Le solstice d’hiver, vieille fête de l’humanité remonte loin dans le temps ; commune aux grandes spiritualités, elle fait renaître l’espérance.
Lors du 25ième anniversaire de Démocratie & Spiritualité, il a été décidé de former des groupes de travail pour faire avancer et grandir l’association. Nous consacrons la matinée à la présentation des groupes déjà au travail.
Michel Ray a pris en charge le groupe « Interconvictionnel » pour répondre aux grands enjeux de notre actualité. Les démocraties buttent actuellement d’une façon inédite sur une combinaison systémique de défis majeurs, dont les mécanismes de développement constituent de véritables verrous et ont en commun un « manque de sens », une vision de l’humain qui a dérivé et des fragilités lourdes de réels dangers.
L’approche interconvictionnelle se veut une démarche d’ouverture et de compréhension qui fait appel à notre réactivité personnelle : A nous de définir notre responsabilité pour devenir acteurs comme citoyens engagés, d’apporter notre expérience de vie ainsi que notre désir de transmission. La proposition est ternaire : Idée – cheminement – action, croiser expérience de vie et complémentarité spirituelle.
Il s’agit de vivre ensemble une démarche authentique de partage, de recherche et d’interface, produisant des résultats transmissibles, analytiques ou synthétiques, capables de rassembler. Ouvrir notre regard, notre compréhension et notre réactivité personnelle aux événements, prendre la mesure des choses, réaliser les interdépendances systémiques, comprendre les mécanismes de fonctionnement et identifier les verrous. Dix membres réfléchissent et travaillent à la recherche d’une méthodologie réutilisable.
Daniel Lenoir anime le groupe « Écologie et justice sociale ».
La question environnementale est sans aucun doute le principal défi du XXIème siècle : sans entrer dans les différentes dimensions (réchauffement climatique, chute de la biodiversité, conséquences sanitaires des produits issus de l'activité humaine, …), elle remet en cause tous nos repères, et notamment ceux relatifs à la démocratie, et chahute nos valeurs enracinées dans nos spiritualités. Elle soulève des questions pour la démocratie, les politiques sociales et les spiritualités.
Il faut donc repenser en même temps notre rapport à la politique et à la démocratie ainsi que notre rapport à l'univers (à la création, pour certaines traditions spirituelles), à la planète, à la nature. Cela signifie revoir les articulations : entre homme et nature, individuel et collectif, local et global, entre mode d’action et délibération démocratique et, bien sûr, renforcer le lien entre les générations.
Là encore l’approche sera ternaire : laboratoire d’idées, cheminement, action.
Sébastien Doutreligne co-anime avec Marcel Lepetit le groupe Laïcité et Spiritualité
La spiritualité est un sujet crucial, elle est constitutive de tout être humain (comme le sont les dimensions physique et psychique) mais c’est un sujet trop souvent rejeté dans la société qui se veut laïque … et par conséquent neutre. Quelle place peut prendre une spiritualité sociétale ?
Une définition claire des termes spiritualité et laïcité sera la base de départ. Ensuite l’enjeu consiste à articuler ces deux notions en alliant théorie et pratique. Pour cela il faut mobiliser les écrits disponibles à ce sujet, solliciter les membres de D&S pour recueillir leur point de vue. On peut ensuite envisager une formation sur la thématique « laïcité » et organiser des entretiens avec des intellectuels et des personnalités politiques.
Le résultat sera publié dans les Lettres D&S et dans un ouvrage recueillant les interviews d’universitaires et de personnalités politiques.
Valérie Pénicaud anime le groupe « Ressources spirituelles des personnes en situation de pouvoir/action dans la cité ».
D&S témoigne de l'hypothèse que démocratie et spiritualité ont partie liée. Il s'agit donc de vérifier si les ressources spirituelles peuvent effectivement participer au soutien de la démocratie et, réciproquement, si la démocratie peut aider à explorer la richesse des différentes expressions de la spiritualité humaine, peut-être le meilleur garde-fou contre toutes les formes d'intégrisme.
L’exercice du pouvoir, avec ses responsabilités, sa lourdeur, ses pièges, implique des ressources spirituelles ; actuellement spiritualité et démocratie sont dans une période de grands bouleversements, de doutes et de réaménagements. Cela peut être une opportunité supplémentaire de les mettre en résonance en les invitant à se redéfinir.
Le groupe envisage d’aller avec un questionnaire à la rencontre de personnes "en responsabilité" dans les sphères politique, économique et sociale. Il souhaite analyser l’expérience de pouvoir à ses différents stades : désir, conquête, exercice, exclusion volontaire ou forcée. Il le fera sur les différents terrains : politique, économique (entreprises), social, administrations centrales et locales, associatif, médiatique...cela aux différentes échelles de responsabilité (pouvoir à distance v/s pouvoir de proximité ; pouvoir « anonyme » v/s pouvoir relationnel, « présentiel »).
Il semble donc pertinent d’inviter les personnes interviewées à préciser leur représentation de la démocratie, de ses atouts comme de ses faiblesses dans le contexte mondial actuel, et en quoi leur conception et leur exercice du pouvoir est inspiré par une le référence spirituelle.
Si, après analyse des données récoltées, le résultat est probant, on peut envisager d’aller plus loin en créant un groupe mensuel avec les personnes intéressées, où les échanges et la capacité d'élaborer ensemble dans la durée, à partir des expériences rencontrées, permettrait de soutenir les personnes en responsabilité conscientes de l'intérêt de cette articulation D&S, et contribuer ainsi à renforcer la dynamique positive dans leurs différents contextes d'action.
Jean-Claude Devèze publiera au printemps son livre : Vers une civilisation-monde alliant culture, spiritualité et politique. Il propose des repères permettant de donner sens aux décennies à venir, relever les défis actuels pour sauver notre terre, notre humanité, notre monde, allier culture, spiritualité et politique pour conduire nos transformations personnelles et collectives. Un groupe de travail « Spiritualité, culture, démocratie » pourra voir le jour après l’AG du 28 avril 2020 pour mener une réflexion sur les interactions entre culture, spiritualité et politique (approche ternaire). Le chemin serait double, d’abord clarifier les dynamiques constructives vers une civilisation-monde promouvant un humanisme intégral et un universalisme pluriel, ensuite dénoncer les dérives culturelles vers le totalitarisme, le fondamentalisme, le transhumanisme
Au cours de l’après-midi, nous concentrons notre réflexion sur l’objectif opératoire à atteindre, voir comment mettre en commun les perspectives selon notre approche ternaire : réflexion/cheminement/action.
Le « laboratoire d’idées » peut rédiger un projet de texte pour notre future « enquête », le groupe « cheminement », envisager un questionnement personnel sur la thématique concernée et comme « action », nous souhaitons proposer au moins une présentation symbolique avec un (des) partenaire(s).
La suite logique sera de traduire nos réflexions et travaux en un cahier des charges pour chaque thème ou envisager des rédactions en transversal pour produire un livrable sous forme de plaquette, de livre ou d’action.
Nous faisons ensemble les premiers pas vers la concrétisation des projets énoncés :
Michel Ray nous rappelle qu’en2021 aura lieu l’anniversaire du Pacte civique, la réflexion menée en D & S peut servir au PC pour se renouveler. Il serait intéressant d’inviter une ou deux personnes du Pacte à la réunion élargie de groupe le 13 Juin pour une réflexion élargie.
Jean-Claude Devèze souligne que dansles sociétés traditionnelles, la spiritualité était la force qui inspire la culture, le contraire est vrai aujourd’hui : la spiritualité est très influencée par la culture ; il faut y introduire la civilisation pour rendre le sujet plus politique.
Pour le groupe « Spiritualité et environnement « Jean-Baptiste de Foucauld évoque le changement du sens du mot « spiritualité » en train de se produire. Dans sa première phase, elle était englobante, dans la deuxième phase, le monde moderne, l’être humain s’émancipe et la spiritualité se fonde sur la transcendance et l’altérité. Cf. le livre de Levinas : « Totalité et infini ». Une troisième phase se cherche, plus immanentiste, plus holiste, marquée par la participation au cosmos.
Le Christianisme semble s’y aligner, le Pape François, dans l’encyclique « Laudate Sì » ne dit-il pas que « L’Univers se déploie en Dieu qui le pénètre tout entier » (233).
Les fondamentaux bougent renchérit Daniel Lenoir, et si le retour de la spiritualité était lié au souci que nous portons à notre environnement en danger ? Nous assistons peut-être à la naissance d’un nouvel âge axial qui voyait entre 800 et 200 avant notre ère l’émergence de penseurs comme Socrate, Confucius et Bouddha. Par une coïncidence extraordinaire, sur trois continents, ces penseurs de la pensée critique sont apparus en un court laps de temps et influent encore aujourd’hui l’humanité.Marcel Gauchet et Michel Serres évoquent ce surgissement d’un nouveau mode de pensée, Michel Fédou parle de la culture grecque comme prémisse de la culture.
En ce qui concerne le groupe sur la laïcité animé par Sébastien Doutreligne, JB de Foucauld met en garde contre la propension française, marquée par la volonté d’universalisation, de faire de la laïcité un principe rationnel clair, facile à appliquer et généralisable. Selon lui, la loi de 1905 est très paradoxale, c’est un bricolage étrange fait de compromis : par exemple, elle déclare que la République ne reconnait ni ne, subventionne aucun culte, mais ce principe est appliquée de manière très variable. Elle garantit la liberté de conscience et pas de conviction, alors que la liberté de conscience est imprenable, Créon ne peut rien contre Antigone… Son apport fondamental consiste à éviter la mainmise d’une religion sur la société mais aussi de qui que ce soit sur quoi que ce soit.
Valérie Pénicaud ne sera plus disponible pour animer le groupe Spiritualité et Pouvoir, Jean-Baptiste de Foucauld et Bertrand Parcollet prendront sa suite.
Pour rendre visible la problématique, un questionnaire a été établi qui sera proposé en interne, avec clause de confidentialité. C’est une idée forte – peut-on envisager une collaboration avec un organisme de recherche ou avec le Laboratoire de la Fraternité ? Ensuite il faudra trouver des personnes ressources, des membres associés et étoffer les équipes.
Bruno Dufay s’investit pour l’instant dans un autre groupe pour réfléchir sur « Spiritualité et numérique » faute de personnes intéressées à D & S.
Etienne Godinot est dans la même situation, en attendant de recruter des membres, il est pour D & S une personne ressource pourle sujet « Spiritualité et non-violence », une conviviale à ce sujet aura lieu le mardi 17 mars.
Les réflexions et les projets du 25ième anniversaires commencent ainsi à porter des fruits :
D & S est présent sur les réseaux sociaux, Google, Quant, Facebook, Twitter, LinkedIn mais manque encore d’un outil efficace pour un réseau interne.
Nos réunions internes se tiennent dans le local du 87, rue de l’Église 75015 Paris. Une participation par téléphone a été organisée (via une pieuvre).
Nos réunions ouvertes au public ont lieu au250bis, Bd. Saint-Germain, au Forum 104, rue de Vaugirard ou à la Fondation Jean Jaurès au 12 cité Malesherbes selon le nombre de personnes prévues. A l’avenir on peut aussi penser aux Maisons des Associations dans les quartiers parisiens.
Les partenariats sont encore à consolider :
Michel Ray assistera le 21.1.20 à la première réunion de « Dialogues en humanité » avec Patrick Viveret, rencontre préparatoire de leur réunion annuelle en juillet à Lyon. Il travaille aussi à l’établissement de relations étroites avec Coexister.
Yannick Moreau et Régis Moreira contactent Up for Humanness (United persons for humanness) et préparent une info pour le prochain CA.
Des contacts ont été pris avec « Littérature et Spiritualités » et le Forum 104.
La prochaine Université d’été aura lieu les 27, 28, 29 Août 2020 au Centre Jean Bosco à Lyon sur la colline de la Fourvière avec pour thème : Le « & » de D & S, l’alliance de la démocratie et de la spiritualité face aux défis actuels.
Pendant ces 2 jours et demi, nous essaierons de comprendre ce que l’articulation entre démocratie et spiritualité peut apporter pour répondre aux grands enjeux de notre monde : écologie et justice sociale, laïcité et spiritualité, le numérique à visage humain, ressources spirituelles des personnes en situation de pouvoir, l’interconvictionnel.
Le constat est unanime, il était utile de faire le point sur l’avancement de nos travaux et dessiner le chemin vers un futur proche.
Monika Sander