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6L204: Franc-maçonnerie et religion : de l’hégémonie spirituelle des églises à la reconnaissance d’une spiritualité porteuse d’avenir ? par Yvon Rastetter

Franc-maçonnerie et religion : de l’hégémonie spirituelle des églises à la reconnaissance d’une spiritualité porteuse d’avenir ?

 

Il est nécessaire de resituer la comparaison entre ‘tenue’ et ‘messe’ dans la cadre plus global de la confrontation entre institutions religieuses et maçonniques.

La première piste proposée sera celle de l’uchronie en essayant de réécrire l’histoire par la fiction d’une unité chrétienne, c’est-à-dire d’une Réforme qui n’aurait pas eu lieu.

L’hégémonie spirituelle que voulait exercer l’Église s’est constamment manifestée au cours de l’histoire par la lutte contre les hérésies.

Elle s’est manifestée également au niveau de ce que l’on appellera plus tard la société civile par la lutte bien connue contre les représentations du monde et de l’humain induites par les découvertes scientifiques.

Les bulles pontificales, dont la première en 1738, ne condamnent pas la franc-maçonnerie pour hérésie mais pour son culte du secret et du multiconfessionalisme.

Multiconfessionalisme mis à part, il est probable que l’église catholique aurait condamné la franc-maçonnerie pour le culte du secret.

En fait les corporations étaient déjà soupçonnées (1). Il est probable que cette accusation de contrefaçon des rites a mené à la condamnation de 1738, d’autant plus que cette maçonnerie spéculative se voulait l’héritière de la maçonnerie opérative.

Cette condamnation porte sur la fréquentation des hérétiques et non pas sur la maçonnerie opérative en tant que telle comme hérésie. Une telle disposition a sans doute perduré ensuite lors de l’émergence de la maçonnerie spéculative.

Sortant maintenant de l’uchronie, on constate que les églises réformées ont condamné la franc-maçonnerie avant l’église catholique (2).

On constate une même volonté d’hégémonie spirituelle de la part des églises réformées que pour l’église catholique.

Par la suite, et pour des raisons sans doute en partie tactiques d’opposition à l’église catholique, les églises protestantes hors du Royaume Uni ont admis que des protestants deviennent maçons sans être condamnés.

Mais la légende de la conjuration conjointe des églises réformées et de la maçonnerie contre l’église catholique est fausse. (3)

Elle est due sans doute à la proximité de la dynastie de Hanovre arrivée sur le trône du Royaume-Uni à la même époque que la maçonnerie spéculative.

C’est depuis une institution officielle puisque le duc de Kent en est le grand maître honoraire (4).

Il est nécessaire maintenant d’analyser l’histoire de la maçonnerie aux Etats-Unis. On constate une forme de concurrence spirituelle entre religions qui s’est globalement accommodée de l’émergence de la maçonnerie, qui était un facteur puissant d’intégration dans cette nation récente.

Son déclin rapide est peut-être dû à l’hostilité de la vague grandissante de l’évangélisme (5), comme celle de l’église méthodiste(6).

Pour terminer, il faut  aborder les condamnations constantes de diabolisme dans l’histoire de la maçonnerie.

La raison principale est que la maçonnerie ne fait jamais référence au diable pour condamner les mauvaises actions des humains.

Elle a inventé une légende souchée sur la bible pour décrire l’action de mauvais maçons symboliques. Elle exhorte au perfectionnement et à la lutte des maçons et des humains contre leurs mauvais penchants. Cette exclusion de la figure diabolique ne pouvait que provoquer le florilège anti-maçonnique.

Cela permet de relativiser les divergences entre maçonneries déistes et celles qui ne le sont pas avec l’invocation contestée du GADLU.

En fait, ces divergences vont s’atténuer avec la sécularisation croissante des sociétés. S’il était normal pour les quelques émules autour du Pasteur Anderson de fustiger les athées stupides, esprits dérangés refusant la création du monde par un grand architecte que d’autres comme Voltaire appelaient grand horloger, nous n’en sommes plus là dans nos sociétés modernes.

Il est vraisemblable que l’apport des sciences humaines va mettre en évidence la nature anthropologique de la pratique de rituels, et les raisons de leur occultation au nom d’une conception passéiste de la raison et de la modernité. La spiritualité maçonnique a un bel avenir, pourvu que les maçons fassent preuve de créativité et d’innovation dans leurs actions d’extériorisation ; sinon il est à craindre que d’autres institutions spirituelles n’émergent, comme le déclin de la franc-maçonnerie aux Etats-Unis le montre.

 

1/En 1655 (déclaration du 14 mars), la Faculté de théologie de Paris condamne les compagnons chapeliers qui, dans leurs assemblées, contrefont les cérémonies de l’Eglise et les profanent, car « les catholiques sont reçus indifféremment par les hérétiques, et les hérétiques par les catholiques ».

2/En 1735, les états généraux de Hollande interdisent les assemblées maçonniques. C’est la première persécution dirigée contre les francs-maçons modernes.- En 1745, les syndics font « défense à tout Genevois, sous peine de cent écus et de la prison, de s’incorporer à ces sociétés, un sage gouvernement ne pouvant tolérer le secret dont elles s’entourent. » Cette interdiction n’a pas de suites durables

3/https://books.openedition.org/purh/12732?lang=frhttps://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1985_num_17_1_1531

4/https://histoiresroyales.fr/message-duc-de-kent-franc-macons-glua-arret-coronavirus/

5/https://regardsprotestants.com/religion-spiritualite/franc-maconnerie-et-protestantisme/ Cette ouverture à la maçonnerie n’est toutefois pas partagée par tous les courants des Églises protestantes. Les évangéliques lui manifestent notamment une hostilité plus ou moins vive.

6/http://franc-macons.centerblog.net/20-critiques-et-oppositions

 

Ps : notes diverses :

https://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0806231542.html

https://www.cairn.info/revue-humanisme-2007-2-page-66.htm

https://regardsprotestants.com/religion-spiritualite/franc-maconnerie-et-protestantisme/https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1985_num_17_1_1531

 

Opposition du méthodisme et de l’évangélisme à la franc-maçonnerie.

2.474 thèses pour Franc-ma

«Le Conseil, fort jaloux de son autorité, n’avait aucune sympathie pour tous les groupements qui affichaient un petit air de mystère et d’indépendance», souligne l’historiographe de la franc-maçonnerie genevoise François Ruchon.

https://liturgie.catholique.fr/lexique/mystagogie/

A propos Régis Moreira

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