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7L200: Pérégrinations parisiennes et aoûtiennes par Monika Wonneberger-Sander

Pérégrinations parisiennes et aoûtiennes

 

Se prendre pour Robinson et vagabonder à Paris en août – beau projet de voyage pour découvrir autrement la ville, vide de ses habitants, seuls quelques touristes européens se promènent dans les lieux connus. Paris devient une île nonchalante, promesse de découvertes pour le promeneur en quête de beauté – à commencer par les musées, rendant proches les diverses époques qui ont façonné la ville.

 

Le voyage commence dans la cour intérieure de l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde, havre de paix, prélude aux trésors de la collection Al Thani et d’objets d’art médiéval venus d’Angleterre, sculptures sur ivoire, tissus, bijoux, une joie pour les yeux. Beauté qui incite à changer de regard sur le monde, à faire un voyage intérieur, lumineux.

Cette lumière que propose le Musée Marmottan-Monet avec l’exposition « Graver la lumière, L’Estampe en 100 chefs d’œuvres » (de Dürer à Picasso). La gravure est un travail de patience, tout en finesse – des explications claires informent sur les différentes techniques. Il est bon de prendre le temps, suivre les nuances du tracé, comprendre comment l’artiste fait naître l’image.

Un autre univers se déploie dans le Musée Rodin, le magnifique jardin met en valeur le travail du sculpteur et invite à la contemplation silencieuse. La paix déteint sur les visiteurs peu nombreux en ce matin.

La fondation Cartier, elle aussi dotée d’un beau jardin, présente les œuvres d’un sculpteur contemporain, l’Australien Ron Mueck (vivant en Angleterre), sculptures hyperréalistes peu faites pour séduire. Aime-t-il son prochain ? Nul n’est méchant volontairement dit Platon.

 

Par la Maison Européenne de la photo (MEP) je retourne dans le monde actuel pour regarder ces photos techniquement retravaillées et transformées, très colorées et mouvantes, accompagnées d’une musique « sidérale », qui me poussent à entrer dans l’imaginaire du photographe. Il s’agit de photos de nature transformées, dit le cartel. Je les comprends comme une sorte d’art « universel », qui parle au monde par des images.

 

Toute autre est la réalité au Musée de l’histoire l’immigration à la Porte Dorée : l’exposition décrit «l’histoire des circulations, des mobilités, des échanges entre les populations est constitutive de l’histoire humaine » à partir de 1685. Excellente rénovation pour ce parcours pédagogique qui replace notre situation actuelle dans l’histoire. Cela rejoint un article de Pierre Albertini (1) sur « La démographie française à l’horizon 2070 : vers une double rupture anthropologique ». Selon lui, immigrés et Français de souche seront à égalité en 2070 – ce changement de société dans un futur proche semble réaliste, ce sera un enrichissement, les difficultés seront surmontables comme nous l’avons fait par le passé ; près d’un tiers de Français est immigré, enfant ou petit-enfant d’immigré. Le pays a évolué à travers les siècles grâce aux apports venant d’autres horizons, au lieu d’ériger des clôtures, il a su accueillir les nouveau venus.

 

Pour finir – si l’envie vous titille de jeter un coup d’œil ironique sur notre époque mouvante – allez voir Barbie. Je craignais le pire, en réalité c’est le film le plus amusant qu’il m’a été donné de voir depuis longtemps  – à condition de le regarder au 2e ou 3e degré. Plein d’humour et, sous une apparence burlesque, empli de finesse, de plaisir – l’envoi par la mère créatrice vers la vraie vie à la fin du film est un peu lourd (tiens donc, Dieu n’est plus seulement un père …) mais bon, il fallait bien trouver une sortie.

 

Pour retrouver « Les échos du silence » dont parle Christiane Singer – rien de tel que de finir le voyage par quelques heures aux Buttes Chaumont.

 

Paris peut être ce lieu de rencontres inattendues avec des personnes disponibles pour un échange dans le métro, la rue ; grâce à ces moments d’école buissonnière à travers les époques à la recherche de trésors cachés, le Robinson vagabond retrouve son souffle.  J’ai accumulé la richesse intérieure nécessaire pour affronter la rentrée en toute liberté – cette liberté qui semble être la grande exception à notre époque.

 

Monika Wonneberger-Sander

Août 2023

1/ ancien député, ancien maire, professeur à l’université  de Rouen Normandie

A propos Régis Moreira

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