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UE 5.1 L213 :Intervention d’Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue Esprit, grand témoin de l’UE

Intervention d’Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue Esprit, grand témoin de l’UE. 

Synthèse établie par Marcel Lepetit.

Elle se propose de mettre en relation les débats de l’UE avec les préoccupations de la revue pour dégager une vision d’un devenir commun.

Elle commence par présenter succinctement l’histoire de la revue (1), depuis sa création en 1932 par Emmanuel Mounier et un collectif de jeunes hommes de 25 ans, en colère. Il se présente comme « philosophe et catholique », en distinguant les deux qualificatifs, sans les confondre. C’est une revue non confessionnelle, qui distingue sans les séparer la démocratie et la vie de l’esprit. Mais, la revue a été rapidement rattrapée par l’histoire et la politique (1936, l’hitlérisme, la guerre, etc.). D’où la nouvelle conviction de Mounier : « l’événement est notre maître intérieur ». À sa mort en 1950, lui succède le critique littéraire, Albert Béguin, qui se laisse guider par « la fidélité et l’imagination », la grande et la petite histoires. Une nouvelle rédaction se met en place en 2016, dans la foulée des attentats en France, (notamment du Bataclan) et la montée des populismes (Brexit, Trump) et la colère grandissante, qui en France va découcher sur l’explosion des Gilets jaunes.

Comment penser le temps présent ?

On peut faire un parallèle entre les années 1930 et les années 2020 : crise profonde de civilisation : le monde se défait, vague de fond qui monte et qui nous menace, crise systémique, montée des périls dans les années 1930 (fascismes, guerre d’Espagne…).

La génération Emmanuel Mounier est constituée de jeunes orphelins, sans père, qui doivent faire leur révolution spirituelle en se confrontant avec leurs grands-parents ; d’où leur révolte (contre « le désordre établi ») liée à l’injustice sociale : « je préfère le désordre à l’injustice ».

Ils réfléchissent sur l’engagement personnel : « on ne s’engage que pour des causes imparfaites», car l’événement nous appelle.

La question centrale est celle de la peur : face à l’aspiration à la paix, ce qui nous menace, c’est la guerre en Europe dont a peur (cf. l’Ukraine depuis 2023, après la guerre dans l’ex-Yougoslavie dans les années 1990). Il nous faut sortir du déni : Poutine et la Russie désignent la démocratie libérale comme l’ennemie.

L’histoire ne fait pas retour : l’adversité prend un nouveau visage. Trump veut libérer la haine et la violence. Il faut reconnaître haut et fort ce que nous avons déjà expérimenté l’extrême droite dans les années 1930 et 1940. Il s’agit de sauver la démocratie.

À quoi tenons-nous ? 

Il nous faut retrouver la confiance dans la démocratie. Défendre le droit international, les droits de l’homme, l’État de droit. Les droits de l’homme rendent-ils idiots, comme le prétendent les MAGA (Make America Great Again) ? Le trumpisme, c’est le droit du plus fort, sans le droit. Trump met en scène le « décisionnisme ». Il signe 200 décrets par jour (!).

Oui, à « l’Europe puissance » à condition de s’appuyer sur les droits humains de l’individu en société, en lien avec les autres.

Aller vers un nouvel humanisme ? 

Que reproche-t-on à l’ancien humanisme ? En même temps que la Renaissance, il a été aussi un moment de conquête de l’Amérique (1492), de l’Asie, puis de l’Afrique.

Il nous faut promouvoir une nouvelle alliance avec la nature. Passer d’une logique de domination à une logique de considération (le soin, l’attention à l’autre). Passer des conditions de la production à celles de reproduction. Exemple : le mouvement « Femmes, Vie, Liberté » en Iran) est un slogan pour un nouvel humanisme.

Nous devons décentrer le regard de l’Occident vers le Sud global, rompre avec le complexe de supériorité. Défendre Gaza et la Cisjordanie.

Nous sommes passés du monde de l’imprimerie au monde du numérique. Les enfants ne savent plus lire une carte, même si une carte n’est pas le territoire. Il nous faut repenser notre rapport à l’espace.

Avec l’IA (analytique, prédictive, à distinguer de l’IA générative), nous vivons une vraie rupture anthropologique. Il nous faut mener une bataille de l’esprit. « Nos esprits sont devenus des champs de bataille ». Le flux des inputs et des outputs a pour effet, sinon pour objectif, de nous rendre dociles. C’est l’asservissement consenti.

Il faut se reconnecter à la vie réelle. Elle prend l’exemple d’Antoine Garapon, et sa bataille pour une « justice réparative ».

Il faut aussi comprendre que les retours en arrière sont une réaction contre les progrès face à l’intolérable. Elle prend pour exemple, le mouvement « Me Too », contre le viol des femmes en grande majorité.

 

1/ Sur l’histoire de la revue on peut écouter le podcast documentaire (en 7×30’) : « Esprit, une revue dans l’histoire ! » : https://esprit.presse.fr/actualites/esprit/cet-ete-decouvrez-notre-podcast-documentaire-esprit-une-revue-dans-l-histoire-44781

A propos Régis Moreira

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