A Olivier, mon frère et mon ami
Nous avons fait route ensemble depuis octobre 1969 – il y aura bientôt 54 ans – lorsque Jean-Pierre MARCHAND prêtre de la Mission de France et responsable national des GFU (Groupes de Formation Universitaire) a créé une équipe GFU à Paris composée de Olivier CHAZY, Jacques LECLERC, Nicolas RENARD et moi-même.
Courant 1971 nous avons aménagé ensemble dans un appartement du 8 de la rue Claude Matrat à Issy les Moulineaux jusqu’en 1973 où nous avons été plusieurs à rejoindre le séminaire de la Mission de France. Ensemble nous avons voyagé en Tanzanie au mois de janvier 1981 pour rejoindre Jacques Leclerc et Yves Marché à Nzali, un tout petit village perdu sur le plateau « Gogo Tanzanien », sans eau et sans électricité. Ce dont je peux témoigner à propos d’Olivier : « ce que tous les autres considéraient comme impossible, lui l’a fait ! » dans son engagement associatif, social et politique.
Olivier était habité par une foi inusable, indestructible ! Il pouvait être triste, fatigué, abattu mais jamais « défait » ! Sa foi c’était d’abord un idéal humaniste : l’homme est bon avant tout malgré la corruption, le mensonge, l’idolâtrie de l’argent, du pouvoir et de la « bien-pensance ».
Sa foi religieuse était bien discrète mais c’était une énergie incroyable pour qui le connaissait, une énergie qui le conduisait sans cesse « de l’avant ».
Olivier est un homme de grande « fidélité » : fidélité dans des engagements qui ont traversé toute sa vie, fidélité en amitiés… fidélité qui est intimement liée – pour lui – à sa « foi » !
Olivier a accueilli nombre d’Africains chez lui pour les sauver de la rue, principalement des femmes et des enfants (depuis 42 ans). Mais il s’est engagé aussi dans un partenariat avec les Congolais de Kinshasa (depuis 12 ans) pour réduire la pauvreté, l’exclusion et le rejet. Il est – quelque part – devenu lui-même « Africain » !
Bien entendu c’était un enfant de 1968, ce qu’il proclamait haut et fort : il était donc « révolutionnaire » mais il n’a jamais fait de la révolution une « idole » !
Il était idéaliste certes et il refaisait le monde à chaque nouvelle rencontre ! Il y avait beaucoup de passion en lui mais il était toujours en train d’ajuster sa parole et ses actes. S’il revendiquait haut et fort sa « dignité », je n’ai pas connu d’orgueil en lui.
Il a été exclu d’un mouvement trotskyste parce qu’il était chrétien !
Il était certes un « militant » engagé et combatif mais, il était aussi doux et tendre, sensible à la pauvreté et à la précarité de ceux qu’il rencontrait.
Son côté poète et rêveur ne l’empêchait pas d’être attentif à la misère et à l’injustice… bien au contraire ! Toute la vie d’Olivier a été l’incarnation de cette parabole de Matthieu 25 : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus
jusqu’à moi ! »
Repose en Paix Olivier auprès du Père qui t’accueille désormais avec ses bras grands ouverts !
Le 1er mai 2023
En la Fête des travailleurs
En la Fête de Saint Joseph « travailleur »
Denis CHAUTARD
Prêtre de la Mission de France à Vernon (Eure)