Démocratie & Spiritualité …une instance commune de réflexion invitant à l’action.
Fête de la fraternité à Grenoble le samedi 15 novembre 2025
Je m’interroge sur la devise républicaine, comment mettons-nous en œuvre réellement la Fraternité dans nos familles, dans nos communes avec les handicapés et les étrangers.
La veille de la journée mondiale des pauvres du 16 novembre, était organisée la fête de la Fraternité à Grenoble/à l’église Notre Dame du Rosaire à La Tronche, D&S y tenait un stand, parmi ceux du CCFD, la DGCC, Fondacio, Solidarité de Charles de Foucauld, Sté St Vincent de Paul, Le Rocher, Secours catholique, le journal La Vie et la librairie Paillet, 150 personnes sont passées, plus de 400 personnes ont participé au spectacle du soir » Le Très bas » (pièce de Christian Bobin : vie de St François dans le dénuement).
Parmi les témoignages: mobilisation théâtrale de jeunes des favelas de RECIFE (Brésil) par un metteur en scène de Grenoble Laurent Poncelet, le parcours d’un jeune parti à 17ans de Syrie qui a maintenant 40 ans et est formateur à l’AFPA, lettre (1) très touchante d’un prisonnier de la prison de Varces/Grenoble, qui est visité par l’aumônier catholique Jean François (dans cette prison il y a 3 aumôniers catholiques, 1 protestant, 1 musulman, 2 témoins de Jéhovah, 1 bouddhiste), une fille rom de 7 ans arrivée en France dans un camp à Fontaine qui a été harcelée au collège et maintenant fait des études supérieures parle 4 langues grâce au soutien en particulier d’un copain de Rom action, une équipe du Rocher vivant dans le quartier Mistral/Grenoble gangréné par le narcotrafic..
La journée a été clôturée par l’évêque qui a agrémenté son intervention de savoureuses citations de personnes handicapées mentales de l’Arche.
J’ai discuté et remis des flyers à une trentaine de personnes, j’ai recueilli les adresses mail de 4 personnes dont celle de l’évêque Grenoble-Vienne Jean Marc Eychenne, qui souhaitent recevoir les invitations pour les rencontres grenobloises de partage spirituel laïque, que j’anime depuis 2015 et la lettre de D&S. Je leur ai transmis l’invitation de notre prochaine rencontre du 9 décembre et la lettre n°213 d’octobre 2025.
Régis Moreira
1/ lettre du prisonnier H.
le 26 octobre 2025 Fraternité en prison
Violences, insultes, vexations et maltraitances sont présentes au quotidien.
Il est très difficile de se rendre compte, pour une personne extérieure à la détention, de la pression subie, par certains détenus, par d’autres détenus.
Les codes qui règnent sont soumis à la loi du plus fort, et le personnel pénitentiaire -surveillants, officiers- ne peuvent pas tout voir ni tout gérer, subissant eux aussi, ces violences verbales et parfois physiques.
Ceux qui dénoncent ces exactions deviennent subitement la cible de jeunes enragés qui n’ont qu’un seul but agresser et corriger, souvent jusqu’au sang, cette « balance ».
Par bonheur, règne au sein de cette brutale communauté, un petit monde où quelques brebis surmontent, vaille que vaille, avec beaucoup de courage et de force morale l’influence néfaste qui y règne. Une solidarité réciproque permet à ce modeste groupuscule d’âmes charitables de se prémunir devant l’agressivité de certains.
Cette camaraderie amicale et fraternelle permet aux plus faibles ou à celui qui a perdu le moral suite à une mauvaise nouvelle (quantum élevé d’incarcération) ou à un entretien qui a dégénéré au parloir famille, de l’entourer d’une chaleur bienveillante. L’objectif ayant pour but qu’il ne se sente ni perdu ni égaré et ni abandonné mais entouré.
Plusieurs fois j’ai pu constater que la solitude d’un détenu s’était terminée par un acte suicidaire. Cela s’avère particulièrement vrai aussi si une personne malveillante partage la cellule de ce pauvre hère.
Il faut parfois si peu, une attention, un regard, une parole, pour le détourner de ce gouffre vers lequel l’enfoncent ses noires pensées.
Il réalisera ainsi, peu à peu, cette chaleur humaine qui l’entoure parmi les épreuves qui parsèment sa traversée en prison. Ce sera en promenade, dans les activités proposées avec les intervenants ou avec les aumôniers qui viendront hebdomadairement le visiter en cellule pour le libérer d’un poids, ou bien encore au cours de matinées de fraternité avec paroissiens et aumôniers, ou de la messe le dimanche.
La force de cet amour que Dieu a enfoui dans nos cœurs permet d’en enchaîner les étapes et franchir les obstacles qui permettront, le jour venu, de retrouver la lumière.
Les souvenirs de ce temps d’incarcération, que chacun percevra inégalement, pourra être mis à profit pour s’élever, voire ressentir une conversion dont il fera bénéficier les personnes qui sont dans le besoin.
Ainsi, après avoir subi la tristesse et la douleur d’être brutalement arraché à nos enfants, nos familles et nos amis, plusieurs ont ouvert leurs portes à Dieu qui les a aidés à traverser ces mois ces années aux côtés de personnes bienveillantes empathiques et fraternelles, qui les a guidés et soutenus afin de ne pas sombrer mais, au contraire, à connaître ce sentiment de sortir meilleur que lorsqu’on est entré.
Ces femmes et ces hommes, aumôniers, prêtres, intervenants intérieurs et extérieurs camarades de détention m’ont tenu la tête hors de l’eau tout ce temps et c’est à la faveur de ces gens, généreux de leur temps, toujours à l’écoute, et en toute confiance que j’ai ouvert mon cœur.
C’est dans ces partages réciproques que tous s’aperçoivent combien Dieu est présent en chacun de nous. Seules les personnes ayant connu la privation de liberté savent combien elle est précieuse mais précieux également cet amour, cet esprit de fraternité qui vit en nous et que chacun peut, s’il le consent, diffuser indifféremment, des races des religions ou des consciences.
H. personne détenue
