Volontaires de l’espéFrance
Une contribution pour reparler d’innovation sociale…
« L’espérance ne va pas de soi. Elle fait marcher le monde…Elle ne vient que dans la difficulté » Péguy
« L’unique source de salut et de grandeur pour la France, c’est de reprendre contact avec son génie au fond de son malheur » Simone Weil l’enracinement
Nous étions des « Passeurs d’Avenir », fondateurs et animateurs d’un Campus annuel organisé par l’association/fondation AGISENS – Agir pour l’Innovation Sociale en Savoie.
Pendant un peu plus de 10 ans nous avons mené cette expérience d’éducation populaire via une pédagogie de projet (essentiellement tournée vers les jeunes) et la promotion d’initiatives solidaires locales.
Trop fragiles, trop seuls, engagés mais un peu usés dans ce bénévolat de Bien commun, nous avons décidé de faire une pause. Reste l’amitié, la conscience d’une puissance collective d’expérience, de compétences, de réflexion et d’incarnation agissante… A actualiser dans les mutations du monde d’aujourd’hui ?
Chacun a sa lecture
Chacun peut avoir sa lecture affirmée ou plus nuancée de la situation du pays face à ses enjeux majeurs à court, moyen et long terme.
En discuter, en identifier les ressentis différents ou partagés, c’est le début de l’agir.
Pour ma part je retiens, sans grande originalité, 3 constats inquiétants.
- Un Pays fracturé, divisé, perclus de renoncements faute de décisions, secoué de faux débats, en difficulté financière chronique. Nombre d’institutions ont usé leur crédit fragilisant la Res publica
- Pour ne rien arranger, un environnement extérieur tendu, instable menaçant devient porteur de régressions brutales, primaires, d’essence totalitaire. Sont ainsi remises en cause cyniquement les dimensions universelles, humanistes et écologistes.
- La multiplicité, l’urgence et l’interdépendance des défis environnementaux, économiques, sociaux, migratoires, sécuritaires viennent encore compliquer les arbitrages politiques…Transition, mutation, métamorphose ? Les termes employés disent la profondeur et l’étendue des changements à venir. L’État ne peut pourvoir à tout. Quid de la mobilisation citoyenne pour préparer, accompagner, Co construire nos survies, nos positionnements, nos communes perspectives… ?
Pour nous, modestes passeurs d’avenir, engagés ici ou là dans des initiatives éducatives et/ou solidaires, quelles leçons engageantes d’innovation sociale pouvons-nous en tirer ?
Confrontés aux vents mauvais du simplisme d’emprise ou de molle impuissance résignée, pouvons-nous encore parier, et comment, sur la force des énergies citoyennes en territoire ?
Quelle innovation sociale soutenir ?
Dans le grand spectre des voies de réponses sociales, sociétales, citoyennes, dans quel champ d’action urgent et important, légitime et ouvert s’investir avec d’autres ?
L’innovation sociale ne naît pas d’une fascination pour la nouveauté mais elle nourrit un désir commun, comme une respiration qui redonne vie et déploie tout. Naissance, ouverture, coopération en vue d’un Bien Commun.
A l’écoute de plusieurs bénévoles engagés, à la réflexion et à l’expérience, quelques lignes de force se font jour pour le choix d’une Innovation sociale à façonner.
- Revenir aux sources de la cohésion sociale (justice, solidarité, travail en commun…)
« Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté… » Mathieu 12 :25
Ne convient-il pas de refonder un contrat social de droits et de devoirs ? « Je reçois et je donne » (comme préconisait justement le don et contre don de Mauss et la notion de dette sociale des solidaristes de Léon Bourgeois (1)
Il est également plus pertinent de préparer (notre jeunesse, notre avenir) que de réparer
- Les petits pas, les initiatives solidaires locales, si précieuses, ne peuvent se hausser, seules, à la hauteur des enjeux. L’innovation sociale ne requiert-elle pas aujourd’hui une action forte, visible, compréhensible, impactante, et donc une dimension à la fois locale et nationale ?
Un levier éducatif de transformation durable, de cohésion, de réunion qui concerne tout citoyen dans l’appréhension des défis et la participation au monde qui vient.
- Une dimension intergénérationnelle serait souhaitable « tous concernés » un Bien Commun d’éducation populaire, de solidarité, de promotion et de sécurité.
- Une construction participative locale ou régionale et nationale favoriserait la prise de conscience et l’appropriation individuelle et collective (l’organisation de conventions citoyennes par exemple)
- Une initiative citoyenne très concrète travaillée, forte de ses principes mais ouverte serait proposée aux institutions et aux élus.. L’État providence craque de partout (défi aux milles facettes, compliqué et complexe, croissance des besoins d’entraide, d’assistance, de santé, de sécurité, d’intégration… Ressources contraintes, lourdeur des processus de décision et d’action…) Nous avons trop longtemps regardé ailleurs… Il faut sortir de l’illusion et des réponses simplistes. Nous ne réussirons pas la grande conversion sans mobiliser, à côté des services publics, des collectivités et des entreprises, la force vitale citoyenne, celle qui nourrit la démocratie, celle qui intègre, celle qui valorise la participation et l’intelligence collective des concernés.
- « L’homme vivant dans la société et ne pouvant vivre sans elle est débiteur envers elle. Là est la base de ses devoirs, la charge de sa liberté » Léon Bourgeois solidarité
Un Bien Commun à définir et cultiver par tous et pour tous ? et pourquoi pas Un service civique généralisé (filles et garçons de 17 à 25 ans ?) à Coconstruire :
Le SERVICE (appellation provisoire)
- Quelques idées déjà ?
Le SERVICE
- Un Bien commun appropriable par tous. Une finalité de cohésion sociale de solidarité et de protection (éducation populaire, intégration et développement, sécurité et sûreté.
- Une ambition globale et pas le simple retour au service militaire national (les réflexions actuelles sur le renforcement des réserves ne concernent qu’un aspect du Service)
- Une durée de service suffisante à définir pour qu’il porte ses fruits de préparation civique et d’impact pratique durable.
- Un socle commun généralisé
- Des orientations volontaires spécifiques (par exemple)
Sûreté/sécurité ; Santé/social ; éducation populaire et culture ; environnement et aménagement ; solidarités internationales…
- Un levier de revitalisation des territoires (missions de volontaires)
- L’intégration dans la gouvernance du Service, d’associations œuvrant déjà pour le Bien Commun (éducation populaire, 2ème chance, promotion sociale…)
- Une mobilisation intergénérationnelle d’accompagnement. La possibilité de mobiliser
100 000 bénévoles volontaires (spécialistes préretraités, retraités, réservistes…)
- Un financement Participatif et institutionnel/ investissement citoyen et national : « Notre Commun »
- Et chez nous ? Une élaboration participative locale puis nationale, préparée par une étude-action (Université de Savoie, Le Sillon ?…et suivie d’un Campus « Passeurs d’avenir » spécifique en Savoie.
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