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11L194 CONSTAT  SUR LE QUARTIER DE LA VILLENEUVE DE GRENOBLE   par Danielle Thévenot

CONSTAT  SUR LE QUARTIER DE LA VILLENEUVE DE GRENOBLE

 (Danielle Thévenot Juin 2007)

Un constat sur les situations actuelles du quartier de la Villeneuve implique un rappel de l’origine de ce quartier en 1972 et de son évolution.

Je tiens à donner brièvement ces repères indispensables avant d’aborder le contexte actuel.

Cette réalisation très novatrice à l’époque était portée par le Parti Socialiste et Hubert Dubedout, maire de Grenoble, qui a pratiqué la délégation des pouvoirs, la concertation et le dialogue avec les habitants.

Le quartier de la Villeneuve a été réalisé pour répondre à la pénurie de logements sur Grenoble, à partir d’un projet politique global basé sur la mixité dans tous les domaines :

  • Urbanisme, 50 % de logements sociaux de qualité, 50 % d’accès à la propriété autour d’un Parc boisé de 14 ha.
  • Socioculturel, équipements prévus pour tous les âges au pied des immeubles, ateliers et lieux de rencontre ouverts. Équipement pour un câble T.V. dans les logements,           théâtre,…
  • Éducation, recherches et innovations pédagogiques dans toutes les écoles et statut       expérimental au Collège.
  • Santé avec une Maison Médicale et une approche préventive et éducative de la santé.
  • Laïcité dans le respect des religions mais sans lieu de culte.

….

La population d’origine était très variée entre classe populaire et classe moyenne ou aisée, d’origines étrangères ou de France.

Ce quartier d’une grande mixité ethnique et sociale a permis dans la première décennie une forte expérience de vie fraternelle pour la plupart des habitants, même si des tensions existaient, en particulier entre des tendances P.S/P.C/Extrême Gauche  ou entre professionnels, ce qui n’empêchait pas le plaisir de vivre ou travailler sur la Villeneuve !

 

  1. En 1983, Le Maire Hubert Dubedout n’a pas été réélu et Alain Carignon lui a succédé dans un état d’esprit très différent. Il va chercher à déstabiliser cette réalisation des socialistes : la Villeneuve.

Déstabilisation du quartier accentuée, il faut le rappeler, par la fin des 30 glorieuses et la montée du chômage, qui va se traduire principalement dans les secteurs suivants :

 

  • l’attribution des logements sur la Villeneuve à des familles en grandes difficultés a déséquilibré la mixité de la population. Une première vague d’habitants de classe moyenne ont progressivement quitté le quartier
  • Une diminution de moyens financiers dans les écoles et les équipements socioculturels, suppression de la chaîne audiovisuelle réalisée avec les habitants.
  • Une diminution de l’entretien du quartier, sauf celui du Parc.
  • Utilisation des médias et en particulier du quotidien local « Le Dauphiné Libéré » pour dénigrer la Villeneuve avec des propos de journalistes virulents, donnant une image très négative  du quartier.
  1. Tournant en 1995, date à laquelle le P.S. a repris la Municipalité avec des déficits énormes, en particulier dans la gestion des Bailleurs sociaux.

Malgré la volonté affirmée de la municipalité de Michel Destot de rééquilibrer la situation dans tous les domaines, elle n’y est pas arrivée dans le cadre de l’attribution des logements sociaux sur la Villeneuve, dépassée par le nombre de demandeurs aux très faibles ressources et du manque d’appartements sociaux dans les autres quartiers de Grenoble, d’autre part vu l’arrivée croissante d’une population du Maghreb

  1. La société ayant changé avec une croissance de la pauvreté, du chômage et en même temps de la consommation, le quartier de la Villeneuve se trouve actuellement face à différents problèmes.

Je citerais quelques situations de fractures sociales qui nous posent question, sans soulever le problème du Collège qui accueille plus de 90% d’enfants d’origines étrangères, ce qui suscite la fuite de beaucoup d’enfants dans d’autres collèges de la ville. Nous aurons d’autres occasions pour présenter la situation et nos interrogations à ce sujet.

  • Fracture dans la population entre les habitants d’origine de la Villeneuve et le grand nombre de couples maghrébins de tous âges dont les femmes voilées sont assises entre elles avec des jeunes enfants  dans le parc de la Villeneuve, et sont très difficiles à aborder.

Cependant les travailleurs sociaux ont des contacts avec des femmes, les accueillent et grâce à des repas à très bas prix ou goûters ou sorties, il est possible en y participant de faire tomber quelques barrières…

Une école maternelle coranique avec lieu de prières s’est installée sur le quartier dans un local qui leur a été vendu par la Mairie.

Plusieurs lieux de prières existent sur le quartier tenus par des Fondamentalistes (UOIF ou autres..). Le problème pour nous est l’impossibilité d’établir le dialogue. Leur opacité et leur prosélytisme sont très difficiles à accepter pour les habitants.

Des amis maghrébins de longue date, musulmans, nous disent qu’on ne répond plus à leur salut quand ils se rendent aux lieux de prières.

Des fêtes sont organisées par les associations et les professionnels sur le quartier et en particulier notre grande fête  populaire de Printemps, avec stands de toutes nationalités, animations, musique, chorale des 600 élèves des écoles primaires, puis slam, hip-hop, etc., fête arc-en-ciel merveilleuse qui entraîne un millier de personnes mais sans y voir toute cette nouvelle partie de la population.

  • Fracture ressentie aussi entre commerçants et avec les habitants. La plupart des commerçants des années 70 ou 80 ont quitté la Villeneuve, faute de clientèle suffisante, à part deux pharmacies et un opticien, Raymond, qui va bientôt prendre sa retraite.

Les nouveaux commerces qui se sont installés sont d’origine maghrébine, certains tenus par des fondamentalistes, et impossible d’acheter une tranche de jambon sur la Villeneuve !

Les commerces africains vendent de l’alcool très tard, sans patente paraît-il,  et attirent un public marginalisé venant boire et fumer, allongés dans la galerie piétonne le soir, faute d’autre lieu ouvert et sans aucun passage de la Police après 19H.

Ces derniers jours, vandalisme de nuit dans la Boulangerie, vengeance sans doute après une plainte portée sur un jeune pour un vol de croissants…

Plus grave, un autre soir, vol et incendie d’une boutique de vêtements tenue par une dame algérienne qui reproche à la Municipalité de « laisser le pouvoir aux Barbus sur le quartier ».

  • Les habitants  restent nombreux à apprécier le pluri-ethnique, pluri-culturel, le pluri-confessionnel sur notre quartier. Les associations et professionnels qui gardent tous une ouverture d’esprit et d’accueil, restent très dynamiques et confiants, mais un déséquilibre culturel s’installe depuis plusieurs années, des tensions montent et l’atmosphère devient pesante pour beaucoup d’habitants.

« Je ne fais pas la fête avec les français », répond un commerçant à la femme de Raymond, l’opticien, qui vient toute souriante lui proposer de participer à une tombola sur le quartier. Même boutique qui exerce une discrimination entre femmes et hommes (jours ou heures spécifiques pour les femmes).

Propos identiques que l’on retrouve chez certains jeunes.

–    Accroissement des incivilités et plus grave des comportements violents,

nombreux vols en particulier d’ordinateurs dans les lieux sociaux ou culturels, théâtre, Centre de Santé, Centre Social…Petits ou grands caïds, faisant leur Loi, sans aucun respect pour les autres, sans aucune notion civique.

Des rodéos de motos-scooters dans le parc, autour des aires de jeux, au milieu des enfants qu’ils risquent de renverser  ou même sur notre galerie piétonne, alors que la circulation de tout engin motorisé est interdite, sans parler des nuisances sonores. La plupart des habitants sont exaspérés, lettres  écrites au Maire, coups de téléphone à la Police, interventions des associations, rien n’y faisait mais depuis 2 ou 3 semaines, période électorale, notre Député Maire s’est mobilisé, la Police aussi, photos à l’appui, plusieurs motos ont été prises et des jeunes pénalisés. Nous craignons des représailles…

Nous nous sommes réunis cette semaine à une cinquantaine de responsables associatifs et professionnels pour voir comment réagir et nous avons enfin décidé d’organiser collectivement une parade (pour ne pas dire manif…) qui passera dans tous les coins du quartier avec micro pour exprimer notre désaccord et dire ce qui est aussi très positif à la Villeneuve. Nous distribuerons des tracts dans ce sens. La MJC a proposé que des jeunes aussi fassent un tract. Bien sûr, nous appellerons tous les habitants, de tous âges, à se joindre à nous.

Nous voulons montrer notre présence sur le quartier où nous vivons ou travaillons.

Nous voulons dire que nous apprécions nos différences mais que nous n’acceptons pas qu’elles nous séparent.

Nous voulons vivre ensemble sans hostilité ni mépris, en se respectant, en se parlant, en se saluant.

Nous voulons rappeler la présence de la Loi et la responsabilité des Adultes.

Nous n’acceptons pas les vols, les agressions, les incendies et nous continuerons à réagir…

J’ai aussi proposé que nous programmions des réunions à partir de septembre pour une réflexion de fond qui nous aiderait à mieux réagir collectivement, à nous ressourcer et à nous encourager.

A propos Régis Moreira

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