Le rapport au travail
Le choix d’un métier, entre exigence éthique et confrontation avec le réel.
Un peu plus de la moitié sont des actifs, entre 20 et 36 ans, qui exercent un éventail de métiers relevant des professions intermédiaires et des cadres, voire cadres supérieurs. Trois cumulent études universitaires et emploi en alternance.
Plusieurs, dans la vingtaine, sont encore étudiants « à temps complet » : en BTS dont 2 en lycée professionnel dans des formations plutôt techniques (horlogerie, micromécanique), 1 dans une école de cinéma, 3 en fin d’études d’ingénieur, 1 en service civique dans un centre social.
I -Des aspirations professionnelles et des attentes très fortes.
1-Leur 1er critère dans le choix d’un métier, c’est son intérêt et un choix qui, pour beaucoup, s’inscrit dans l’enfance ou l’adolescence, quel que soit le domaine professionnel concerné.
2- A la fin de leurs études, pour les plus favorisés qui ont fait des études supérieures longues, un temps de pause pour questionner leurs choix professionnels avant d’entrer dans la vie active, ou un temps d’engagement pour une cause liée à la crise climatique ou à des convictions spirituelles.
3-Pour d’autres moins favorisés, le principe de réalité s’impose le plus souvent, avec la recherche d’une formation en alternance par exemple.
- Choix d’un métier et quête de sens sont très liés
1-Cette question du sens peut emprunter différents chemins.
C’est pour beaucoup l’expression de valeurs, et la recherche d’un alignement de son itinéraire professionnel avec elles.
Le chemin a été plus ou moins direct-parfois il a fallu se confronter au réel, avancer par tâtonnements et ajuster son parcours professionnel pour être en accord avec ses valeurs.
2- Un métier qui permette d’apporter sa contribution, d’être utile aux autres et de créer du lien entre générations
3-Contribuer à quelque chose de plus grand que soi, quel que soit le domaine professionnel.
Un désir qui s’appuie sur des convictions humanistes, spirituelles, voire religieuses qu’on retrouve chez les jeunes, qu’ils soient athées, musulmans ou chrétiens ou n’expriment pas de choix spirituel particulier.
4-Pour ces générations éduquées, avoir de l’impact, c’est agir concrètement pour faire changer les choses.
Changer les choses de l’intérieur, en entreprise comme dans le secteur associatif- avec parfois la dénonciation du peu de place faite aux jeunes dans le monde du travail.
Deux sont révoltés par un système qui ne leur fait « plus envie ».
III Les obstacles rencontrés dans leur parcours professionnel
1- La conviction que leur vie professionnelle sera différente de celle de leurs ainés, parents et grands-parents, qu’ils n’auront pas de parcours linéaire, et de métier à vie.
Certains s’interrogent sur le sens et la place du travail dans leur vie, sans l’espoir comme dans les générations précédentes, d’améliorer leur niveau de vie par le travail, qui pouvait être vécu comme une promesse d’émancipation.
2-Une confrontation souvent rude avec le marché du travail salarié.
Les témoignages de mal-être ou de souffrance abondent chez nos interviewés, aussi bien lors des stages qu’en emploi. Forte désillusion, pression, horaires lourds, maltraitance verbale, absence d’empathie, manque de sens, de considération pour les jeunes. Dépression et burn out sont fréquents.
3-La crise du Covid, une période de repli douloureux et un déclencheur ou un accélérateur de leur prise de conscience
-Le mot enfermement revient souvent à l’évocation de ce moment, la peur, la solitude, parfois de la colère liée au sentiment d’être une génération sacrifiée.
-La remise en question des priorités dans leurs projets :
Vivre l’instant présent plutôt que faire de grands projets
L’opportunité de faire un chemin spirituel parfois et de changer d’orientation professionnelle.
4- Au bout de quelques années d’expérience professionnelle, la remise en question d’études ou d’un choix professionnel qui ne correspondent pas à leurs aspirations
Avec le soutien de leur famille dans leur voie de reconversion, des parents à l’écoute de leur envie et de leur besoin de bifurcation.
5-Une critique du fonctionnement de l’entreprise, trop hiérarchique et une aspiration à l’autonomie.
-Une hiérarchie qui laisse peu de place à la curiosité, la créativité et l’énergie de la jeunesse, aussi bien dans les entreprises que parfois dans le monde associatif.
-Une aspiration accrue au modèle de l’autoentrepreneur ou le choix du travail en free-lance.