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17L206: La foi comme option – Possibilités d’avenir du christianisme ; Hans Joas par Monika Sander

La foi comme option – Possibilités d’avenir du christianisme ; Hans Joas 

Ed. Salvator ; Forum ; Paris 2020

 

Réflexion érudite d’un sociologue autour des défis auxquels le christianisme est confronté aujourd’hui : changement social, modifications culturelles et – provenant de la culture occidentale, défis intellectuels concernant les aspects essentiels du message chrétien : message d’amour orienté sur la personne, caractère communautaire et spiritualité concentré sur Jésus-Christ.

 

L’image d’amour, précise l’auteur, est un ethos de plus en plus incompréhensible aujourd’hui, la spécificité de la personnalité de l’être humain change, la spiritualité est comprise comme propre à chacun mais surtout, l’idée de la transcendance se perd – donc impossible de comprendre l’idée de Fils de Dieu – message central du christianisme.

 

L’idée de transcendance a émergé entre 800 et 200 avant JC, époque que Karl Jaspers nomme “ère axiale”, et a fait l’objet de travaux historiques et sociologiques poussés concernant son potentiel moral, politique et la manière dont elle questionne l’ordre terrestre. Elle permet de constater les ressemblances entre toutes les religions apparues lors de l’ère axiale (les religions abrahamiques, le bouddhisme et le confucianisme) et, ainsi, d’envisager l’alliance de tous les universalismes.

 

Est-ce que le christianisme sera en mesure de renouveler son message de manière convaincante ? Oui écrit l’auteur, en passant par la philosophie et la théologie, évidemment, mais aussi et surtout par l’histoire et les sciences sociales. Mais en étant réaliste : l’idée d’une Europe chrétienne jadis homogène est indéfendable, elle ne tient compte ni de l’importance continue de la religion juive ni de l’influence de l’Islam longtemps avant les migrations actuelles. Les religions polythéistes antiques représentent un défi toujours renouvelé – il est aisé de le constater aujourd’hui.

 

Pour soutenir son raisonnement, Hans Joas développe longuement la question de la sécularisation, précisant – tout en relativisant le lien entre modernité et sécularisation – qu’elle n’a pas éradiqué les pratiques religieuses collectives ou communautaires, et que des nouvelles possibilités de foi se font jour.

Il ne minimise pas les défis posés à notre société pluraliste, la question du relativisme, le rapport à la violence, les difficultés du dialogue interreligieux. Il se montre prudent en ce qui concerne les projections d’avenir mais il espère que l’avenir de l’Europe sera multireligieux et ouvert à l’universalisme.

 

C’est un livre qui se mérite, la lecture en est ardue. Catholique engagé, Hans Joas sait que les églises se vident, il constate la dissolution des milieux confessionnels, la recherche d’une religiosité diffuse, et la globalisation du christianisme. Il parle de notre époque comme de « l’âge de la contingence », l’âge de ce qui est fortuit, de l’augmentation de possibilités d’action pour chacun – je dirais aussi de liberté de choix de vie – qui fait de la foi une option vivante. On peut s’en réjouir.

 

Monika Sander, août 2024

 

A propos Régis Moreira

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