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6L200: Se préparer à affronter les échéances politiques par Jean Claude Devèze

Une journée d’échanges le 2 septembre, dans le cadre de l’Archipel des confluences (1), m’a permis en cette rentrée de faire le point sur nos échéances politiques et de réfléchir à la façon de les affronter. Ce libre propos vise juste à partager mes réflexions sur ce qui pourrait nous aider à poursuivre des cheminements collectifs porteurs d’espérance (2).

Un point central pour se mettre en route est de disposer d’une stratégie porteuse de sens. Nous avons cherché à cet effet à nous positionner face à des échéances proches comme les élections présidentielles de 2027 ou lointaines comme le futur de l’humanité et de notre planète en 2100. Alors que nous souffrons en France d’un délitement culturel, moral et social, nous nous sommes posé la question de notre rôle pour favoriser la régénération d’une ambition politique commune. Plus largement, quel peut être le rôle de minorités militantes essayant d’allier initiatives de terrain et convergences des forces constructives face aux défis actuels ?

Ce qui m’a frappé, c’est l’importance que nous avons attaché à l’établissement de rapports de confiance qui sont indispensables pour avancer ensemble afin de réaliser un projet commun. Cette confiance se construit grâce à des relations basées sur un désir de rencontres authentiques et sur un effort pour s’écouter sans vouloir imposer son point de vue. Il s’agit que nos identités racine s’épanouissent grâce à nos identités relation, nous aidant à trouver des voies correspondant à nos vocations personnelles et à nos aspirations collectives. L’après-midi, des échanges autour d’expériences qui ont permis de tisser des liens durables ont illustré les possibilités d’une co-construction créative entre personnes en confiance comme entre organisations sortant de leurs «couloirs de nage ».

L’importance de la notion de temps a été omniprésente dans nos réflexions. Ainsi, le temps des processus pour faire changer les mentalités ou pour conduire une transformation collective mobilise patience et persévérance ; le temps de la décision face à une urgence imprévue requiert sang-froid et force de caractère pour ne pas procrastiner ; l’adoption de la bonne temporalité pour une initiative politique (3) nécessite analyse de la situation et discernement. Il a été regretté qu’on ne prenne pas assez de temps pour écouter ce qui vient du terrain, pour évaluer les échecs comme les réussites et pour réfléchir aux conditions nécessaires pour conduire des processus démocratiques de qualité.

Les échéances électorales européennes, municipales, présidentielles nous ont conduits à nous reposer la question du rôle respectif des citoyens engagés, de la société civile, des syndicats, des associations, des forces économiques et du politique à un moment où sont dévalorisés les partis comme les élus. Afin de nous faire entendre en tant que militants associatifs, nous devons veiller à ce que nos organisations reposent sur un socle assez solide pour que leur message soit audible et leur action durable. Une autre difficulté est de déterminer notre rapport au politique en trouvant les équilibres entre la promotion de nos organisations et la défense de leurs propositions par rapport à la recherche de l’intérêt général qui oblige à clarifier nos désaccords pour les surmonter.

Cette journée m’a aidé à trouver des repères pour continuer à cheminer en espérant malgré tout. C’est une source d’énergie pour, dépassant désabusements, peurs, ressentiments et colères, affronter ensemble les multiples défis du local au global.

 

Jean-Claude Devèze

1/ Entre 2017 et 2022, en France, plusieurs organismes de la société civile ont expérimenté un fonctionnement relationnel nouveau en Archipel, d’où la création de l’Archipel des confluences par Utopia, les Convivialistes, Ecosol, Osons les jours heureux. Conscients que leur diversité est richesse mais aussi faiblesse, ces organismes ont décidé de s’allier pour mettre en pratique ce nouveau modèle de gouvernance. S’allier non pour construire ou imposer une méta-structure de plus, mais soutenir les actions portées par ses membres et créer des synergies autour de projets communs afin de pallier la dispersion des moyens et à l’éparpillement des ressources. Pour faire vivre et croître en qualité les liens, trois formes d’attitudes et d’action sont mises à contribution : être des explorateurs, des tisserands et des catalyseurs. Chacun, selon les circonstances, peut endosser ces différents rôles plutôt que des « missions » attitrées.

2/ Je conseille la lecture du livre de Corine Pelluchon, L’espérance ou la traversée de l’impossible (Bibliothèque Rivages, 2023) et l’entretien avec l’auteur de François Euvé dans la revue Etudes de septembre.

3/ J’ai en mémoire le triste exemple du Collectif Roosevelt, association dynamique militante, qui a disparu du fait de la création précipitée du parti Nouvelle Donne par certains de ses responsables voulant se présenter aux élections européennes de 2019.

A propos Régis Moreira

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