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13L204: Delphine Horvilleur : Comment ça va pas ? Conversations après le 7 octobre

Delphine Horvilleur : Comment ça va pas ? Conversations après le 7 octobre ; Paris Grasset ; 2024

 

Oy a brokh – quelle malédiction ! Par ces mots, l’auteur nous introduit dans l’univers de son enfance bercée par cette langue qui prend racine en allemand, en hébreux et en russe : le yiddish, la langue de l’homme errant, le lien avec l’histoire.

 

Arrive le 7 octobre, l’irruption de la violence aveugle, écrasante. Comment trouver un nouveau souffle, de sortir de l’anéantissement, de la peur, de nouer des liens aussi tenus soient-ils, pour continuer à vivre ensemble, à dialoguer? Et éviter ce que relate ce texte de la Genèse : « Caïn dit à Abel, se leva et le tua ». Il manque un mot, l’essentiel, Caïn et Abel sont incapables de se parler et laissent la violence se déployer.

 

Oy a brokh, il y a des morts des deux côtés de la frontière, la souffrance est incommensurable et fait le nid à la déshumanisation, la haine. Sera-t-il encore possible d’accepter la fragilité de tous les êtres humains pour construire un dialogue en humanité? Cette fragilité commune qui nous oblige au respect mutuel, à l’empathie ?

La bible est un réservoir fécond de bonnes histoires, voyez les jumeaux Jacob et Ésaü :  Jacob se bat toute la nuit contre – contre qui ? un ange, Dieu ? – il sort victorieux du combat mais reste boiteux toute sa vie et devra vivre avec cette fragilité malgré l’alliance que Dieu noue avec lui en lui donnant le nom d’Israël  qui signifie « lutter avec Dieu ». Son frère Ésaü par contre se montre puissant, mais en s’appuyant sur cette force, il prend de mauvaises décisions qui l’éloignent de la promesse de Dieu.

 

Sous la forme de dix conversations, par petites touches, Delphine Horvilleur, très pudiquement, nous fait participer à son cheminement ; de l’intime à l’universel, de la gravité à l’humour, elle cherche, nous cherchons avec elle, le chemin de la résilience. J’écris pour survivre, dit-elle dans une interview. Nous lisons pour nous aider à mieux saisir les enjeux, trouver des sorties de la forteresse, développer l’empathie, nous ouvrir à l’altérité.

 

Ce court essai très dense invite à la réflexion. Il nous reste à retrousser nos manches car « le Messie viendra le lendemain du jour de sa venue », écrivait Kafka. L’humour nous aidera – en dialoguant.

Monika Sander

 

A propos Régis Moreira

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