Lutter contre l’antisémitisme et contre l’islamophobie, un même combat !
En publiant son rapport « Antisémitisme et islamophobie à Paris. Comprendre et rassembler pour agir », l’Amitié judéo-musulmane de France (AJMF) lance un signal clair : il est temps de regarder ensemble la réalité des haines qui déchirent notre société, pour mieux les combattre. Sous l’impulsion de sa présidente, Christine Taïeb, l’association – qui sait que la France compte les plus grandes communautés juive et musulmane d’Europe – l’affirme :
« La paix civile et le vivre-ensemble ne peuvent se construire qu’à travers une compréhension mutuelle et une amitié durable entre juifs et musulmans.»
Depuis 2008, l’AJMF œuvre à cette fraternité concrète. Son nouveau rapport, première étape d’un plan de mobilisation, s’appuie sur des statistiques, le droit, les médias, la société civile et la parole des personnes concernées.
Premier constat : l’antisémitisme connaît une forte hausse, se traduisant souvent par des violences visibles dans l’espace public, avec une banalisation inquiétante de la haine antijuive.
Deuxième constat : l’islamophobie, elle, reste largement invisibilisée, marquée par des humiliations diffuses et des discriminations ordinaires. Deux formes différentes d’une même logique de rejet.
Le rapport souligne également une évolution inquiétante: ces expressions de haine tendent à converger. L’islamophobie se fait plus violente, tandis que l’antisémitisme s’installe plus profondément dans les mentalités. Dans les deux cas, la peur gagne du terrain, nourrissant le repli sur soi. Face à cela, les associations restent mobilisées, avec peu de moyens, mais sont souvent entravées dans leurs efforts. Les obstacles institutionnels, un manque de visibilité et l’absence de relais rendent leur rôle plus difficile. Au fil des pages, une conviction émerge: la réponse ne viendra ni des chiffres ni des slogans, mais de la solidarité entre citoyens.
« Bâtir des ponts face au mur des préjugés », écrit Christine Taïeb. Ces mots sonnent juste. Ils disent à la fois la modestie et l’ambition du rapport : comprendre pour agir, et agir pour rassembler.
Dans un climat de tensions identitaires où la peur de l’autre s’infiltre jusque dans les conversations ordinaires, l’AJMF propose une autre voie : celle du lien, de la connaissance, de la rencontre. Le fait de réunir antisémitisme et islamophobie dans un seul et même document porte en soi un message. C’est une manière de refuser la hiérarchisation des discriminations et des souffrances, d’éviter d’entrer dans une logique de concurrence
victimaire et de rappeler que toutes les haines se nourrissent mutuellement.
Cette initiative fait du bien. Elle nous rappelle que la paix civile n’est jamais acquise, qu’elle se cultive comme une vigne fragile, patiemment, ensemble. En ces temps de crispations, ce rapport n’est pas seulement une étude : c’est un acte de foi dans l’humanité commune. Et c’est aussi pour cela qu’il mérite d’être salué.
Laurent GRZYBOWSKI
Témoignage chrétien 4127 du 13/11/2025
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