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Les français ont plus besoin de débats de fond que de réponses à tout.

La campagne politique à la télé

L’émission du lundi 5 février 2007 « J’ai une question à vous poser », avec Nicolas Sarkosy et cent français, se veut un modèle de participation citoyenne à la télévision. Si elle a permis de juger du sens de la répartie et des connaissances du candidat pour aborder de multiples questions, elle a par contre renforcé le sentiment qu’un homme politique était censé répondre aux demandes de chacun. Chacun sait que les promesses ne suffisent pas à faire une politique et qu’elles ne seront pas toutes suivies d’effet. Ne risque t-on pas avec de telles émissions de favoriser une dérive populiste de mauvais aloi, avec la recherche du candidat qui a réponse à tout ?

L’émission « Ripostes », de Serge Moatti, se veut, comme son titre l’indique, l’occasion d’affrontement permettant aux plus brillants de riposter ; cela aboutit le plus souvent à de la cacophonie entre de trop nombreux invités. On est loin de l’écoute des arguments d’autrui qui permet un dialogue respectueux et qui aide le téléspectateur à se remettre en question et à cheminer vers une position mûrie.

La gravité des problèmes auxquels sont confrontés les français nécessite malheureusement plus une recherche des voies à suivre pour construire ensemble notre avenir qu’un catalogue de réponses à des questions de tout ordre ou que des ripostes brillantes ou que des effets d’annonce. Si on veut inverser la tendance médiatique à promouvoir les faux semblants du débat démocratique, il faut créer des émissions favorisant le vote responsable en donnant aux électeurs les éléments de choix sur les grands enjeux actuels et en permettant aux candidats de proposer des voies porteuses d’avenir.

En conséquence, avant l’ouverture de la campagne officielle, les émissions dont on a besoin doivent porter sur les deux ou trois grands enjeux que chaque candidat retiendrait, en leur laissant le temps de les présenter et de proposer les voies qu’ils souhaitent explorer pour relever les défis correspondants. Les journalistes, spécialistes des sujets traités, seraient là pour approfondir ensuite les points méritant débat avec le candidat et lui poser des questions recueillies grâce aux techniques modernes, aussi bien auprès d’intellectuels ayant travaillé les sujets abordés que des citoyens livrant leur interrogations. L’émission « à vous de juger », d’Yves Calvi, qui apporte une façon intéressante d’approfondir un sujet, peut servir de référence.

Derrière cette critique des émissions politiques à la TV apparaît un enjeu fondamental pour l’évolution de notre démocratie : passer d’une campagne électorale favorisant la recherche de la chasse aux électeurs par les « grands » candidats à une période privilégiant l’« éducation politique » , à partir d’une prise de conscience des grands problèmes à résoudre ensemble, et l’éthique du débat, à partir d’une écoute attentive des points à examiner courageusement et des avis à prendre en compte pour arrêter une position.

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