’est cette liberté qu’il communique à et par sa musique. L’hymne à la joie de la neuvième est pour nous aujourd’hui le signe d’une Europe réconcilié, cette Europe qu’il a passionnément aimée. Il est intéressant de noter que la joie, pour Schiller, ne représente pas le paradis perdu, elle est à venir, l’ultime étape de l’histoire humaine.

 Peut-on vraiment raconter la vie de cet homme intranquille sous l’angle de la fraternité comme le fait Erik Orsenna ? Oui, si l’on considère que la fraternité est le ferment de la nation, de l’humanité, chemin de l’espérance qui, pour lui, s’épanouit dans la musique et mobilise les foules, encore aujourd’hui. Beethoven, génie fraternel.

Bien sûr, le livre séduit par l’écriture, par le sujet, alors pourquoi ce petit sentiment de frustration ? Trop d’extraits de textes, trop de citations ? Les parallèles avec notre époque surprennent et paraissent un peu artificielles. Bon cela dit, replongeons-nous dans sa musique…

Joie, belle étincelle des dieux, fille de l’Élysée … tous les hommes deviennent frères, là où ta douce aile plane.

Monika Sander, mai 2021

 

A propos Régis Moreira

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