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9L214: Fondation Cartier pour l’art contemporain par Monika Wonneberger-Sander

Fondation Cartier pour l’art contemporain

 

La Fondation Cartier a déménagé face au Louvre dans l’immense bâtisse haussmannienne longtemps occupée par le Louvre des Antiquaires. Elle quitte un bâtiment moderne situé Boulevard Raspail, tout en transparences, pour un lieu lourd d’histoire qu’elle saura transformer, sans aucun doute, en un lieu vivant par son esprit cosmopolite, son désir d’explorer toutes les facettes de l’art contemporain. Car, comme le définit  Alain Dominique Perrin, Président de la Fondation Cartier : « Dès le départ, j’ai exigé que les artistes choisis présentent chez nous des créations et non des œuvres existantes. Je ne voulais pas être une galerie et encore moins un musée. Les artistes ont donc été financés pour créer. »

Depuis 40 ans, la Fondation constitue ainsi une collection unique dans son genre dont elle expose les plus belles pièces dans « l’Exposition générale » jusqu’au 23 août 2026, promenade passionnante dans un univers à l’imagination débordante. C’est joyeux, dérangeant, lourd par moments, incompréhensible aussi ou même agaçant. Mais quel plaisir de se promener dans ce lieu transformé par l’architecte Jean Nouvel, de tourner autour des œuvres, de voyager à travers les continents. J’ai retrouvé avec plaisir d’anciennes connaissances : l’immense toile abstraite de Sally Gabori, au nom australien imprononçable, le « Muro en rojas » de la Colombienne Olga de Amoral, le Hongrois Simon Hantaï dont la toile nouée déploie la couleur par tâches aléatoires, les oiseaux multicolores de Jaider Esbell membre de la tribu des Makuxi qui vivent entre le Brésil et la Guyane …  je suis restée perplexe devant « La vanité contemporaine » de Christian Boltanski, œuvre éphémère, rendue tremblotante par un éclairage particulier.

De jeunes médiateurs sont à la  disposition des visiteurs et partagent leur enthousiasme sur les transformations du lieu opérées par Jean Nouvel ; la nouvelle modularité permet d’adapter les espaces aux œuvres exposées, même les plafonds sont mobiles. Un seul bémol, ils sont peints en gris noir et le jour de ma visite, la hauteur manquait d’envergure, au risque de se sentir écrasé.

Impossible de tout explorer en une fois, pour garder intact le plaisir de la découverte, j’y retournerai pour me réjouir à la vue des arcades ouvertes sur la rue, des dessins qui  demandent davantage d’attention, d’essayer de comprendre, avec l’aide des médiateurs les installations complexes, et d’observer comment le quartier s’approprie ce lieu.

L’intuition du Président Alain Dominique Perrin en 1984 sur le rôle important de l’art contemporain dans un futur proche s’est avérée juste et je m’en réjouis. Au-delà des polémiques qu’un tel centre peut provoquer alors qu’une grande partie de l’humanité vit sous le seuil de la pauvreté, j’ose penser que la beauté peut sauver le monde.  Dans l’immédiat, elle me sauve de la violence, envahit mon imaginaire, corps et esprit, me rend joyeuse – les journaux appellent cela le soft power culturel.

Ces créations me confrontent à la réalité  dans laquelle je vis, m’obligent à me mettre en cause. Est-ce que cela me rapproche de l’univers de mes petits-enfants, un monde tellement éloignée par moments de mon propre vécu ? Oui, car mon regard s’anime, mon cerveau cherche à comprendre, ma sensibilité est en éveil. Les œuvres me font voyager dans le monde entier à moindre  frais ; je ne sors jamais indemne de ce genre de visite, impressionnée par la beauté du cadre, de l’incroyable diversité objets exposés. Le bruit de fond qui accompagne nos journées fait de violences, de guerres, de la crainte d’un avenir imprévisible se fait moins prégnant. Non, il ne s’agit pas d’une fuite mais d’une manière de relativiser, de croire qu’un monde autre est envisageable.

Le public dans les salles est paisible, on peut échanger sereinement, écouter des propos divergents sans jugement ni rejet, il rend évident le rôle pacificateur de l’art.

Monika Wonneberger-Sander ; novembre 2025

A propos Régis Moreira

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