En-tête

Lettre n°154 - juin juillet 2017 

 

 Sommaire

L’agenda 

 

L’éditorial : Retrouver la confiance

  

Nouvelles de l'association. 

• Université d’été de D&S 2017. (bulletin d'inscription sur le site)

•  Nouveau bureau de D&S

•  Appel à cotisation 2017

 

Résonances spirituelles

• Converser

 

Approches de la fraternité.

 

• Les enjeux de la fraternité.

• L’éducation, une voie vers la fraternité.

• Fraternité et restauration du lien social

 

Démocratie et spiritualité

• Le philosophe et le nouveau président

• 

Libres opinions

• Faire face à nos contradictions personnelles comme politiques

 

• PS: Notre objectif est désormais de publier une lettre bimestrielle, quitte à en accélérer ou ralentir le rythme en fonction de nos impératifs.

Le SITE, la lettre  

http://www.democratieetspiritualite.org/

 

Agenda

Les soirées conviviales et réunions au 250 bis Boulevard Saint-Germain (75007) (digicode extérieur : 25B01 ; intérieur dans le hall : 62401 ; salle au premier étage)
Lundi 12 juin à19H : soirée conviviale sur l’actualité entre les deux tours des élections législatives

Groupe de Grenoble : le mardi 13 juin à 15h à la Galerie LAVINA, 12 place Notre Dame, autour du thème « Selon moi, quelles valeurs spirituelles doivent inspirer les lois d’un pays ? »

Groupe "cheminements" : le mardi 20 juin à 15H,salle Gandon au 21 rue des Malmaisons (75013)

Méditations interspirituelles les mercredis 28 juin, 27 septembre, 25 octobre, 22 novembre, 20 décembre 2017,de 18h15 à 19H15,au Forum 104, 104 rue de Vaugirard (75006)

Atelier D&S "Ma et notre boussole de vie" aux dialogues en humanité à Lyon parc de la tête d'or, vendredi 7 juillet et samedi 8 juillet à 14h

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L'éditorial

 Retrouver la confiance

Le 16 mai, l’Observatoire citoyen de la qualité démocratique du Pacte civique a organisé au Forum 104 un débat sur « confiance et défiance démocratique ». Les membres de DS ont été conviés afin de  concrétiser davantage notre partenariat. Il s’agissait de voir comment l’on pouvait remédier au climat de défiance qui  mine notre pays, bien au-delà de ses médiocres performances. On trouvera le compte-rendu de cette réunion sur le site du Pacte civique ( http://www.pacte-civique.org/DemocratiE).

 Que peut apporter l’optique particulière de Démocratie et Spiritualité à cet enjeu ?

 La défiance, sur le plan spirituel, est un manque de foi, un manque de foi en l’autre ressenti comme un menace et non comme une chance ; elle amène à se fermer là où il faut s’ouvrir ; elle génère un monde figé, où chacun se cantonne sur son quant à soi et se replie sur une identité close, fût-elle spirituelle ou religieuse au sens  formel – mais non effectif-du terme. La défiance interrompt le donner/recevoir/rendre qui fonde le lien social selon Marcel Mauss et son célèbre Essai sur le don (https://lectures.revues.org/520). Le citoyen ne donne plus son assentiment, sa voix, son engagement, voire ne paie plus ses impôts, car il se juge mal payé en retour. Il se délie du corps politique dont il n’attend plus rien. La défiance est donc un péril pour les démocraties comme pour les spiritualités, car c’est une crispation qui ouvre la voie à toutes les aventures et à toutes les manipulations.

 La confiance, à l’inverse, est une source de dynamisme qui permet de prendre des risques. Elle exprime une forme de fraternité. Mais il n’en résulte pas pour autant que la confiance  doive être systématique et inconditionnelle. En effet, elle risque en permanence d’être abusée et manipulée, reçue mais non rendue. Elle se doit donc d’être vigilante. En somme, confiance et défiance forment un couple indissociable : la défiance absolue est impossible car invivable ; la confiance totale et inconditionnelle est dangereuse car source potentielle de domination et d’aliénation. La confiance doit être engagée d’emblée, car c’est elle qui fonde le lien, mais elle se doit d’être lucide. La méfiance doit rester une arme défensive, remisée dès que possible.

Dans le domaine des rapports intersubjectifs, le passage de la méfiance à la confiance passe généralement par une forme de don ou d’abandon, quel qu’il soit, ce qui relance le cycle du contre don, un contre don sur lequel on peut compter sans avoir à le comptabiliser. Ce don inaugure une nouvelle ère qui remet chacun dans un jeu de créances et de dettes à la fois libres et obligées qui créent du lien.

Dans le domaine politique, c’est beaucoup plus compliqué, car ce mécanisme de restauration, qui reste pertinent en théorie, ne peut pas fonctionner de manière simple et doit se démultiplier dans les différents canaux de la vie collective. Il est donc amené à prendre de multiples formes.

On peut en distinguer quatre :

-          Le leadership qui éclaire la voie et s’impose, créant une adhésion de type personnel ; cette confiance ne dure que pour autant que les qualités qui l’ont engendrée ne se trouvent pas contredites par l’exercice du pouvoir ;

-          L’efficacité retrouvée de l‘action qui répond enfin aux objectifs visés, ce qui recrée une confiance plus anonyme que la précédente, plus systémique, plus sûre de ce fait tant que la performance reste au rendez-vous ;

-          La participation organisée des citoyens aux prises de décision, ce qui crée un sentiment de responsabilité, elle-même productrice de confiance. Ce mode de production de la confiance est sans doute amené à jouer un rôle croissant dans les sociétés démocratiques développées  et éduquées ;

-          L’adhésion à une vision et à des valeurs communes profondément ancrées et partagées ; c’est la dimension spirituelle de la confiance, essentielle, particulièrement dans les démocraties qui ont malheureusement tendance à l’oublier. Elle soude la communauté des citoyens dans un au-delà de type transcendant qui leur permet de supporter les inévitables ratées de l’action. Cette confiance, qui prend sa source ailleurs que dans l’intérêt ou l’utilité immédiate, est plus stable. Mais elle est menacée par le fatalisme et perméable aux manipulations et abus en tous genres. Nous nous en méfions, mais nous en sommes orphelins. Car on voit bien que la seule invocation aux valeurs démocratiques de base ne suffit pas, surtout si leur dimension éthique est perdue de vue et si elles sont contredites dans les faits.

Ces quatre ingrédients de la confiance pourront-ils être réunis par la nouvelle équipe qui se met en place dans notre pays ? Une réelle capacité de leadership est là, qui suscite aussi sa part de défiance, à tort ou à raison. Saura-t-elle renouer avec une efficacité de l’action ressentie concrètement par les personnes en souffrance ? Organiser une participation véritable, et non formelle, comme il a été promis ? Faire naître une vision commune de long terme, lacune la plus évidente à ce stade, dont nul n’a aujourd’hui la solution ? L’avenir le dira,  mais la nouvelle donne qui s’est mise en place, quelles que soient nos convictions, nous donne plus clairement qu’hier matière à engagement.

 

Nouvelles de l'association

 

Université d’été de D&S 2017

L’Université d’été D&S de 2017 aura pour thème « Education, citoyenneté, spiritualité ». Elle se déroulera du vendredi 8 septembre à 9H 30 au dimanche 10 septembre à 13 H au centre Jean Bosco à Lyon. Merci de réserver dès à présent dans vos agendas et de vous inscrire nombreux pour nous aider à réfléchir à ce sujet si important et rarement abordé sous cette forme (programme et bulletin d’inscription sur notre site).

 

Nouveau bureau de D&S

Le CA du 9 mai a élu un nouveau bureau: il sera présidé par Jean-Baptiste de Foucauld et comprendra Jean-Claude Devèze (vice-président), Eliane Faure-Fremann, Annie Gourdel (dans l’attente de trouver un-e remplaçant-e pour son poste de trésorière), Henri-Jack Henrion, Jamila Labidi-Barbouch, Marcel Lepetit. A noter que Patrick Brun ne se met en retrait que pour un an et que Paul-Philippe Cord reste disponible pour donner des coups de main, notamment sur la gestion du site.

  

Cotisation 2017 (voir PJ)

Nous avons le plaisir de vous compter parmi les membres, amis, ou sympathisants de Démocratie et Spiritualité dont vous recevez régulièrement la Lettre. 

Il nous faut faire entendre davantage notre voix, poursuivre nos activités et atteindre les objectifs que notre Conseil d’Administration s'est fixée pour l'année 2017 : faire vivre notre site, le rendre plus attractif pour diffuser plus largement nos idées, organiser des évènements comme les réunions mensuelles conviviales ou  l’Université d’été, développer de nouveaux projets de formation.

Pour faire tout cela, nous nous appuyons uniquement sur les cotisations que  vous nous versez. C’est dire combien nous avons besoin de vous et vous. Nous nous adressons donc à vous pour solliciter le versement de votre cotisation 2017 (bulletin et montants en PJ) et nous vous adresserons en retour un reçu ouvrant droit à une réduction d’impôt de 66%.

Votre contribution financière à D&S est un acte militant en cette période délicate où les besoins de réflexion, de dialogue constructif et de propositions sont indispensables.
En outre, en réglant chaque année votre cotisation, vous pouvez voter à l'Assemblée Générale et ainsi participer activement à la vie de D&S. Vous marquez votre appartenance et la continuité de votre engagement pour ses valeurs.  

Confiants dans votre implication, par avance, nous vous en remercions.
Jean-Baptiste de Foucauld, président, Annie Gourdel, trésorière.

 

 

Résonances spirituelles

 

 

Texte lu le mercredi 24 mai à la méditation inter-spirituelle proposée par D&S au Forum 104

 

Converser

Converser de choses et d’autres,

Converser de choses et d’autres

et soudain il se fait sans qu’on l’ait voulu

qu’on se met à parler enfin

parler de la vie, la mort, l’avenir de l’humanité,

l’amour, la vérité (…)

les grands chemins de l’homme, (…)

On s’en parle les uns aux autres sans haine,

sans controverse, sans passion basse,

mais parce que cela importe plus que tout le reste

et qu’on en parle si peu souvent.

Et il arrive alors qu’une parole dite en passant,

sans effort et sans intention,

soit baume, lait et miel, eau très pure, sang vivifiant

juste à temps pour celui qui l’attendait,

et le fond du cœur est ouvert.

Maurice Bellet

 

Conversations diverses

 Un ami, c’est celui avec qui on poursuit sa conversation intérieure.

Converser pour chercher son chemin de vérité avec son thérapeute.

La conversation apaisée permettant de débattre est un pivot et un joyau de la démocratie.

Converser du sens de la vie avec soi, avec autrui, avec la nature, avec Dieu, avec douceur et respect.

 

Approches de la fraternité

Le séminaire du 28 juin organisée par le Pacte civique à partir de 16H sur la fraternité (inscriptions auprès de Claude Harout : claudeharout37@orange.fr; nombre de places limitées) est une occasion de partager diverses approches de cette valeur que nous souhaitons mettre au cœur de nos vies et de notre société.

 Les enjeux de la fraternité[1]

Jean-Baptiste de Foucauld

La fraternité n’a pas bonne presse. Elle figure, comme par mégarde, sur la devise républicaine[2], à laquelle elle donne du sentiment. Mais elle est sur une étagère, comme un vieil objet devenu inutile. La solidarité lui a coupé l’herbe sous le pied, et ses effets juridiques incertains la rendent floue. La fraternité, c’est au mieux un moment sympathique, au pire une illusion.

 Et si ces poncifs dataient ? Et si la question de la fraternité était au cœur de la post modernité ? Le temps n’est-il pas venu de changer de regard et d’en redécouvrir la profondeur et le caractère indispensable dans une société en perte de repères ?

Telle est la conviction des promoteurs du Pacte civique, rejoignant ainsi l’Appel à la fraternité lancé par l’ODAS et Jean-Louis Sanchez en 1999.

 Encore faut-il préciser ce dont on parle. La fraternité, c’est, d’une part, se reconnaître lié à des personnes que l’on n’a pas choisies, mais avec qui il faut vivre en bonne intelligence, et, d’autre part, se sentir lié par une mystérieuse origine, quel que soit son nom (la parentalité, la communauté politique, l’espèce humaine, l’Evolution, Dieu…). La fraternité présente donc une double dimension : un lien horizontal qui relie entre elles l’autonomie des singularités et un lien vertical fondé sur une genèse commune. C’est cet équilibre, toujours imparfait, qui fait la richesse de la notion.

Il nous faut redécouvrir non pas la fraternité qui résulte d’un moment particulier de communion ou de grâce, mais qui s’évanouit avec l’effervescence qui le manifeste. Non pas la fraternité limitée et défensive qui résulte de l’appartenance objective à un groupe, une classe, une religion ou un territoire.  Mais la fraternité comme état d’esprit, attitude, volonté, face à la tentation de l’indifférence, du désengagement, du « chacun pour soi ». Elle est à inventer en permanence. Elle suppose des sujets adultes et responsables. C’est une culture, une culture qui se cultive avec des êtres cultivés et se cultivant.

Elle ne tient pas debout toute seule et doit s’incarner dans chaque contexte historique, face à des défis bien identifiés. Pour le Pacte civique, dans nos sociétés aux prises avec une crise du sens et une crise du lien social, obligées de résorber simultanément la dette financière, la dette sociale et la dette écologique, la fraternité doit être créative, source de sobriété pour respecter la nature et source de justice pour chacun, tout en apportant sa composante particulière de sensibilité, de poésie, de réenchantement face à un monde trop anonyme. Ces quatre valeurs de créativité, de sobriété, de justice et de fraternité et doivent être conjuguées ensemble, à tous les étages de la société, tant dans les comportements individuels que dans le mode de fonctionnement des organisations et  dans celui des institutions et politiques publiques. Il en résulte 32 orientations ou engagements, sorte de cahier des charges que la société devrait s’imposer à elle-même pour être en mesure de régler les nombreux et complexes problèmes qui l’accablent[3].

Ainsi, la démarche Fraternité est à la fois un mode de résistance, une forme possible de régulation, et une aspiration légitime à l’utopie, qui sont aussi les « trois cultures du développement humain »[4].

La fraternité permet de Résister à toute une série de dysfonctions de nos sociétés : la résignation au chômage et à l’exclusion[5], le relativisme, le repli sur soi et le refus de l’autre différent, la déshumanisation du fonctionnement des organisations, la conflictualité de type corporatiste, la concurrence opérant aux dépens de l’intérêt général. On agira alors par la pédagogie de la coopération, par la reconnaissance des effets positifs de la non-violence constructive, par la manière de pratiquer le dialogue et  de gérer les conflits (la fraternité ne les fuit pas, mais les habite autrement), par la promotion de l’engagement et du service civique, par des orientations spécifiques : ainsi, dans les entreprises, « donner au respect des personnes une importance au moins égale au souci de rentabilité », et dans les associations « considérer le succès de chacun comme le succès de tous »…

La fraternité peut, plus qu’on ne le pense, exercer une fonction de régulation ; elle introduit un tiers indispensable dans le face à face tendu de la liberté et de l’égalité, en fournissant un critère utile pour les articuler et discriminer le bon du mauvais : liberté qui enrichit la collectivité versus liberté qui détruit, égalité qui met chacun en mesure de déployer ses talents versus égalité qui uniformise et banalise. Elle rappelle, face à la demande continue de droits supplémentaires qu’il n’y a pas de droits sans devoirs ou responsabilités (la fraternité est à la fois un droit à et un devoir de, dans des limites à définir), et qu’il n’y a pas de don durable sans contre-don. Elle se conjugue nécessairement avec la laïcité qui implique que ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas fassent chacun un pas vers l’autre, tout comme d’ailleurs ceux qui ont différentes manières de croire. Elle n’est pas, comme on se plait parfois à le dire, la cerise sur le gâteau de la solidarité, mais elle la fonde et la prolonge : c’est bien l’esprit de fraternité qui fera que le non- fumeur acceptera de cotiser pour soigner celui qui a trop fumé ; et l’on voit bien les limites des systèmes mécaniques de solidarité, s’ils ne sont pas en permanence habités par l’humain. D’où par exemple l’importance et la subtilité de l’accompagnement pour la lutte contre les exclusions[6] comme la nécessité de décliner le principe  fraternité dans les divers services publics (plus de services publics barricadés derrière leur site internet, où l’on ne peut plus joindre personne !)[7]

Serait-ce que la fraternité est alors une sorte de nouvelle utopie, le rêve d’une société consensuelle débarrassée des conflits qui la laminent ? Ce serait mal comprendre la nature profonde de l’utopie. Celle-ci est tension vers l’indépassable, horizon nécessaire d’un projet politique conséquent. Mais elle ne peut jamais être totalement réalisée, car, devant être choisie volontairement sans être imposée par la contrainte, elle exige courage et sacrifice. En ce sens, la fraternité est une nécessaire utopie, à réalisation à la fois vérifiable et toujours inachevée.

Dans les circonstances actuelles, la fraternité assumée comme utopie, aura trois fonctions principales :

• créer des espaces micro-sociaux de construction      de sens et d’intégration sociale ;

• organiser la rencontre féconde des différences      dans la mondialisation ; la fraternité est universelle, sans rivages,      mais elle ne peut non plus se passer totalement de frontières, qui doivent      être moins des murs que des lieux de      rencontre ;

• consolider le théologico-politique dont les      sociétés, même sécularisées, ont besoin. La fraternité, avec ses dimensions      horizontale et verticale, immanente et transcendante, peut constituer ce      liant qui nous manque tant aujourd’hui. Encore faut-il y croire et s’en      donner la peine. 

 

L’éducation, une voie vers la fraternité

Jean-Claude Devèze

Introduction :

L’éducation est une priorité qu’on peut approfondir dans tous ses états (éduquer d’autres, former à des actions, s’éduquer, donner l’exemple, trouver des repères structurants…) et décliner à tous les étages de nos interdépendances (famille, école, entreprise, syndicat, parti, association, accueil des migrants, équipe sportive…). Il s’agit juste ici de montrer, à partir de situations qui me tiennent à cœur, comment l’éducation est à la fois une voie vers la fraternité et la fraternité un levier éducatif.

 

Education familiale :

Prenons les rapports fraternels qui se construisent, avec l’aide des parents, entre des frères et des sœurs souvent très différents. C’est souvent difficile, voire dramatique, dans le cas des familles désunies, recomposées, qui ont plus de mal à construire des liens fraternels faute de climat apaisé, de repères solides, de temps, mais qui peuvent être « fraternelles » et vivantes aussi, si on y apprivoise et confronte les différences.  La construction de liens fraternels est aussi difficile dans des familles unies où s’installent des rivalités ; ainsi la jalousie est un passage normal à la naissance d’une petite dernière qui prend votre place. Ce sentiment doit être reconnu, la souffrance de l’enfant entendue par les parents- parfois à l’âge adulte seulement-pour que se construise une forme de fraternité, humaine, réaliste. Or, l’éducation au sein des familles apparemment unies peut avoir tendance à taire les souffrances et les différences, chacun ayant alors du mal à trouver sa place, se réfugiant et s’unissant (inconsciemment) dans un esprit de clan, mettant les autres à distance.

Retenons l’importance de nos itinéraires familiaux, mais aussi amicaux, comme base importante pour l’apprentissage de la fraternité, de la vie en groupe, de l’autocontrôle et de la gestion des conflits. De même, faire l’effort de s’occuper de ses frères et sœurs malades ou en difficulté est un apprentissage et /ou un approfondissement du lien fraternel.

 

Education scolaire :

Dans La Croix du 14 avril, dans une tribune web intitulée « La fraternité, le levier du politique », le Pacte civique proposait des priorités pour l’école : 

« L’apprentissage coopératif est nettement plus efficace que l’apprentissage compétitif, que ce soit en termes de résultats scolaires ou de satisfaction des élèves et des enseignants. De plus, cette pratique est une excellente initiation à la démocratie, par le respect d’autrui qu’elle génère. 

Une formation des enseignants à l’empathie améliore les résultats scolaires des élèves, diminue la violence, le vandalisme et les discriminations de la part des élèves, ainsi que l’absentéisme et le taux de démission chez les enseignants.

ATD quart monde travaille à aider les parents désorientés par l’institution scolaire à rencontrer les maitres et plus largement à devenir parties prenantes de communautés scolaires qu’il faut rendre plus conviviales.

Plus largement, c’est l’amélioration de la mixité scolaire qui est en question. Des rapports fraternels se créent entre jeunes qui s’entraident, entre des élèves qui aident d’autres plus jeunes à comprendre un savoir qui les rebute, entre des adultes qui aident des élèves à faire leurs devoirs, etc.

On pourrait multiplier les exemples, le double enjeu étant que d’une part les communautés éducatives travaillent au bien commun en multipliant les initiatives porteuses de liens et d’autre part que les « s’éduquant » apprennent à construire des liens fraternels.

 

Education civique à la civilité et à la citoyenneté :

Le civisme, c’est à la fois la civilité et la citoyenneté qui sont toutes les deux basées sur le respect de l’autre, ce qui permet de vivre ensemble ; les processus civiques et les apprentissages d’une citoyenneté partagée permettent de modifier nos comportements vis-à-vis d’autrui et peu à peu d’édifier des rapports amicaux, voire fraternels. De même des rapports altruistes en société sont porteurs de valeurs éducatives comme le respect, l’autocontrôle, l’attention à ce qui se passe, etc.

 

Education politique :

Le Parti Communiste formait autrefois dans un esprit de camaraderie ses militants, ceux-ci lisant et vendant ensemble l’Humanité. Le PS essayait de faire de même, mais sa transformation en une machine électorale porteuse d’esprit de compétition lui a fait perdre ses capacités d’éducation à un militantisme de camarades entretenant des relations fraternelles. 

La démarche pour lancer le mouvement En marche !, puis pour créer le parti La République en marche, est intéressante à suivre pour voir comment va se faire l’union militante entre des personnes issues de partis politiques et d’autres n’ayant jamais milité, mais aspirant à un renouveau politique.

Le Pacte civique, dans son dernier livre « Relever le défi démocratique face à un monde en mutation », insiste sur l’importance d’une éducation politique qui peut se faire dans le cadre de processus de délibération ; ces derniers nous obligent d’une part à s’informer et à se former en écoutant les autres, d’autre part à respecter l’autre en mettant en œuvre l’éthique du débat.  Pour ce faire, il est nécessaire de former des animateurs capables de faire respecter l’éthique du débat et de mettre en œuvre des méthodes favorisant une délibération respectueuse d’autrui comme c’est le cas avec la méthode de construction des (des)accords féconds.

L’enjeu est de passer d’un militantisme politique basique à une communauté militante à la fois respectueuse de chacun et attentive à l’édification de tous.

 

Société éducative :

Prenons l’exemple d’Enery, un village où l’éducation des enfants crée le lien (La Croix du 12 mai 2017). Issu du patronage de l’abbé Louis Marécal créé en 1966, l’association des œuvres de jeunesse d’Enery (AOJE) apprend à rendre ce qu’on a reçu, les plus grands s’occupent des petits ; chacun prend ses responsabilités, parents et grands-parents proposant des activités… Tous ensemble (15 salariés et 90 bénévoles pour une communauté de communes de 30 000 habitants du Vexin), ils participent à la construction des enfants. De même, on pourrait prendre l’exemple de villages africains où c’est la communauté qui se sent responsable de l’éducation de ses enfants.

Plus largement, l’enjeu est de créer une société éducative en s’éduquant et en éduquant les autres tout au long de nos vies. 

 

Conclusion

Emmanuel Lévinas nous dit, dans épiphanie du visage, que la fraternité, « c’est un éveil à l’altérité de l’autre ». Cet éveil à une altérité fraternelle repose sur des communautés qui travaillent au bien commun en communiant dans la réalisation d’actions porteuses de sens ; des liens fraternels se construisent en se reliant à un soi authentique, à un autre aimé, à une nature respectée, à un monde toujours plus respectueux de notre humanité.

 

 

Fraternité et restauration du lien social

La fraternité, c’est une valeur, un idéal à construire au quotidien en agissant à chaque niveau de la société. C’est fabriquer du commun au-delà du cercle restreint de ses proches.

Recréer le lien et « faire ensemble », concrètement, dans les territoires oubliés, par le développement de l’emploi et de la formation, la renaissance de l’éducation populaire et de la culture.

 Lutter contre les inégalités territoriales ; informer, accompagner les jeunes des zones rurales et des petites villes pour les aider à trouver leur voie, au même titre que les collégiens et lycéens des grandes villes. Leur tendre la main, c’est leur permettre de dépasser l’autocensure, le manque de confiance en eux et de se dépasser eux-mêmes afin de construire un projet sur le long terme.

 Faire peuple à nouveau en permettant aussi aux jeunes d‘origine étrangère, discriminés dans le logement et l’emploi, d’avoir des chances égales à celles des autres Français pour trouver leur place dans la société.

 Faire en sorte que l’Etat encourage localement et soutienne financièrement les initiatives de la société civile, les expériences de fraternité intergénérationnelle et globale, toutes origines confondues.

 

[1] Article paru dans le N°4 de Présences, la revue du Forum 104.

[2]« Une évasive fraternité continue d’orner nos frontons mais (…) dans la sainte devise de nos pères, la petite dernière est devenue orpheline. »    Régis Debray, Le moment fraternité.

[3] Voir Collectif Pacte Civique, « Penser, agit, vivre autrement en démocratie, le Pacte Civique, inventer un futur désirable pour tous », Chronique sociale, 2013. Et le site www.pacte-civique.org.

[4] Jean-Baptiste de Foucauld, « Les 3 cultures du développement humain », Odile Jacob, 2002 et « L’abondance frugale, vers une nouvelle solidarité », Odile Jacob, 2010.

[5] Voir Chômage, précarité, Halte aux idées reçues, « La fraternité ne peut rien contre le chômage », Editions de l’Atelier 2017.

[6] Voir Jean-Baptiste de Foucauld, Prendre soin bénévolement des chômeurs, l’expérience de Solidarités nouvelles face au chômage, colloque de Cerisy, Prendre soin, Hermann, 2013. Voir aussi www.snc.asso.fr.

[7] Voir JC Devèze, JB de Foucauld, P. Guilhaume, « Relever le défi démocratique dans un monde en mutation », chapitre 6, Partager la fraternité, valeur politique et spirituelle vitale, Editions Chronique sociale, 2017.voir aussi le film de Ken Loach, « Moi, Daniel Blake ».

 

 

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 Démocratie et spiritualité

 

Le philosophe et le nouveau président

Chronique de Bernard Ginisty du 10 mai 2017

Le nouveau président de la République, Emmanuel Macron, revendique une relation particulière avec le philosophe Paul Ricœur. Jean-Philippe Pierron, spécialiste de l’œuvre de ce dernier, cite ce propos du nouvel élu : « C’est Ricœur qui m’a poussé à faire de la politique parce que lui-même ne l’avait pas fait ». Il n’est pas inintéressant de voir comment des lignes de force de la pensée de Ricœur se retrouvent dans la vision politique d’Emmanuel Macron.

A l’opposition binaire front contre front, Ricœur substitue une dialectique qui ne soit pas « au service de la grande synthèse gouvernementale autoritaire » parce que, pour lui, « la dialectique est toujours à synthèse ajournée, en raison de la complexité des situations et du tragique de l’histoire avec lesquels il faut composer. C’est pourquoi la politique demeure un processus, et non l’application de procédures. » (1). L’art politique consiste alors d’avoir le courage d’affronter la complexité, au risque de décevoir les fonctionnaires des simplismes. Pour Ricœur, il faut assumer « l’étrange paradoxe dans lequel les sociétés avancées se trouvent aujourd’hui enfermées : d’une part, c’est pour survivre que les nations modernes doivent entrer dans la compétition technologique ; mais, dans cette mesure même, elles se livrent à l’action dissolvante exercée par la technologie devenue souveraine sur le noyau éthicopolitique de ces sociétés. L’homme des sociétés industrielles avancées, placé au carrefour de l’économique et du politique, souffre de la contradiction entre la logique de l’industrialisation et la vieille rationalité relevant de l’expérience politique des peuples. C’est pour fuir cette contradiction que tant de gens, jeunes et moins jeunes, refluent vers la vie privée, cherchant la survie dans la « privatisation » du bonheur » (2).

Ricœur a commencé son œuvre philosophique en méditant sur le problème du mal et de la finitude humaine. Il a conscience de la fragilité de la démocratie : « La démocratie étant le seul régime politique qui soit fondé sur le vide, je veux dire sur nous-mêmes et notre vouloir vivre, mon inquiétude est que la croyance publique ne la porte plus. Or c’est un système qui ne fonctionne que si les gens y croient. (...) Il repose sur la confiance. Et désormais, beaucoup trop de gens croient que la démocratie est solide, qu’elle fonctionne par une sorte d’inertie institutionnelle » (3). Pour revivifier cette démocratie, Ricœur invite à fuir le consensus introuvable et plaide « pour une pratique du dissensus mise en œuvre par une éthique de la discussion » (4). Pour cela, « il nous faut aller plus loin que les philosophes des Lumières : ne pas simplement « tolérer », « supporter » la différence, mais admettre qu’il y a de la vérité en dehors de moi, que d’autres ont accès à un autre aspect de la vérité que moi. Accepter que ma propre symbolique n’épuise pas les ressources de symbolisation du fondamental » (5).

Si la plupart de ces intuitions se retrouvent chez Emmanuel Macron, il reste que l’on peut s’interroger sur l’hypertrophie donnée à l’économie qui serait la nouvelle science de l’action et l’impasse sur l’écologie comme question centrale pour notre avenir commun, au risque de « l’oubli que la politique est précisément, pour Ricœur, une tension entre le souci de la réforme et l’exigence de la révolution » (6).

 

(1) Jean-Philippe PIERRON : Que dirait le philosophe Paul Ricœur de son ancien assistant éditorial

Emmanuel Macron ? sur le site <www.nonfiction.fr> 25/04/2017. Il est l’auteur de l’ouvrage :

Paul Ricœur : Philosopher à son école, éditions Vrin, 2016.

(2) Paul RICOEUR : Ethique et Politique, in Les cahiers du christianisme social n°5, 1985, pages 5870.

(3) Paul RICOEUR : L’unique et le singulier Entretien avec Edmond Blattchen Alice Editions, Bruxelles, 1999

p. 70.

(4) Paul RICOEUR : Entretien avec François Ewald in Magazine littéraire n°390 septembre 2000, page 25.

(5) Paul RICOEUR : Entretien avec Frédéric Lenoir publié dans L’Express du 23/07/1998.

(6) Jean-Philippe PIERRON : op.cit.

Libres opinions

Le vote des jeunes à l’élection présidentielle de 2017

 Eliane Fremann

 Tous les 5 ans, l’élection présidentielle voit arriver une génération de nouveaux citoyens, suscitant des interrogations sur leurs choix et leurs effets sur les équilibres électoraux. Comment les jeunes se sont-ils positionnés lors de l’élection présidentielle des 23 avril et 7 mai 2017 ? Peut-on parler d’une spécificité du vote de la génération Y et Z ?

« Dans les démocraties, écrivait Tocqueville, chaque génération est un peuple nouveau. »

Les citoyens de moins de 35 ans ne ressemblent guère à leurs aînés. Ils ont grandi dans une société française multiculturelle, avec Internet, mais aussi un chômage massif, l’augmentation des contrats précaires, la défiance envers les politiques et la présence du FN à chaque scrutin.

Un écart considérable sépare le vote de la jeunesse populaire des espaces ruraux et périurbains, où le vote frontiste est important et celui de la jeunesse urbaine, plus favorisée, au vote dispersé entre les différents partis ou mouvements.

Quels facteurs propres aux conditions de vie des jeunes expliquent un tel constat ?

La première cause réside dans le chômageet chez certains, un sentiment d’abandon, qui créent un contexte favorable à la montée des votes extrêmes, de droite comme de gauche ou de l’abstention.

Les jeunes de 18-24 ans qui cherchent un emploi connaissent un taux de chômage de 23%. Selon Anne Muxel, chercheuse au Cevipof, la jeunesse de la France « périphérique » cumule les obstacles : moins de choix d’études et professionnels qu’en ville, moins de réseaux, et donc un sentiment d’abandon, une incapacité à imaginer l’avenir. Le FN est, depuis au moins une décennie, le 1er parti pour ces jeunes, exclus ou fragilisés sur le plan économique et social.

Pour ceux des banlieues des grandes villes, souvent issus d’une immigration de 3e, voire 4e génération, les obstacles à l’emploi ne sont pas moindres : violence, grande pauvreté, discours religieux omniprésents, conflits de bandes, stigmatisation par l’adresse.

Mais l’abstention touche aussi les trentenaires plus instruits et plus aisés des grandes villes.

D’autres causes, des spécificités éclairent alors l’abstentionnisme de cette jeunesse plurielle.

En premier lieu, pour eux, voter est un droit plus qu’un devoir, et ne pas voter est un droit.

La forte abstention des jeunes est un message politique de mécontentement, de défiance. Selon Vincent Tiberj*, professeur à Sciences Po, c’est l’époque plus que la tranche d’âge, qui détermine le vote. La « génération du 21 avril », nombreuse à voter pour Chirac en 2002, se souvient des promesses non tenues sous les trois derniers quinquennats. Exigeante en matière d’éthique, elle n’était pas forcément prête à voter « utile » au 2e tour. Pour les primo-votants, par contre, le FN fait partie du paysage politique, c’est un parti comme un autre.

En second lieu, les jeunes actifs des grandes métropoles ont une forte demande de démocratie et d’horizontalité. Certains font de la politique autrement, avec des choix de vie écologiques, une mobilisation dans des associations, à travers des pétitions sur Internet. Par contre, les jeunes plus fragiles - ouvriers et employés, chômeurs - sont peu présents dans ces mouvements participatifs ou de protestation. Leur voix n’est plus ou peu portée par les partis de gauche. Leur seule issue est alors de se réfugier dans l’abstention ou le vote protestataire.

Enfin, la manière qu’ont les jeunes de se forger une opinion politique diffère fondamentalement de celle de leurs ainés.

Face au recul des partis politiques, ils ont peu d’affiliations collectives. Si la culture politique familiale les imprègne, leur comportement électoral peut s’en éloigner, affirmant ainsi leur autonomie, voire leur opposition chez les primo-votants, l’un des ressorts du vote Mélenchon.

Les réseaux sociaux, Twitter et Facebook, sont la première source d’information pour plus de 40% des jeunes électeurs, ce qu’a bien compris le candidat de La France insoumise avec sa chaine YouTube. Mais les réseaux sociaux peuvent diffuser de fausses informations, avoir des effets inquiétants. Ainsi David Doucet* montre, dans La Fachosphère, comment l’extrême-droite, surreprésentée sur la Toile, déculpabilise son discours et séduit les jeunes internautes.

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 En l’espace d’une génération, l’acte de voter s’est beaucoup transformé ; il est devenu intermittent, nomade. On vote moins par adhésion que par réaction ou opposition, ce qui favorise les extrêmes.

Pour le politologue Pascal Perrineau, une citoyenneté « contractuelle » s’invente, notamment chez les jeunes, conjuguant une « distance par rapport au vote » et une « faible loyauté politique ». La nouvelle majorité au pouvoir ne pourra ignorer ce désenchantement, ce sentiment d’abandon d’une partie des nouveaux électeurs, leur vote antisystème comme leur demande d’éthique et d’horizontalité.

 

 *Vincent Tiberj, Les citoyens qui viennent, Comment le renouvellement générationnel transforme la politique en France, PUF, 2017.

*Dominique Albertini et David Doucet, La Fachosphère : Comment l'extrême droite a remporté la bataille du Net, Flammarion, 2016.

 

 

Faire face à nos contradictions personnelles comme politiques

 Réflexions de Jean-Claude Devèze

 

En ces périodes électorales cruciales, nous sommes face à des arbitrages difficiles entre nos convictions, nos idéaux (voire aussi nos idéologies) et nos intérêts à plus ou moins long terme (parfois aussi nos désintérêts et lassitudes). Ceci est d’autant plus à l’ordre du jour que nous dérivons vers « une démocratie de l’entre soi »[1] où le commun se fabrique plus à partir du privé que du public.

Ceci doit nous conduire à clarifier la manière dont nous gérons nos préoccupations personnelles en interaction avec la façon dont nous cherchons à surmonter nos contradictions collectives en tant que citoyen grâce à nos capacités d’expression, d’analyse, de délibération et de discernement. A l’exemple de l’écologiste qui, utilisant encore sa voiture diesel, voudrait moins polluer sans alourdir son budget et modifier ses modes de déplacement, nous sommes confrontés à des choix personnels, à faire en cohérence avec des décisions politiques issues de délibérations auxquelles nous devons participer en cherchant à construire et satisfaire des intérêts réciproques dans la durée.

Toute délibération bien conduite peut être l’occasion de prises de conscience et de remises en question personnelles comme collectives ; le problème est alors de trouver la façon de construire sur un socle solide un univers commun alors que les remises en cause et les déconstructions fragilisent les convictions initiales et font douter de l’avenir faute d’une vision partagée. En même temps, il est nécessaire de prendre en compte la complexité des problèmes auxquels nous sommes confrontés, d’accepter les conflits entre nos approches divergentes sur les diagnostics et surtout d’élaborer des solutions à mettre en œuvre ; il est donc nécessaire de recourir à l’éthique du débat et à des méthodes de construction des accords pour dégager des consensus et des désaccords afin de trouver des compromis.

Cette nécessité de la délibération se heurte à la montée des tensions, voire des violences. Il est important de ne pas considérer comme un ennemi celui qui ne pense pas comme nous et donc de créer les conditions de la non-violence déjà dans nos rapports humains (voir le dossier sur la fraternité dans cette lettre) et en politique (voir le Kit électoral proposé par le Pacte civique).

Dans ce contexte difficile, la vocation de Démocratie et spiritualité est importante à rappeler : approfondir les tensions créatives entre d’une part nos recherches de sens dans nos vies et d’autre part nos façons de nous engager dans la société et en politique et de construire nos cohérences. Des spiritualités s’incarnant patiemment dans des engagements correspondant à nos vocations doivent nous aider à promouvoir une vision équilibrée entre joie de vivre ensemble et espérance dans notre humanité.

 

 

Informations diverses

Notre ami Eric Lombard nous propose la lecture      d’un ouvrage sur la « Simplicité » : http://www.ouvertures.net/clef-efficacite-faire-simple/

• Lundi 19 juin 2017 à 19h30, l’association La Traversée propose au Forum 104, 104 rue de Vaugirard, 75006 Paris, une conférence animée par Michel Fromaget, anthropologue, sur le thème « Anthropologie spirituelle, spiritualité et sens de la vie ».

 Blaise Pascal dans ses Pensées distingue trois « ordres de réalité » en l’homme : le corps, l’âme et l’esprit. La vocation des psychologies, selon leur étymologie, est la connaissance de la psyché et donc de l’âme. Mais qu’en est-il de la troisième dimension de l’humain, l’esprit, et comment la comprendre ? Comment se dit-elle dans l’épreuve et la souffrance ou bien dans l’émerveillement et la joie ? Comment s’articule-t-elle avec les dimensions du corps et de l’âme ? Et comment l’esprit contribue-t-il au sens de la vie ?