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8L206: Compte rendu de la Conviviale de D&S du 17 septembre 2024, par Jean-Luc Castel – La France en crise politique : pourquoi et comment on est-on arrivé là ? Dominique Schnapper

COMPTE RENDU DE LA CONVIVIALE DE DÉMOCRATIE & SPIRITUALITÉ

du mardi 17 septembre 2024, au Forum104

 

La France en crise politique : pourquoi et comment on est-on arrivé là ?

 

Invitée : Madame Dominique Schnapper

 

Cette conviviale est la première d’une nouvelle série, qui devrait compter sept réunions, jusqu’en juin 2025.

 

PRÉSENTATION DE LA SOIRÉE

 

Environ vingt personnes sont présentes au Forum 104 ; une vingtaine participe à cette conviviale à distance.

 

Daniel Lenoir, le président de Démocratie & Spiritualité, salue l’assistance, remercie et présente l’intervenante de cette soirée, Dominique Schnapper.

 

EXPOSÉ

 

Dominique Schnapper rappelle en une quinzaine de minutes quelques idées fortes de son dernier ouvrage, Les Désillusions de la démocratie, publié par les éditions Gallimard en mai dernier.

 

Ce livre s’inscrit dans un cadre théorique posé dans deux de ses ouvrages précédents :

. La Relation à l’autre. Au cœur de la pensée sociologique (éditions Gallimard, 1998 ; réédition dans la collection TEL, 2023)

. L’Esprit démocratique des lois (éditions Gallimard, 2013).

Ces ouvrages traitaient déjà de la question des dérives possibles de la / en démocratie. Celui qui vient de paraître reprend ces analyses et les présente de manière plus courte et plus simple.

 

Certains de ceux qui furent ses étudiants la trouvaient trop raide dans son républicanisme et dans ses analyses critiques envers le wokisme. Elle trouve des confirmations de ce phénomène dans notre actualité, qui manifeste une aggravation des excès dans les exigences adressées à la démocratie. Le wokisme, né aux États-Unis, « pays de l’extrême », en est une illustration, en particulier dans des expressions d’intolérance et de haine qui s’opposent à « l’esprit démocratique ».

Plusieurs auteurs ont publié ces dernières années des ouvrages critiques sur le wokisme : Nathalie Heinich, Jean-François Braunstein, Pierre Valentin, Brice Couturier…

 

Dominique Schnapper travaille dans une perspective « académique » et reprend des analyses des dérives de la démocratie « extrême » déjà formulées par Platon, Aristote, Montesquieu et Tocqueville, qu’elle cite en épigraphe de son livre.

Dans cette perspective, la démocratie est toujours considérée comme « trop » ou « pas assez » démocratique. Depuis le début du XXIème siècle, bien des dérives de la démocratie sont revendiquées au nom des principes démocratiques, et non contre eux, comme souvent autrefois.

Ce phénomène n’étant pas facile à comprendre, elle propose ici une théorie de « la démocratie extrême ».

La démocratie est fondée sur la citoyenneté, c’est-à-dire un principe de liberté et d’égalité pour tous les citoyens. C’est un principe, non une réalité ! Les écarts entre ce principe et la réalité rendent la démocratie par nature toujours critiquable, et critiquée, d’autant plus qu’elle ne s’appuie pas sur une transcendance, mais sur le comportement des citoyens, bien souvent peu satisfaisant. On peut comparer, de ce point de vue, les sociétés démocratiques contemporaines aux sociétés non démocratiques et à celles des temps anciens.

 

Une critique pertinente de la démocratie repose sur deux piliers :

 

  1. Le respect des institutions.

On peut postuler une aspiration « naturelle » des êtres humains à respecter les individus. Mais le respect des institutions par les citoyens n’est pas « naturel » : il découle d’un effort d’éducation.

Deux exemples, empruntés à l’histoire récente des États-Unis, illustrent ce fait :

. quoi que l’on pense de Trump, ce qu’il a commis de plus grave est la conséquence de son non-respect des institutions de son pays ;

. à l’inverse, même si l’on considère que George Bush « a volé » à Al Gore son élection à la présidentielle de l’an 2000, ce dernier a accepté la décision finale, au nom du respect des institutions.

 

2.Le dialogue argumenté entre citoyens.

C’est une condition nécessaire au bon exercice de la démocratie, niée par la haine et le rejet du dialogue.

L’histoire de France, depuis deux siècles et demi, a montré que le refus de tout compromis conduit à des révolutions. À l’inverse, l’acceptation de réformes, toujours imparfaites, rend possible un bon exercice de la démocratie.

 

Ne s’appuyant sur aucune instance transcendance, la démocratie repose sur ces deux piliers.

 

Les principes (démocratiques) de liberté et d’égalité de chaque personne renvoient à une idée morale, qui est la reconnaissance de la dignité de chaque être humain.

Ainsi, si l’on nie l’universalité de cette valeur, par exemple au nom d’un relativisme « culturel », au nom de quoi peut-on condamner « la traite négrière », pratiquée pendant des siècles ?

Et encore ceci : la démocratie en France, de nos jours, pose le principe de la neutralité religieuse de l’État, et également celui de la liberté des cultes religieux, à condition que les églises respectent la liberté et l’égalité des individus.

 

QUESTIONS-RÉPONSES

 

Après cet exposé, les participants ont pu poser des questions ou partager des réflexions appelant des réactions à Dominique Schnapper.

CONCUSION

 

À l’issue de ce moment d’échanges, Daniel Lenoir, le président de Démocratie & Spiritualité, passe en revue quelques-unes des questions et quelques-uns des thèmes abordés par Dominique Schnapper dans son exposé et dans ses réponses : les cause structurelles de la crise, l’universel, la fraternité, l’État-providence, les ruptures des liens, « l’hystérisation », le dialogue démocratique, le respect des institutions, la maîtrise du désir de pouvoir, l’éthique de responsabilité et les sources spirituelles auxquelles celle-ci peut et doit puiser.

Il remercie chaleureusement Dominique Schnapper de sa disponibilité et de son engagement auprès de Démocratie & Spiritualité dans cette réunion.

A propos Régis Moreira

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