En-tête

 Lettre D&S n°155 - septembre octobre 2017

 

Sommaire

 

L’éditorial

Cheminer et dialoguer dans nos groupes en vérité et en fraternité.

 

AGENDA

 

Nouvelles de l'association.

Vingt-cinquième anniversaire de D&S.

Ateliers D&S « Ma boussole de vie » aux Dialogues en Humanité 2017.

 

Résonances spirituelles.

L’écoute.

Le regard, une autre manière de communiquer.

 

Travaux de Démocratie et Spiritualité.

Aperçus sur l’Université d’été de D&S 2017.

 

Chronique de Bernard GINISTY

Sommes-nous entrés dans l’âge de la « fatigue de la démocratie » ?

 

Libre opinion

de Martine Huillard. "Pourquoi je reste à Démocratie et spiritualité. "

 

Echos d’ailleurs.

Paul Valadier, Lueurs dans l’histoire : Revisiter l’idée de Providence, Ed. Salvator, 2017.

Joanna Macy, MY Brown, Ecopsychologie pratique et rituels pour la Terre, Le Souffle d’Or.

 

Informations diverses.

 PS: Notre objectif est désormais de publier une lettre bimestrielle, quitte à en accélérer ou ralentir le rythme en fonction de nos impératifs.

Le SITE, la lettre  

http://www.democratieetspiritualite.org/

 

Agenda

Les soirées conviviales

au 250 bis Boulevard Saint-Germain (75007) PARIS
(digicode extérieur : 25B01 ; intérieur dans le hall : 62401 ; salle au premier étage)

- Lundi 13 novembre à 19H : réunion conviviale pour échanger sur un sujet d’actualité

- Lundi 11 décembre à 19H: :  avec Serge Tisseron, pédopsychiatre et psychanalyste.
Thème : les conséquences du numérique sur le vivre ensemble et dans l’éducation : difficultés et ressources pour les jeunes.

 

Groupe cheminement :

au 21 rue des Malmaisons (75013) PARIS

lundi 20 novembre à 15h 

lundi 18 décembre à 15H,

 

Méditations interspirituelles

au Forum 104, 104 rue de Vaugirard (75006) PARIS

les mercredis 25 octobre 2017,de 18h15 à 19H15

mercredi 22 novembre 2017,de 18h15 à 19H15

mercredi 20 décembre 2017 de 18h15 à 19H15,

 

L'éditorial

 

Cheminer et dialoguer dans nos groupes en vérité et en fraternité

 

L’interaction entre démocratie et spiritualité n’est pas facile à mettre en œuvre. Que dans la cité, l’autre soit effectivement considéré dans son éminente dignité et soit mis en mesure de donner le meilleur de lui-même, que les spiritualités évitent le double écueil du narcissisme autocentré ou de l’intolérance vis à vis d’autrui, cela reste difficile. Et pourtant, cette fécondation entre l’idéal démocratique et la disponibilité spirituelle est plus nécessaire que jamais pour faire face aux problèmes que rencontre notre humanité.

 

Cet impératif vaut aux trois étages que le Pacte civique identifie : les comportements personnels, le fonctionnement des organisations et celui des institutions et politiques publiques, chacun dans leur ordre propre. Pour cheminer dans ces directions, nous avons besoin bien sûr de travail personnel pour forger nos convictions à travers nos recherches. C’est une condition essentielle, mais non suffisante.

 

Nous avons tous besoin, également, de discussions, de dialogues, de débats, de délibérations, de concertations, de controverses, ces échanges avec autrui favorisant nos prises de conscience, nos discernements et la poursuite de nos cheminements. A cet effet, il faut souligner l’importance de groupes dont les membres se respectent, s’écoutent et osent une parole libre qui permet de mettre gratuitement au service des autres nos expériences, nos argumentations et nos convictions. Ceci exige à la fois attention à l’autre, disponibilité à l’imprévu, prise en compte de ce qui dérange et ouverture à ce qui vient.

 

Nos échanges, nourris d’authenticité personnelle et de la dynamique de nos cheminements collectifs, sont créateurs de pensée et porteurs de sens, ce qui permet d’agir pour le bien commun. Ainsi, peu à peu, se construisent des communautés ouvertes qui édifient une culture commune de fraternité, cette valeur si potentiellement puissante de notre culture républicaine et si mal mobilisée. Ainsi peuvent-elles espérer contribuer à inventer un futur désirable pour chacun comme pour tous. Surtout si elles arrivent à s’organiser, à se relier entre elles autour de bases communes suffisantes leur permettant de se faire entendre d’une manière ou d’une autre par des institutions ayant elles-mêmes appris à écouter. C’est entre autres choses la démarche du Pacte civique, même si cette dimension est peu mise en valeur pour l’instant.

 

Il est donc primordial de susciter et de faire vivre des groupes, des assemblées et des communautés de projets ou de vie qui nous aident à approfondir nos dialogues intérieurs et à discerner grâce à nos débats quelles parts de vérité partager. Comme le disait Margaret Mead, il ne faut pas douter « qu'un petit groupe de gens réfléchis et engagés puisse changer le monde ; en fait, c’est toujours comme ça que ça s’est passé. » Encore faut-il que chacun puisse apporter son impulsion à l’ensemble avec le soutien de tous.

Le Bureau

 

 

Nouvelles de l'association

 

Vingt-cinquième anniversaire de D&S

Le conseil d’administration de D&S, réuni le 2 octobre, a demandé au bureau de travailler sur des propositions à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de l'association; un projet de rencontre de deux journées a été esquissé, l’une consacrée à un colloque autour de ce que D&S a réalisé et veut entreprendre, l’autre à des ateliers sur nos sujets de réflexion et sur nos offres de formation.  La période envisagée serait  fin septembre ou octobre 2018 et le lieu Paris, des rencontres pouvant être aussi organisées en province.

 

 

Ateliers D&S « Ma boussole de vie » aux Dialogues en Humanité 2017

Sous les arbres du parc de la tête d’or à Lyon, dans le cadre des « Dialogues en Humanité » les 7 & 8 juillet 2017, D&S a organisé deux ateliers «  Ma boussole de vie », auxquels ont participé 22 personnes dans une variété intergénérationnelle plutôt féminine, avec une majorité de personnes en activité et dont la plus jeune de 18 ans venait de réussir son baccalauréat avec mention très bien.

L'exercice consistait à prendre un petit temps afin que chaque personne dessine sa boussole de vie (ce qui la guide ou la motive sur son chemin de vie) puis de partager  et commenter son dessin, si quelques personnes ont vraiment dessiné, beaucoup ont mis des mots qu'ils ont expliqué dans une authenticité émouvante. 

Nous avons pu constater nos approches différentes de la boussole, mais néanmoins nous cherchons tous un chemin d’humanité, de bienveillance, d’équilibre, d’harmonie, de paix où la spiritualité est souvent présente, via notre voix intérieure ou par une pratique spirituelle. 

Chaque personne ayant pu exprimer rapidement des témoignages en profondeur et en authenticité, dans le respect de chacun sans se couper la parole. Quand fut venue l’heure de se séparer après avoir dépassé largement les deux heures prévues, tout le monde a pris un moment de silence en se tenant la main, ce fut un moment intense de partage.

 Marie-Thérèse témoigne : « J'ai bien apprécié l'atelier qui a posé de vraies questions assez profondes sur l'importance de la vie intérieure et du spirituel dans la manière de conduire nos vies… »

 

 

Résonances spirituelles

 

L’écoute

 Après avoir médité avec Maurice Bellet sur la « conversation » dans la lettre précédente n°154, il a été proposé le 26 septembre au Forum 104 une méditation sur l’écoute, sujet abordé cet été par Francis Vachette lors d’une causerie sur l'œuvre de Maurice Bellet.

 Ecouter, c’est dépasser, défaire la mésentente.

L’écoute écoute l’écoute.

L’écoute aime. 

L’écoute, Maurice Bellet, L’épi et DDB, 1989

 

Ecouter, c’est être là, présent, attentif, laissant dire ce qui se dit. C’est être pleinement disponible, privilégiant la pensée d’autrui, le laissant s’exprimer sans chercher à voir comment avoir raison. On écoute des mots, mais on perçoit aussi une voix, un regard, un visage, un corps habité... Il s’agit de laisser toute la place à une parole qui suggère plus que ce qui est dit et qui fait advenir ce qui n’avait pu encore être dit.

 

Ecouter, ce n’est pas forcément être d’accord, mais c’est accepter d’aller sans jugement préconçu, avec empathie, vers l’inaudible, vers ce qui dérange, vers l’expression d’une humanité qui se cherche. L’écoute favorise non seulement une parole authentique, mais aussi offre l’opportunité d’exprimer une pensée en gestation ; elle ouvre un espace où l'écouté peut trouver sa place et mieux accéder à sa propre parole, ce-jamais- entendu, cet « in-oüi » qui est dévoilement de sa parole et chemin vers sa vérité.  

 

Ecouter, c’est rendre entendues les paroles de l’écouté, puis de l’écoutant, ce qui contribue à générer du dialogue et à créer de la congruence. Une écoute gratuite permet de dévoiler et d’approfondir nos conversations intérieures, d’ouvrir des portes, de cheminer ensemble en vérité, d’accepter nos limites, de créer des liens, d’édifier des amitiés, de poursuivre de vrais dialogues.

 JC Devèze, avec le concours d’Henri-Jack Henrion et de Martine Huillard

  

 

Le regard, une autre manière de communiquer

Textes lus le mercredi 28 juin à la méditation interspirituelle proposée par D&S au Forum 104

 Ci-après deux poèmes de Thierry Metz* choisis par Martine Huillard dans « L’homme qui penche » : « Des regards au-delà des mots, ou en deçà, peut-être, si l’on considère qu’ils en sont sources. Une autre manière d’être avec l’autre, dans un partage subtil de l’intime.  Ces poèmes sont pour moi un hommage à tous ceux qui « luttent" en traversant des phases dépressives d’une extrême violence pouvant aller parfois jusqu’à  la mort. L’art  (poésie, peinture, danse,….chant) n’est-il pas la voix (e), de leur chemin spirituel? »

 

René

 

René, que je retrouve plus amaigri,

arpente toujours les couloirs. Je le

croise dès le réveil, flottant dans son

pyjama, l’œil déjà loin, mais visage

 avant tout.

 

Avec lui, nous habitons ce qu’il ne dit

 pas. Mais parfois j’essaye d’habiter

où il va. Sans le suivre. Rien qu’à le regarder.

 

Raymonde

 

Où est Raymonde ?

Assise, maigre, toujours silencieuse,

aussi présente que le hasard

 

Elle ne quitte pas son pyjama bleu.

son visage est creusé, ses cheveux

défaits, ses doigts : des brindilles.

 

Mais ce qu’elle n’a plus avec le corps

a trouvé place dans son regard, en a

fait un centre, une mystique.

 

Ce regard m’attire parce qu’il refuse

la négligence des nôtres, s’y fraie

une vision et un passage.

 

* Né en 1956, Thierry Metz a choisi de disparaître le 16 avril 1997.  L’homme qui penche ( pleine page éditeur ) résulte de deux séjours volontaires en hôpital psychiatrique, deux ultimes tentatives pour se redresser, quelques semaines avant de cesser d’écrire.

 

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Travaux de Démocratie et Spiritualité

 

Aperçus sur l’Université d’été de D&S 2017

 L’Université d’été D&S de 2017 qui avait pour thème « Education, citoyenneté, spiritualité » s’est déroulé du vendredi 8 septembre à 9H 30 au dimanche 10 septembre à 13 H au centre Jean Bosco à Lyon.

Nous proposons ici des aperçus sur les résultats de nos échanges lors de notre très riche université d’été qui nous a permis de travailler sur un sujet mal exploré, l’éducation à la spiritualité et à la citoyenneté. Elle a surtout favorisé l’expression de nos divers talents qui ont nourri notre rencontre.

 

Questions que nous nous sommes posées tout au long de l’UE :

Comment approfondir notre intériorité pour penser juste, parler vrai, se comporter en cohérence avec ce qu’on pense et ce qu’on dit, s’impliquer au service du bien commun…. ? Comment cultiver notre vie intérieure, source de créativité et de liberté, pour donner du sens à sa vie, en relation avec les autres et avec le monde, pour réaliser l’unité entre intériorité et altérité ?

Comment accéder aux sources de sens et aider à y accéder dans notre monde encombré qui a plus tendance à nous disperser qu’à nous recentrer ?

Dans l’éducation initiale, comment élargir l’enseignement des « fondamentaux » à d’autres dimensions : le corps, l’imaginaire, le symbolique ? Comment vaincre les blocages de l’école sur l’enseignement du fait religieux et l’approche de la spiritualité ?

 Comment travailler dans l’intergénérationnel ? Comment permettre aux jeunes comme aux autres générations de trouver un sens et leur juste place pour être acteurs de leur vie ?

Comment promouvoir éducation spirituelle et éducation civique et favoriser les interactions porteuses d’une fécondité croisée entre vie spirituelle et vie civique ?

 

Problématiques qui ont émergé en parallèle :

Les forces et les limites des approches en terme d’intériorité, de spiritualité et de religion, d’où la nécessité de mieux approcher ce que chaque notion recouvre afin de bien les articuler et de les confronter à éducation et citoyenneté

Le monde nouveau qui se cherche compte tenu des défis de la « mondialité », des croisements de populations et de cultures, des remises en cause des institutions, etc., d’où la nécessité d’œuvrer de façon transdisciplinaire, transculturelle, transspirituelle, transpolitique, etc.

La façon d’œuvrer ensemble dans nos groupes et communautés pour que la joie et la sérénité aident à dépasser les pesanteurs et les conflits.

Dans notre cheminement, l’association « Démocratie & Spiritualité» peut être perçue comme une école de jardinage de l’altérité démocratique et de l’intériorité spirituelle, nous aidant à écrire le récit de nos vies contribuant au grand récit de la planète.

 

Des voies à explorer dans nos cheminements :

Donner la priorité à l’humain, au tissage des liens qui prend du temps, à la relation vraie dans le respect des différences et donc du mystère de l’autre.

Redonner confiance à la capacité d’être et d’agir des personnes dans les trois dimensions : corps, cœur, esprit.

Changer nos modèles de compréhension du monde et de nos vies, se décentrer, surmonter nos peurs et inventer des sorties positives.

Décloisonner, dépackager, décatégoriser.

Privilégier par rapport au dualisme habituel des approches triples: corps, âme, esprit ; individu, société, nature ; individu, collectif, société ; éducation, spiritualité, citoyenneté.

Dépassement de la priorité donnée aux « sachants » en passant à des coopérations entre « s’éduquants » et « éduquants », se soignants et soignants, citoyen et élus, etc.

Importance du corps, de la corporalité dans tout cheminement spirituel: le regard fait partie des gestes du peintre ou de l'attitude de celui qui regarde au loin dans la pleine conscience ; les yeux fermés durant la méditation; les essais d'exercice de respiration au début de nos séances qui en sont un autre aspect essentiel ; le silence habité par une présence.

La vie intérieure ouverte sur autrui permet de partager la souffrance de l’autre.

La quête de vérité à regarder comme un cheminement à poursuivre, comme une "ligne de fuite" dans une démarche spirituelle qui nous porte à donner sens dans notre vie en rapport à nous, à l’autre, au monde. La structuration intérieure ne peut se faire qu’avec l’autre ou par l’autre ou en lien avec ce qui nous dépasse. La spiritualité comme la citoyenneté sont des « diamants aux mille facettes ».

Cheminer en marchant avec d’autres (d’où proposition d’un cheminement en montagne un week-end).

 

Des premières propositions :

Coopérer avec le groupe « Spiritualité et démocratie » (des universitaires travaillant déjà avec P Brun) sur l’éducation à la spiritualité et à la citoyenneté

Création par D&S, le Pacte civique, et d’autres organisations proches, d’un réseau de formation à l’éthique du débat et aux méthodes démocratiques

Relancer le groupe « paysage religieux » pour élaborer des propositions en matière d’éducation à la spiritualité, de créations dans les universités de formations au spirituel et au religieux (par exemple pour former des animateurs de vie spirituelle et communautaire) 

Ajouter aux modules de formation existants (la présentation de D&S, la boussole, l’éthique du débat) un module « intériorité » et un module « randonnée méditative ».

 

Des thèmes pour de prochaines UE

Cultures en métissages, en confluences, en créolisations et spiritualités en confrontations

Souffrance du monde et des personnes

A quoi on dit oui, à quoi on dit non, et comment ?

Emancipations et conditionnements spirituels et civiques.

 

 

Chronique de Bernard Ginisty du 6 septembre 2017

Sommes-nous entrés dans l’âge de la « fatigue de la démocratie » ?

« Nous sommes aujourd’hui les témoins d’une frénésie universelle de peur et d’aversion, car la révolution démocratique s’est diffusée  jusqu’aux endroits les plus reculés de la planète. Cette rage égalitaire se combine à une poursuite générale de la prospérité – une quête administrée par l’économie consumériste globale, qui en a fait son mandat – pour aviver au maximum les tensions et contradictions affligeant au plus intime les existences individuelles. Du coup, ces tensions et contradictions se voient comme précipitées dans la sphère publique ; (…) La modernité est aujourd’hui partout vécue  comme expérience du chaos, ce qui ne peut qu’intensifier cette passion triste qu’est le ressentiment. (…) Le ressentiment qui était une maladie européenne ou américaine, s’est transformée en une épidémie globale » (1). 

Ce sombre diagnostic de la situation mondiale est porté par  le journaliste et écrivain indien Pankaj Mishra dans un ouvrage collectif portant le titre L’âge de la régression. Pourquoi nous vivons un tournant historique.Ce livre regroupe les analyses de quinze intellectuels de renommée internationale et vient de paraître simultanément en treize langues. L’éditeur allemand, coordonateur de l’ouvrage précise son projet : il s’agit de faire face à plusieurs événements survenus depuis l’automne 2015 dont, entre autres, l’évolution du conflit syrien, le vote en faveur du Brexit, l’attentat de Nice, les succès électoraux en Europe des partis nationalistes, la répression politique en Turquie, le nationalisme agressif de Vladimir Poutine, l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Tout ceci conduit à s’interroger sur ce que l’un des auteurs appelle « une fatigue de la démocratie » : « La grande question que pose notre époque consiste à savoir si nous assistons, oui ou non, à un rejet à l’échelle mondiale de la démocratie libérale et à son remplacement par une forme ou une autre d’autoritarisme politique » (2).

Le journaliste britannique Paul Mason compare la situation de l’Occident à celle qui se produisit en Russie au cours de la Perestroïka. « A la fin des années 1980, sous Gorbatchev, de nombreux Russes firent l’expérience d’une « dépression » brutale, lorsqu’ils  réalisèrent que l’effondrement était imminent. Pourtant, jusqu’à ce qu’il survienne, la plupart d’entre eux se comportaient, parlaient et même pensaient comme si le système soviétique allait durer à jamais ; (…) Depuis la victoire de Trump, un effondrement similaire est envisageable en Occident, et il est envisageable que la globalisation, les valeurs sociales libérales, les droits de l’homme et l’Etat de droit connaissent un sort semblable » (3). 

Face à cette situation, Bruno Latour, professeur à Sciences Po Paris, voit dans l’Europe une chance d’apprendre à habiter autrement le monde qu’au gré  du va et vient entre les opérations des multinationales et des marchés financiers, et les pulsions fondamentalistes et nationalistes. Pour lui, un des événements historiques le plus important c’est l’accord à la fin de la conférence sur le climat, la COP 21, le 12 décembre 2015 à Paris : « L’important, c’est que ce jour-là, tous les pays signataires, au milieu des applaudissements, ont compris qu'il n’existait pas de planète compatible avec leurs espoirs de développement et leurs plans de modernisations respectifs » (4). Pour Bruno Latour, c’est à l’Europe d’inventer un art de vivre : « Peter Sloterdijk a dit un jour que l’Europe était le club des nations qui avaient renoncé définitivement à l’empire. Laissons les Brexiteurs, les électeurs de Trump, les Turcs, les Chinois, les Russes s’adonner aux rêves de domination impériale. Nous savons que s’ils souhaitent encore régner sur un territoire au sens de la cartographie, ils n’ont pas plus de chance que nous de dominer cette Terre qui nous domine aujourd’hui au même titre qu’eux. Le défi à relever est donc taillé pour l’Europe (…) L’Histoire appartient à ceux qui seront capables d’atterrir les premiers sur une terre habitable – à moins que les autres, les rêveurs de la Realpolitik à l’ancienne, l’aient fait disparaître pour de bon » (5).

 

(1)     Pankaj MISHRA : La politique à l’heure du ressentiment. Le sombre héritage des Lumières, in ouvrage collectif : L’âge de la régression, éditions Premier Parallèle, 2017, pages 163-164.  Ce livre publié sous la direction de Heinrich GEILSELBERGER réunit les contributions de Arjun APPADURAI, Zygmunt BAUMAN, Nancy FRASER, Eva ILLOUZ, Ivan KRASTEV, Bruno LATOUR, Paul MASON, Pankaj MISHRA, Robert MISIK, Oliver NACHTWEY, Donatella della PORTA, César RENDUELES, Wolfgang STREECK, David VAN REYBROUCKJ, Slavoj ZIZEK.

(2)     Arjun APPADURAI : Une fatigue de la démocratie, id. page 17.

(3)     Paul MASON : Surmonter la peur de la liberté, id. page 149.

(4)     Bruno LATOUR : L’Europe refuge, id. page 117

(5)     Bruno LATOUR, id. pages 125-126. Evoquant l’élection de Donald Trump - soutenu par plus de 80% des chrétiens évangéliques blancs et la majorité des catholiques (cf. « Trump triomphe chez  les évangéliques blancs et remporte le vote catholique », site du journal La Croix, 9 novembre 2016  <www.la-croix.com>,) Kamel DAOUD, écrivain algérien d’expression française déclarait récemment ceci : « Nous nous sommes fait  une construction de l’Occident comme incarnant l’empire, la raison, la culture… Et voilà que l’Occident qui proclame avoir inventé la rationalité cède au petit diable, à la facilité du populisme, à desillusions, à de la magie ! Face aux agissements de Trump, nous avons l’impression de voir Kadhafi  réincarné de l’autre côté de l’Atlantique. Il y a là un retournement de sort incroyable. C’est pour cela  que croire   que les démocraties chez vous sont stables et définitives, c’est vraiment vous bercer d’illusions ».( Propos recueillis par Marie Lemonnier in l’Obs, n°2728 du 16-22 février 2017  sous  le titre : Il faut arracher aux islamistes le monopole de Dieu).

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Libres opinions

 

de Martine Huillard

 

"Pourquoi je reste à Démocratie et spiritualité"

Je suis venue à DS à une période où j’étais, sans le savoir vraiment, en quête de sens. Je suis allée à une première AG, il y a de cela une quinzaine d’années. Je suis toujours à D et S, avec des périodes de  « pointes » et de  « retrait », dans ma participation.

Dès les premières semaines, j’ai été incluse dans une « fraternité ». Je m’y suis trouvée comme un poisson dans l’eau, étonnée d’y trouver une Parole qui était écoutée.  Notre fraternité, qui a connu au cours des années des arrivées et des départs devint « ma base » à DS durant une dizaine d’années. Bien au-delà d’un lieu de débats, s’expérimentait une éthique de la Parole. Des réunions fraternelles en week end, une fois l’an, avaient lieu en campagne, entre méditations, danse, lectures de textes inspirant, marche méditative,  incitant au retour sur soi, à l’ouverture à l’autre. Des tissages de liens se sont tramés qui ne se détisseront pas. De ces groupes, j’emporte des fils de spiritualité, de réflexion, d’horizons d’espoirs, de résonnance, de construction qui s’entremailleront avec d’autres fils de couleurs, dans d’autres groupes. Notre fraternité s’est arrêtée il y a trois ans, je le regrette, et pourtant je reste à DS.

Si je reste, c’est avant tout pour rencontrer l’autre, celui qui diffère de moi, et qui parfois même me paraît très éloigné de mes préoccupations personnelles, de ma manière de vivre sur les plans social, culturel et religieux... Comment dans ma vie aurais-je rencontré un préfet de police,  un inspecteur général des impôts, des francs-maçons... Comment aurais-je pu connaitre des hommes et femmes qui consacraient une grande partie de leur temps à construire et animer avec une ferveur  insoupçonnée des projets d’envergure politique ? Comment aurais-je rencontré  des femmes, une plus particulièrement, Marie José Jauze, qui m’ont fait découvrir des chemins spirituels insoupçonnés ? 

L’ouverture à l’autre, celle qui se nourrit d’écoute, est ce qu’il est possible d’expérimenter à DS ; S’écouter dans nos réflexions, suggestions, idéaux, résistances, co constructions, quelque soient nos engagements. Ecoute qui ne coule pas toujours de source !

DS est pour moi devenu un lieu « expérientiel de l’écoute et  du dialogue ».

Ce ne sont pas finalement les objets de nos discours, échanges, voire constructions qui m’intéressent prioritairement  -  ils ne représentent, à la limite, pour moi, que des prétextes intelligents à la rencontre  - mais plutôt les processus de cette mise en commun, qui n’ont à voir que de très loin avec l’éthique du débat tel que nous essayons de la pratiquer à DS ; trop souvent de mon point de vue, celle-ci s’enlise dans des règles formelles.

Les sujets abordés sont pour moi des catalyseurs au processus de dialogue. Mais, autant que nos échanges se fassent sur des points qui mettent en marche notre réflexion, notre possibilité de nous mouvoir (et de nous émouvoir), de nous remettre en question, de nous dépasser ! DS me permet souvent de « rebondir » sur une question, d’approfondir un thème, une idée pour nourrir ma vie citoyenne et spirituelle. Les partages, les témoignages, les mises en commun de nos vécus  d’expériences et réflexions m’aident à comprendre le tissu social, me stimulent, me questionnent dans mes propres engagements, mes aspirations. Je repars « sur le terrain » un peu changée, renouvelée.

Certains ont réclamé un terrain expérientiel plus ciblé pour travailler. Durant un temps, je les rejoignais dans ce souci de lier  la réflexion à l’action. J’ai pensé longtemps que c’était même un impératif, puis j’ai changé d’avis. Nombreux, à DS, participent sous des formes extrêmement variées à la société civile, aux projets politiques. DS est pour moi un lieu où se recréent, se renouvellent la pensée et l’acte à partir de la rencontre à l’autre. Plutôt  que de construire un objet commun, il s’agit plutôt de cultiver un terreau de sens pour « agir », sur son » propre » objet. Chacun le sien.

Sans objet de terrain, c’est plus facile ? Je ne le pense pas du tout ! L’objet, s’il devient trop palpable, cerné, généralement évaluable, prend toute la place. Ne sommes-nous pas alors tentés  de laisser dans l’ombre des malentendus, des différents que l’on nie ? Se rencontrer sans viser prioritairement un « projet action » au sein de DS est vraiment  une gageure. Pour moi, c’est au dehors de DS qu’a lieu l’articulation entre l’« enjeu » sociétal et l’« en je ». Cela se prépare, se mijote, s’informe à D et S.

Pour dire le dire autrement, ce qui me fait rester, c’est d’expérimenter comment l’autre différent va devenir un « prochain » même si je reste très éloigné du quartier où’ il habite, de ses habitus cultuels et culturels, de sa manière d’envisager le monde, de sa langue (on ne parle pas tous la même langue à DS).  Pour moi, il n’y a malheureusement pas assez de diversité à DS.

Je resterai à DS tant que ce dialogue peut se réinventer dans une conviviale, autour d’un buffet (sans enjeu intellectuel !), autour d’un questionnement sur une question d’actualité,  à une université d’été. Certaines formes de rencontres sont plus pertinentes, (pour moi !) que d’autres pour favoriser la venue du renouveau, du mouvement. Mes préférées : les conviviales autour d’une question d’actualité, les groupes où chacun témoigne de son expérience (avant que ne prennent la parole les plus experts) dans une université d’été par exemple, les échanges autour de la préparation de la lettre, de l’organisation d’un événement comme celui de l’université d’été ou dans notre groupe « cheminement ». Il me sembler urgent de réinventer des formes de groupes fraternels dans des modalités différentes même si émergent très timidement des formes de compagnonnage.

DS m’a permis de rencontrer des uns et des unes qui sont devenu(e)s  parfois des ami(e)s avec qui je ne crains pas d’être accueillie dans mes béances, mes fêlures et mes richesses. Des « uns » et des « unes » qui n’hésitent pas à partager leur découverte, leur questionnement. Hommes et femmes qui sont devenu(e)s des proches alors que tous les signes extérieurs ne le laissaient vraiment pas prévoir. Ces rencontres élargissent mon « bagage » humain (que je ne porte pas dans le dos mais sur le cœur) et participent à ma marche dans la vie.

 

Mon vœu est que DS continue et progresse à innerver nos échanges, nos constructions, d’une écoute toujours plus authentique, clefs de voûte de notre future humanité.

 

 

 

 

Echos d’ailleurs

 

Paul Valadier,

Lueurs dans l’histoire : Revisiter l’idée de Providence,

Ed. Salvator, 2017 

Recension de Monika Sander

 A travers ces pages lumineuses, Paul Valadier pose la question du sens de notre histoire humaine en croisant démarche philosophique et quête théologique pour une compréhension et une sagesse renouvelées.

Fini le temps de l’attente d’un idéal, il s’agit de nous plonger dans le réel et de prendre nos responsabilités dans ce monde en profonde transformation. Agir au lieu de s’en remettre à un encadrement rigoureux, ne pas subir ni se replier sur soi, mais « se surmonter soi-même » (Nietzsche) ; sinon gare à la régression.

Dans cette réalité, comment parler de Providence alors qu’il est difficile sinon impossible de revisiter l’histoire de manière positive ou de dire d’une civilisation qu’elle est supérieure à d’autres ni même de croire à un avenir radieux de l’humanité ? Malgré l’avancée des connaissances, le développement technologique et même la mondialisation,  désenchantement et violence sont en constante augmentation sans que l’on puisse attribuer cette évolution à la crise des religions comme le suggèrent certains sociologues en annonçant la mort de Dieu.

De quel Dieu parle-t-on ? Le Dieu de Jésus se révèle, se communique, la seule chose qu’il demande à l’homme est la confiance, confiance en Dieu et confiance suffisante en ses propres capacités pour réaliser sa vie, de « mettre en œuvre les talents dont Dieu l’a honoré ». Belle définition de la Providence pour tous les hommes de bonne volonté capables de ce que Dante appelle « la liberté entière du vouloir ». Saint Paul ne dit pas autre chose.

Est-ce suffisant pour sortir de la déception « engendrée par la découverte de l’illusion d’un ordre moral du monde (‘les grands récits’) », pour éviter de sombrer dans le pessimisme ?

C’est en cheminant avec les grands auteurs à la recherche du sens dans l’histoire, avec Nietzsche bien sûr, Saint Augustin évidemment, mais aussi Bossuet et Joseph de Maistre, et plus près de nous, Jeanne Hersch parlant d’un « permanent transhistorique », on découvre la réalité providentielle divine qui souhaite voir sa créature accomplir sa création.

 

Chercher dans l’agitation quotidienne un moment de silence, de relecture, permet de s’imprégner de la Présence aimante, de la stabilité éternelle dans notre monde liquide. C’est un chemin de crête, exigeant l’attention au réel, mobilisant toute notre liberté, mais ô combien joyeux.

 

Joanna Macy, MY Brown,

Ecopsychologie pratique et rituels pour la Terre,

Le Souffle d’Or

Recension de Marie-José Jauze

 Beaucoup de femmes et d’hommes éprouvent une souffrance profonde à cause des graves atteintes portées à la nature et à notre Terre mère par notre civilisation ultra-technicienne, destructrice et accapareuse, sans souci pour de pans immenses de populations comme pour les générations futures. Ces sentiments sont vécus individuellement souvent dans l’affliction et l’impuissance.

 

Les auteures nous proposent de reconnaître collectivement ces sentiments afin de les honorer, de reprendre notre responsabilité collective par rapport à ce bien commun qu’est la Terre et de retrouver notre pouvoir d’agir dans le sens d’un changement de cap.

 

Puisant principalement dans le bouddhisme et l’approche systémique, elles proposent un positionnement et des exercices de groupes puissants pour nous reconnecter et nous réconcilier avec la Terre et notre nature, répondant ainsi à des questions très actuelles comme les suivantes :

-       Comment faire face à l’apathie et à l’impuissance, comment passer du mental au ressenti pour prendre une part active à la guérison de notre monde dans l’interdépendance ?

-       Comment travailler en groupe sur des valeurs telles que la souffrance, le désespoir, la gratitude, notre relation au temps, aux générations passées et futures ?

-       Comment travailler sur la solidarité nécessaire pour entrer en résistance, changer nos vies et prendre soin de la planète ?

Un vrai chemin spirituel !

Par cet ouvrage c’est un travail de groupe transdisciplinaire, au carrefour de la psychologie, de l’écologie, de l’éducation, de la spiritualité, au-delà de l’anthropocentrisme, qui nous est proposé. 

 

NB La traduction française, parue en 2008, ne fait pas mention de la COP 21 et de l’harmonie entre les grands courants religieux qui s’est alors manifestée.

 Informations diverses

Soirée organisée par La traversée le jeudi 19 octobre 2017 à 20H, avec Bertrand Vegely :

De la tristesse à la joie ou la force créatrice de l’homme

Pour plus de renseignements : http://www.la-traversee.org/pages/99/nos-conferences

 

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Conférence-débat avec Olivier Frérot, vice-Recteur de l’Institut Catholique de Lyon (2012 - 2016), fondateur de Philométis, le vendredi 10 novembre 2017 à 20 h 45, à Gif sur Yvette, salle Teilhard, 13 rue Amodru.

Nos institutions publiques, issues de la Modernité, sont essentiellement fondées sur la foi en la science et la technique. La croyance en leur toute-puissance est cependant fortement affaiblie en ce début de 21ème siècle, du fait de la faillite des idéaux liés au Progrès, et des impasses environnementales dans lesquelles notre civilisation s’est coincée. La vie, de son côté, invente chaque jour du tout neuf au sein de notre société, et de nouvelles solidarités s’y tissent. En dehors des institutions, sont en effet en train de naître et de se déployer de vives émergences, qui prennent soin des relations entre les humains, les vivants et la nature. Contrairement à la Modernité qui veut tout maîtriser, l’incertitude y est accueillie avec ouverture et intérêt. Ainsi, une nouvelle philosophie apparaît, qui met la science et la raison à une place seconde par rapport à la vie et à l’existence. Et le discours rationnel cède la place à la sensibilité, à l’art et la spiritualité.

 

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Soirée organisée par le Pacte Civique sur «Démocratie et opinion publique : les raisons du divorce » au Forum 104, le mardi 21 novembre 2017 de 19h30 à 22h, avec Brice Teinturier, Loic Blondiaux et un(e) membre de l’Observatoire citoyen de la qualité démocratique.

 

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Parution aux éditions Recherches du livre de Marie-Odile Terrenoire : Voyage intime au milieu de mémoires à vif, Le 17 octobre 1961.

Il a fallu longtemps pour que le massacre du 17 octobre 1961, peu avant la signature des accords d’Evian, fasse partie de la longue liste du calendrier des commémorations annuelles des drames du passé.  Fortement dénoncée au moment du procès Papon par une enquête de Jean-Luc Einaudi, la brutalité de la répression policière lors d’une manifestation pacifique d’Algériens contre le couvre-feu qui les concernait exclusivement, a été depuis largement reconnue. En 2011, le cinquantenaire de cette manifestation, au cours de laquelle une centaine de personnes ont trouvé la mort, a donné lieu à une série de films et de livres.

C’est dans ce contexte que la fille du porte-parole du gouvernement, Louis Terrenoire, a entrepris, au nom d’une lucidité personnelle, une longue recherche sur les responsabilités gouvernementales à partir des documents déposés par son père aux Archives nationales : son journal et les notes qu’il a prises à chaque conseil des ministres de janvier 1960 à avril 1962.

 

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A l’occasion des Fêtes de ROSH HA-CHANAH, de RAAS ASSANA et de la Journée mondiale de la paix, le 21 septembre 2017, avec nos partenaires (ou amis) “Artisans de Paix” et sa Présidente Paula Kasparian, l’association Démocratie & Spiritualité souhaite :
-une bonne et heureuse année 5778 à ses amis juifs qui fêtent, cette année, Rosh Ha-chanah les 21 et 22 septembre ;
-un heureux Raas Assana 1439, à nos amis musulmans, qui représente la fête du jour de l'An pour les musulmans. Cette année, le Nouvel An musulman coïncide avec le Nouvel An juif.

 Le jour du Nouvel an juif et musulman, le 21 septembre 2017 selon notre calendrier civil, coïncide de fait cette année, avec la journée mondiale de la paix décrétée par l’ONU.
Cette journée a été déclarée par l'Assemblée générale des Nations Unies en vue de renforcer l'idéal de paix, tant au sein des pays et qu’entre les pays eux-mêmes. « En période d'insécurité, les groupes dont la différence est visible, sont pris pour boucs émissaires, par facilité », a souligné le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres.
C’est la raison pour laquelle il faut résister aux forces cyniques qui cherchent à diviser les communautés et à diaboliser autrui. « La discrimination nous avilit tous. Elle empêche les personnes et les sociétés de réaliser tout leur potentiel », a-t-il déclaré en janvier 2017. 

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