En-tête
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  Lettre de D&S n°182

Juin 2021

 

Sommaire

Éditorial

Démocratie et spiritualité sont dans un bateau ….
Daniel Lenoir, Président de D & S

 

Dossier du mois

La Fraternité sauvera-t-elle les valeurs de la République ? – Retour sur la conviviale du 10.5.2021

Compte-Rendu de Michel Ray

 

Nouvelles exigences démocratiques

Religion et politique – Patrick Boulte

 

Résonances spirituelles face aux défis contemporains

Chacun d’entre nous a quelque chose à commencer  - Bernard Ginisty

 

Esprit d'Europe

 Participer à l’avenir de l’Europe

Expédition Cap au Nord : Une aventure humaine et scientifique au service de l’école, de la société et de la planète - Philippe Nicolas

Libres Propos

Altruisme – Monika Sander

 

Art – Poésie

Beauté

 

Notes de lecture

Jean Viard : La révolution que l’on attendait est arrivée – Yvon Rastetter

Erik Orsenna : La passion de la fraternité – Beethoven – Monika Sander

 

Échos

Pré-Programme de l’Université d’été

Point d’avancement de la réflexion des groupes :

- Laïcité et Spiritualité – Sébastien Doutreligne et Marcel Lepetit

- Responsabilité et Spiritualité - Jean-Baptiste de Foucauld, Bertrand Parcollet

Échos de la formation bienvenue du 3 juin 2021 - Régis Moreira

 

Que font nos partenaires ?

Artisans de Paix

Pacte Civique

Écritures & Spiritualités

 

Agenda

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EDITORIAL

Démocratie et spiritualité sont dans un bateau ….

"Démocratie et spiritualité sont dans un bateau. Spiritualité tombe à l'eau. Qu'est-ce qui reste ? .... Rien"

Relisant la charte de D&S à l'occasion de la formation "Bienvenue"[1] destinée aux nouveaux adhérents, nous avons pu constater à quel point elle reste d'actualité dans ses intuitions fondamentales. C'était le constat aussi au moment des 25 ans et qui a conduit à relancer le projet, sur la base d'un texte d'orientation élaboré à cette occasion. Ce qui a changé, en revanche, ce sont les défis auxquels sont confrontées, et les démocraties, et les spiritualités ; ce que cherchait à discerner le texte d'orientation et nous a conduit à cette enquête sur l'esperluette engagée après le point d'orgue que fut le vingt-cinquième anniversaire, cette esperluette, &, qui symbolise notre association en associant l'inspiration spirituelle et l'aspiration démocratique,

Ces défis qu'ont à affronter tant la démocratie dans ses fondements -et pas seulement nos démocraties libérales- que la spiritualité dans sa vitalité -et pas seulement les spiritualités, telles qu'elles s'incarnent, notamment dans les religions-, seront au cœur de notre Université d'été[2]. Depuis trois ans nous avons approfondi certains d'entre eux, mais la crise du Covid a rebattu les cartes, et nous souhaitons faire le point.

On connaît la prophétie, apocryphe, de Malraux, selon laquelle "le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas". On connaît la prophétie de "la fin de l'histoire" de Fukuyama, par victoire par KO des démocraties libérales sur les "démocraties" populaires et leurs régimes totalitaires.  Mais si l'on assiste à un retour, à bien des égards inquiétant, du religieux, tel n'est pas nécessairement le cas de la spiritualité. Et si le libéralisme mondialisé s'est imposé, avec son cortège de victimes collatérales, il suscite des réactions populistes qui risquent d'emporter avec l'eau du bain libéral les fragiles acquis démocratiques. C'est vrai que l'analyse rationnelle des mouvements à l’œuvre à l'échelle de la planète pourrait conduire au pessimisme.

Notre conviction, en tous cas notre hypothèse, c'est que démocratie et spiritualité ont besoin d'un sursaut, d'un sursaut volontaire ; et que ce sursaut sera d'abord spirituel, car c'est lui qui peut nourrir l'optimisme d'une espérance salutaire pour l'humanité. Tel est le sens de l'intitulé que nous avons retenu pour ce moment important de notre intelligence collective qu'est l'Université d'été "Quel sursaut spirituel pour faire face aux défis auxquels est confrontée la démocratie ?"

Daniel Lenoir, Président de Démocratie & Spiritualité

[1] Cf. la rubrique Echos

[2] Cf. la rubrique Echos

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DOSSIER DU MOIS :

La fraternité sauvera-t-elle les valeurs de la République ?

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La fraternité sauvera-t-elle les valeurs de la République ? - Conviviale du 10 mai 2021

Daniel Lenoir introduit le sujet et présente les intervenants. Le sujet de la fraternité est une thématique transversale prioritaire pour D&S. Ce sont les révolutionnaires de 1848 qui adjoignent au diptyque républicain la notion de fraternité et l’inscrivent dans la Constitution de la IIe République. A l’occasion du 10 mai, Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition, cette soirée prépare aussi la Journée Internationale du Vivre ensemble en Paix, célébrée tous les 16 mai depuis son adoption par les Nations-Unies en 2017. Cette conviviale concrétise le partenariat avec le Laboratoire de la Fraternité qui a été fondé par un ensemble d’associations dont le Pacte Civique en 2017.

 

Éric Thuillez est porte-parole du Laboratoire de la Fraternité

Les objectifs du Laboratoire sont :

-          d’apporter de la connaissance (baromètre) : par des sondages annuels d’opinion,

-          de développer un plaidoyer qui s’adresse aux pouvoirs politiques,

-          et de mettre en valeur les initiatives de ses membres.

Le baromètre 2021, constitue la 4ème édition et a été réalisé par l’IFOP sur 1500 personnes. Ce baromètre scrute les opinions et comportements dans la relation (indépendamment de la sphère familiale intime), qu’ont les Français avec d’autres personnes. Il scrute la diversité et leur positionnement à l’égard de la diversité : ethnique, religieuse, générationnelle, sociale …

Quelques résultats importants, dont une certaine crispation autour de l’immigration : 

Les Français vivent la diversité, en font une caractéristique de la France (91%), considèrent que c’est une bonne chose (89 %), et que cela enrichit la créativité. Leur vision de la France est plutôt positive, c’est une terre de liberté (77%), généreuse et solidaire (68%), et tolérante (66%). L’origine des opinions vient en premier lieu de la famille à 46% puis de l’environnement professionnel, amical, puis de l’école (28%) et des média (14%). Le politique n’influe qu’à 10%. Au travers du baromètre, on scrute aujourd’hui non plus une opinion mais une expérience personnelle et des sujets émergents de discrimination : âge, sexe et religion.

La fréquentation de personnes d’origine différente de la sienne se situe à un niveau assez bas (36 %), et ayant une autre religion (34%). Au-delà de l’opinion favorable que les sondés ont de leur pays et de leur intérêt pour la diversité, le paradoxe réside dans la défiance dans la relation à l’autre : 72% des sondés (9% de plus en un an). La même question posée dans les pays nordiques donne un taux très nettement inférieur. Le contexte de la pandémie et du confinement ont mis en valeur des actions de solidarité, de prise de contact avec des personnes isolées (72%), la livraison de courses (36%), … On constate une certaine ambivalence dans la question intergénérationnelle : il est normal que des sacrifices aient été demandés sur les questions de santé pour protéger les personnes âgées (74%), et a contrario la jeunesse constitue une génération sacrifiée notamment les moins de 26 ans. On aboutit à un conflit probable de générations (40%). Pour autant, la France est définie comme une terre de fraternité (63%, soit 7% de plus en un an), et les Français se déclarent disponibles pour agir avec d’autres personnes : il existe une envie de développer la fraternité. Les Français sont en manque d’occasion d’avoir des relations avec d’autres que leurs intimes. La pandémie leur a donné ces occasions. Développer la fraternité : les Français sont partagés entre l’envie de faire et leur capacité à faire.

Plusieurs sujets politiques s’avèrent à débattre en vue d’agir :

-          Les inégalités : 46 % des Français considèrent la France comme une terre d’égalité ;

-          Les migrants et les conditions de leur accueil ;

-          L’emploi des jeunes qui ont beaucoup souffert de la pandémie ;

-          La défiance à l’encontre des médias qui rendent compte des gens qui me ressemblent.

Le Labo pense qu’il faut maintenant une parole publique forte qui s’exprime. Un plaidoyer va être présenté aux différents ministres, 1er ministre, aux conseillers du Président, construit autour de 5 objectifs :

-          Instaurer une Journée nationale de la fraternité et du vivre-ensemble en paix, le 16 mai, en lien avec un rapport du CESE,

-          Développer massivement le service civique pour qu’il atteigne 80% des classes d’âge, et des actions aux moments-clés du parcours scolaire,

-          Faire de la fraternité un critère d’inspiration et d’évaluation des politiques publiques et du fonctionnement des services publics ; le Conseil constitutionnel vient de donner une base juridique nouvelle et importante,

-          Généraliser l’éducation à la fraternité, avec des modules pour l’Éducation nationale, l’éducation populaire, une pédagogie de l’empathie et l’enseignement du fait religieux,

-          Encourager les citoyens de tous âges à s’engager pour la fraternité, les entreprises pour le mécénat, le tout en co-construction avec les bénéficiaires.

 

Patrick Viveret, philosophe, est cofondateur des rencontres internationales « Dialogues en Humanité », il participe à de nombreuses initiatives citoyennes (le Pacte civique, le Manifeste convivialiste ou l'Archipel citoyen " Osons les Jours heureux"). Auteur en 2015 de Fraternité j’écris ton nom, (Les Liens qui Libèrent), il a participé en 2016 à un ouvrage collectif : Osons la fraternité, Manifeste pour un monde ouvert (Éditions Yves Michel).

On note une ambivalence de la France et des Français avec une approche de la fraternité faite d’éléments positifs et d’autres plus inquiétants. Le Français doit réaliser un travail sur lui-même selon que le curseur est positionné vers la peur ou le repli, ou du côté de l’intelligence et de la fraternité. Avec une configuration différente, il en est de même pour la France, l’Europe, la planète.  Il suffit de penser par exemple aux conséquences de la possible élection de Marine le Pen : la « pandémie émotionnelle » est la face noire de la France comme régulièrement nous en avons connues dans l’histoire, avec des formes de repli voire de barbarie. Robert Badinter disait que nous n’étions pas le pays des Droits de l’homme mais celui de la Déclaration des droits de l’homme …

Il n’y a de possibilité d’agencement de la liberté et de l’égalité qu’avec la fraternité, sinon c’est la rivalité contre autrui, ou le collectivisme autoritaire. La capacité de la France à mettre en œuvre sa propre devise fait que ce n’est pas un conflit entre les barbares et les civilisés mais un conflit intérieur entre une logique de civilisation ou de barbarie. Le fait d’avoir été colonisé n’est pas une garantie de ne pas devenir soi-même barbare. D’où le nécessaire devoir mémoriel.

Il faut œuvrer pour une humanité plus humaine, plus humanisée, et « réussir l’anthropocène » en mettant en œuvre une humanité plus fraternelle. Il faut aller vers une humanité sapiens-sapiens plutôt que sapiens-demens selon la définition d’Edgar Morin. Sapiens c’est l’intelligence au service de la construction ; sapiens=la sagesse, a la même racine que la saveur, qui monte vers le désir d’humanité.

La notion d’archipel de Jérôme Fourquet conduit à une menace de fragmentation. Il faut plutôt se référer à celle d’Édouard Glissant, poète antillais engagé dans la lutte contre l’esclavage : un archipel reconnaît, respecte les identités racines, sinon la peur d’être dominé produit la régression.  Cela passe par la co-construction du commun, sans hégémonie d’aucun acteur. La globalisation est la négation des identités racines, elle crée des colères identitaires. La forme archipel a besoin de la fraternité. C’est vrai aussi sur le plan spirituel. Une façon de penser la laïcité sur ce mode, c’est la reconnaissance des traditions spirituelles (pas que religieuses), avec cette exigence d’un commun qui ne soit pas sous domination de quiconque. Car le renoncement à toute domination est déterminant, et implique un travail sur soi.

 

Claire Héber-Suffrin est co-initiatrice des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs. Enseignante et formatrice, membre de D&S, elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, dont en 2021 Puissance de la reconnaissance : Chemin d'humanisation réciproque (Chronique sociale).

« On apprend de ce qu’on vit » : la fraternité s’apprend à tout âge de la vie. Trois questions de société se posent :

-          Celle d’une société qui malmène un certain nombre de ses enfants, qui ne les soutient pas ;

-          Celle d’une société dans laquelle il y a des mécanismes de désapprentissage

-          Celle d’une société trop individualiste : comment favoriser un apprendre ensemble à construire un commun fraternel ?

Pour apprendre la fraternité, 3 mots-clés fondateurs :

Réciprocité : « ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse », est une notion de portée citoyenne générale. Apprendre, tout en apprenant la fraternité et la coopération : à l’école, à l’université, inviter chacun à être offreur et demandeur de savoir, quel que soit le savoir. Ne pas s’enfermer dans un système de dettes. Il y a un bonheur à partager son savoir et un bonheur à apprendre dans des relations de parité. Il faut se considérer par rapport à « de qui on veut apprendre et à qui on veut apprendre ». Ainsi, il n’y a pas de perdant. C’est un cadeau à l’autre que de lui livrer son ignorance : je demande à apprendre. Il faut aussi faire le lien entre fraternité et solidarité (exemple des pèlerins d’Emmaüs). Chacun sera plus solide avec lui-même et dans sa relation à l’autre.

Reconnaissance : savoir reconnaître la valeur de soi, de l’autre, de ce que l’on sait, se connaître mieux, se connaitre à neuf. On est empêtré dans nos représentations. Il faut se mettre dans une dynamique de reconnaissance : apprendre à nous renommer. Par exemple, pour les enfants qui sont en difficulté, en marge de l’école, il faut regarder leur expérience de vie commune et personnelle, elle peut nous apprendre y compris de nous-même. La reconnaissance peut s’exprimer par la gratitude : à qui je m’identifie, pour avoir envie d’être comme eux ? Plutôt que vivre ensemble, vivre en relation.

Le « je » se construit sur tous les « tu » qui m’ont nommé … (Albert Jacquard).

La reconnaissance peut aussi se définir comme l’ouverture à la présence à l’autre et de l’autre.  Le plus important, ce moment, ici, avec vous. L’intensité de la présence. La fraternité fait appel à l’intensité, à la densité de la présence à l’autre et à soi. On n’a jamais autant rencontré de gens que dans les réseaux sociaux… Il y a un entre-soi fraternel : comment en sortir et faire de la diversité une chance pour chacun ? La reconnaissance c’est une fonction de tremplin, se donner à créer, et il s’agit bien de créativité et non pas reproduction de ce qu’on a déjà su faire. Se donner de l’avenir ensemble.

Responsabilisation réciproque : éthique, politique, spirituelle et pédagogique, développée par Paul Ricœur. La responsabilisation se fonde sur trois mouvements :

• Estime de soi : je ne prends mes responsabilités que si ça m’apporte suffisamment de relation à autrui, mais pas dans une relation gagnant ou perdant. Il faut sortir de cette logique.

• Avoir suffisamment de désir de vivre dans des institutions justes (républicaines, entrepreneuriales, …). Si on ne croit pas qu’elles peuvent être plus justes, comment entretenir le désir de les rendre plus justes ?

• La co-éducation (plutôt que la parentalité) : nous éduquer mutuellement, éduquons-nous ensemble avec nos enfants, cohabitons concrètement, pas dans les paroles, mais dans la pratique (référence à Ivan Illich). La co-éducation est un travail d’émancipation réciproque et coopérative : elle émane de notre besoin de nous émanciper et de notre besoin d’émanciper les autres.

 

Abdennour Bidar, philosophe, spécialiste de l’islam et des évolutions de la vie spirituelle dans le monde contemporain, président des associations Sésame et Fraternité Générale. Auteur notamment en 2015 de Plaidoyer pour la Fraternité (Albin Michel).

Les temps sont durs pour la fraternité, on l’a vu avec l’analyse du baromètre du Labo de la Fraternité. Nous sommes dans une société de la défiance où les inégalités s’aggravent de manière scandaleuse. Depuis 2015, nous traversons une période très noire : attentats islamistes et épisodes récents qui témoignent d’une fracture, période des gilets jaunes (une grande détresse qui s’est exprimée et avec violence), crise sanitaire qui nous oblige à nous voir en Visio (la présence a été supprimée de notre vie, c’est extrêmement préjudiciable). La population est confinée ? Non, elle est enfermée. Il y a destruction de la vie sociale. C’est un préjudice énorme pour la vie associative.

Quels motifs d’espoir avons-nous ?  Combats et résistance. Patrick Viveret fait référence à l’archipel, un chapelet de petites iles : il nous faut résister de toutes nos forces contre tout ce qui disperse notre société ; en 2015, j’ai écrit un plaidoyer pour la fraternité au regard de la poly-fracture de cette société. Nous avons des opportunités de nouvelles solidarités, on voit des comportements admirables face à des situations de détresse, d’abandon, d’isolement. Sauver la République en votant Le Pen ?  Demain ce serait la montée du populisme et du racisme, mais dans quel état sommes-nous aujourd’hui ? Cette société éparpillée. Il faut résister en créant un archipel, construire de toute urgence à petite échelle, chacun et chacune là où nous sommes, des petits écosystèmes de fraternité. C’est la seule chance de résister. Résistance, révolution, on ne peut plus employer des demi-mots ; travailler la mise en culture de la fraternité.

La fraternité induit un triple lien :

• avec l’autre : comment ouvrir mon cœur à des gens qui ne sont pas mes proches ? Aime ton prochain comme toi-même alors que nous n’avons pas les mêmes religions, pas les mêmes opinions, pas les mêmes affinités ?

• avec la nature, on vit dans un environnement urbain avec de la matière morte : comment cultiver des formes de vie dans un environnement mort ?

• avec soi, avec son propre cœur, en conformité avec nos idéaux les plus profonds : source de transcendance en soi. Tout est à reconstruire en repartant d’en bas de chez soi avec ceux du quotidien.

On va attendre que tout vienne d’en haut ? Je doute que la fraternité devienne une politique publique. On a la chance d’être dans quelque chose qui ressemble à une démocratie, mais on ne peut pas attendre. Nous avons un travail à faire nous-mêmes et avec les gens autour de nous.

Merci de me dire si je dramatise. Je lance un cri d’alarme.

 

Interventions des participants à la conviviale

Des témoignages de l’assistance, et des questions/réponses qui ont suivi, on peut retenir plusieurs pistes :

-          Même dans des environnements contraints comme aujourd’hui, la fraternité et la vie peuvent trouver des interstices pour s’épanouir, la clé c’est de les chercher concrètement.

-          Face aux défis actuels, à commencer par le Covid, il y a aussi des opportunités à devenir mieux partenaires au sein de nos communautés de vie, même en EHPAD.

-          Aller au contact de personnes identitaires peut faire peur, mais ces rencontres demeurent possibles et sont importantes.

-          Dans les structurations de relations entre groupes sous formes d’archipels, l’absence de centre évite le développement d’hégémonies.

-          « Faire de la présence un véritable présent » est un beau programme de fraternité.

-          Le rôle des citoyens et des associations pour développer des propositions incarnées de fraternité, est d’autant plus important que les institutions peinent à réussir dans ce domaine.

Les résultats détaillés du Baromètre de la Fraternité sont disponibles à partir du 19 mai 2021 sur le site :   https://www.labodelafraternite.fr

 

Daniel Lenoir

Merci aux intervenants et à tous. Notre présence était distante mais pas absente. Des interventions et échanges se dégagent trois niveaux :

- interpersonnel dans la relation et la reconnaissance de la proximité de l’autre. C’est la réinterprétation de la « présence réelle » que propose Claire Héber-Suffrin ;

- écosystèmes de proximité : créer des communautés fraternelles qui ne sombrent pas dans le communautarisme (réf. à Emmanuel Mounier), qui fassent archipel, constitué de chapelets d’îles reliées entre elles ;

- politique : le niveau politique a du mal à intégrer la fraternité. Si l’on regarde ce qui s’est passé autour de la situation de Cédric Héroux, on voit que le principe de fraternité peut s’opposer à l’application de détail rigide de la loi. C’est une décision fondamentale. S’agissant de l’aspiration à des institutions justes, à la justice sociale et environnementale, Abdennour Bidar propose une révolution, Éric Thuillez, de participer à la parole publique. En tout état de cause, il nous faut conjuguer démocratie et spiritualité.

Michel Ray-14/6/21

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Nouvelles exigences démocratiques


Religion et politique

Le 26 mai dernier, était diffusé par zoom un échange, organisé par l’ASCPE, entre Philippe Herzog, ancien président de Confrontations Europe et Alain Lamassoure, ancien Ministre, ancien député européen et, actuellement, président de l’observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe. Son thème était : « religion et politique : pourquoi il faut rouvrir l’histoire ? ». Plusieurs membres de D&S y assistaient.

Le point de départ de Philippe Herzog a été le constat que, par construction, l’Union européenne souffrait d’un manque d’assise culturelle. Il faut se rappeler que, selon le sociologue T. Parsons, « pour survivre et se développer, (une) communauté sociale doit maintenir l’intégrité d’une orientation culturelle commune, partagée dans l’ensemble par tous ses membres et constituant le fondement de son identité sociale. » Et ce n’est, ni la fonction, ni la capacité, du politique de la donner. Or, l’Union européenne, comme la France, manque d’assise culturelle. D’une part, le mouvement de sécularisation, facteur de perte et d’oubli des patrimoines religieux, même s’ils continuent, heureusement, de jouer un rôle, même à l’état de résidu et à notre insu, d’autre part, la réticence à se référer à l’histoire après les catastrophes du XXème, venant s’ajouter à sa méconnaissance, laissent nos contemporains démunis pour se constituer des horizons de sens. D’où un sentiment partagé d’impuissance, la peur d’envisager l’avenir, la propension à se réfugier dans le court terme.  Philippe Herzog soulignait le fait que le constat d’un besoin de transcendance et de l’épuisement, concomitant, des sources culturelles aptes à y répondre avait été fait de longue date, y compris par des auteurs, comme H. Arendt, A. Camus et autres qui, pour autant, n’avaient pas, personnellement, de référence religieuse.

Plusieurs conséquences essentielles en résultent pour la construction des personnes. L’accent est mis aujourd’hui sur l’autonomie et la liberté des individus, dans l’oubli que celles-ci ne sont pas suffisantes pour assurer la possibilité d’une vie collective. Il y faut aussi la responsabilité. Or, cette dernière commence par la conscience de soi, par la solidité personnelle, qui résulte du processus de construction de soi et de sa propre cohérence, indispensable pour être capable de faire face aux aléas de l’existence et pour être capable de prendre soin d’autrui. Les étapes ou les ingrédients de cette construction n’ont pas été clairement dégagées par l’échange. Alain Lamassoure a évoqué le risque de retour aux idoles, comme la nation, le parti ou la terre (au sens écologique) et d’une vision trop simpliste de la réalité. Elle requiert une capacité d’écoute, un travail. Philippe Herzog mentionnait, à cet égard, le travail introspectif auquel s’était livré saint Augustin à 32 ans, ce qui lui a permis, peut-être, de ne pas flancher quand il s’est trouvé, bien plus tard, cerné par les vandales et en pleine décomposition de son univers, l’empire romain. Ce n’est qu’une fois effectué ce travail d’intériorisation – ou à l’occasion de ce travail - que peut entrer en jeu la dimension transcendantale pour laquelle la religion peut constituer une ressource.

Comment cette démarche se transmet-elle ? En principe, c’est le rôle de l’éducation. Partout en Europe, selon Alain Lamassoure, le projet des États a été de s’en remettre au seul enseignement moral et civique. Il s’avère, selon lui, qu’en dehors des États dictatoriaux, cette politique est, actuellement, en échec partout. En France, l’attirance de bien des parents pour l’école privée, censée de soucier davantage d’éducation, ne se dément pas, sans qu’il soit possible d’en tirer des conséquences pour l’école publique.

Et l’histoire dans tout cela ? C’est pour les protagonistes de l’échange une voie qui reste ouverte ou qu’il convient de rouvrir, si l’on veut contribuer à la constitution d’une communauté politique et spirituelle européenne. Il s’agirait de mieux prendre conscience de l’immense travail séculaire qu’il a fallu aux européens pour atteindre, au milieu de biens des épreuves, leur niveau de capacité individuelle et collective, mais aussi des efforts consentis pour réaliser, depuis soixante-dix ans, un état de paix entre des peuples qui avaient cru, pendant des siècles, à la nécessité de la guerre.

Telle est ma lecture de cet échange qui a donné lieu à un survol historique très riche, mais difficilement synthétisable, de Philippe Herzog, sur les relations entre foi et raison tout au long de l’histoire, cette histoire que, plutôt que de la caricaturer, nous aurions intérêt à nous réapproprier pour en tirer les enseignements nécessaires à l’accomplissement de la tâche qui nous revient de lui donner une suite.

 

Patrick Boulte  - 7.6.21

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Résonances spirituelles face aux défis contemporains

 

Chacun d’entre nous a quelque chose à commencer 

 

Dans son ouvrage publié en 1888 intitulé Le Crépuscule des idoles, Friedrich Nietzsche écrivait ceci : « Le rude ilotisme auquel l'effrayante étendue des sciences a condamné de nos jours chaque individu est une des raisons principales qui font que des natures plus pleines, plus riches, plus profondes, ne trouvent plus d'éducation ni d'éducateurs à leur mesure. Ce dont notre culture souffre le plus, c'est d'une pléthore de tâcherons arrogants, d'humanités fragmentées » (1). Cette « fragmentation » n’a cessé de s’étendre.Où trouver alors ce « supplément d’âme » dont le plus borné des apparatchiks a encore besoin pour le vibrato final de son discours ? La « morale » faisant ringard, l’éthique apparaît comme un des discours encore audibles.

Un peu partout fleurissent des comités d’éthique dont l‘existence fait partie de la panoplie complète du bon manager.  Cette inflation n’est pas sans poser question. Lorsque on entend les proclamations « éthiques » de certains dirigeants ou encore les propos vendus dans des séminaires sur « l’éthique de l’entreprise », on reste quelque peu perplexe sur la fonction de ce discours. L’éthique serait-elle le denier décor en trompe l’œil à la mode capable de donner un horizon de profondeur aux platitudes gestionnaires ?  Bref, l’éthique serait-elle le nouvel « opium du peuple » ?

Opium du peuple, en effet, si l’éthique se borne à un discours général sur le triste état du monde et à une incitation à la réforme des comportements… des autres ! Cependant, l’éthique prend toute sa signification lorsqu’elle devient une exigence qui me concerne, m’interroge, me dérange, me débusque de mes trop faciles conforts.

Dans une lettre de prison adressée à sa femme, Vaclav Havel, alors dissident et futur Président de la République tchèque, écrivait ceci : « L’idée de Levinas que « quelque chose doit commencer », que la responsabilité établit une situation éthique asymétrique, et que cela ne peut pas être prêché, mais supporté, correspond en tous points à mon expérience et à mon opinion. Autrement dit, je suis responsable de l’état du monde. J’ajouterai même que si l’on a des exigences étonnamment lourdes vis-à-vis des autres, c’est généralement le signe infaillible que l’on n’est pas prêt à les assumer soi-même. Le conflit entre les paroles et les actes est un des aspects de la crise d’identité et est à lier au phénomène de la spécialisation ; les experts en responsabilité n’ont pas besoin d'être responsables eux-mêmes parce que ce n’est pas pour cela qu’ils sont payés. J’ai souvent posé ce problème dans mes pièces (de théâtre) : tu te souviens peut-être que les discours éthiques les plus cohérents sont souvent prononcés par les personnages les plus faibles et par les plus fieffés coquins » (2).

L’acteur éthique est celui qui, modestement, prend le risque d’une dissidence, non pas nom d’un je ne sais quel don quichottisme, mais tout simplement parce que, sujet humain responsable, il ne peut se contenter de « répéter », Comme l’affirme Vaclav Havel après Emmanuel Levinas, chacun d’entre nous « a quelque chose à commencer » (3). Et, pour vraiment commencer, peut-être faut-il d’abord se désintoxiquer de ce qui nous est assené quotidiennement comme évidences.

 

Bernard Ginisty  - le 18 juin 2021

 

(1)   Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) : Crépuscule des idoles   in Œuvres philosophiques complètes, tome 8, éditions Gallimard Paris 1974, page103.

 (2)   Vaclav HAVEL (1936-2011) : Lettres à Olga, Éditions de l’Aube, 1990, pages 340-341

 (3)    C’est à partir de la philosophie du « pouvoir-commencer » que Hannah ARENDT (1906-1975) élabore son concept de la démocratie. Hannah Arendt écrit : « Le commencement, avant de devenir un événement historique, est la suprême capacité de l’homme ; politiquement, il est identique à la liberté de l’homme. Pour qu’il y ait eu commencement, un homme fut créé, dit Augustin. Ce commencement est garanti par chaque nouvelle naissance ; il est en vérité chaque homme » (Le Système totalitaire Éditions Payot Paris 1996 p.232). La démocratie, garantit que dans l’être-ensemble, chacun conserve une chance de pouvoir poser son propre commencement ; elle est la grande tâche qui consiste à apprendre à vivre dans l’absence d’accord. Lorsque nous nous rencontrons dans un monde commun, ou lorsque nous voulons nous accorder, nous découvrons que chacun de nous vient d’un commencement différent et s’arrêtera à une fin tout à fait différente. La démocratie reconnaît cette diversité, elle est prête accepter que renaisse sans cesse le débat sur la vie en commun.

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Esprit d’Europe

Participer à l’avenir de l’Europe

Le processus de la réflexion sur l’avenir de l’Europe a été lancé en mai 2021 par une vaste consultation citoyenne. Les conclusions devraient être connues au printemps 2022.
L’objectif ? Donner aux citoyens des 27 États membres, la possibilité d’exprimer ce qu’ils attendent de l’Union européenne. Ainsi, pendant plusieurs mois, des débats, conférences et autres événements sur l’avenir de l’Europe seront organisés dans tous les pays membres. Au centre de ce dispositif, une plateforme numérique citoyenne qui vise à associer les citoyens européens aux décisions qui seront prises en fin de consultation.

Pensée pour créer un débat ouvert et transparent à l’échelle des 27 États membres, elle souhaite inclure le plus grand nombre dans un processus participatif. C’est pourquoi elle est disponible en 24 langues. Le site, en ligne depuis le 19 mars 2021, doit permettre aux Européens d’exprimer leurs craintes, de partager leurs rêves et leurs attentes, d’engager le dialogue avec leurs représentants. Les 11 grands thèmes privilégiés ne comprennent ni la défense, ni la démographie.

Pour participer : https://futureu.europa.eu/?locale=fr

Envoi de Jean-Claude Devèze

 

 

Que fait une expédition au Cap Nord dans une LETTRE sur la fraternité ?

C’est simple, une aventure humaine est également une aventure fraternelle. Jean-Baptiste de Foucauld a établi le lien entre le CIRET et D & S via Florent Pasquier que nous connaissons bien.

La présentation du projet était remarquable tant par son contenu que par les personnes qui y participeront : un groupe de jeunes, préparé de longue date, partira en Islande cet été pour constater et comprendre sur place le changement climatique à l’aide d’explorations scientifiques. Place aux Jeunes !

 Expédition Cap au Nord : une aventure humaine et scientifique au service de l’école, de la société et de la planète.

Dans le cadre du Centre International de Recherches et études Transdisciplinaires (CIRET).

 Du 17 au 28 juillet prochain, 14 ambassadrices et ambassadeurs jeunes du projet Cap au Nord partiront en expédition dans le sud de l’Islande sur un camp autogéré en pleine nature pour vivre des explorations scientifiques dans la perspective de comprendre la mutation climatique.

Lorsque nous avons en équipe posé les bases du projet de l’aventure humaine et scientifique Cap au Nord sous l’intitulé « L’école face aux plus grands défis du 21ème siècle », nous ne pouvions prédire que nous serions au plus près des problématiques mondiales, et ce notamment avec la pandémie virale qui sévit encore sur la planète entière.

Cap au Nord est bien à considérer comme une direction, une perspective que propose les huit territoires pionniers, avec leurs écoles et leurs collèges, avec leurs enseignantes et enseignants, avec leurs enfants, avec leurs élèves et leurs familles, avec leurs chercheuses et chercheurs, avec leurs entreprises partenaires.

Le projet s’inscrit dans un nouveau paradigme, celui qui écoute ce que la terre et les enfants nous réclament pour l’avenir du genre humain. Il s’appuie sur la volonté de coopérer dans la perspective collective d’élancer une grande aventure humaine et scientifique en additionnant les dispositions singulières des élèves perçues par chacun comme une chance unique d’apprendre à vivre ensemble.

« Donner le meilleur de soi pour l’ensemble plutôt que d’être le meilleur de l’ensemble ! » est la maxime de ce projet.

En convoquant la notion de service à tous les étages de cette aventure, service des enfants, service des acteurs sociaux, service de l’école, service de la planète, L’école face aux plus grands défis du 21ème siècle - Cap au Nord répond non seulement au formidable défi mondial du dérèglement climatique, mais aussi au défi de l’habitat durable et responsable, et consent à recouvrer l’harmonie avec la nature élargie à la notion de Vivant.

L’école face aux plus grands défis du 21ème siècle - Cap au Nord, c’est déjà et surtout un socle existant composé de :

Un comité de pilotage :
Un comité d’innovation pédagogique 8 territoires pionniers

8 représentants de territoires
12 établissements
14 chercheurs impliqués
2 week-ends nature d’intégration

Une expédition :

3 modules d’exploration en robotique
Un tiers-lieu partenaire
Un voilier partenaire
Un long métrage

Nicolas Vanier, parrain du projet - Philippe Meirieu, soutien du projet

L’école face aux plus grands défis du 21ème siècle - Cap au Nord est une grande investigation au service des enfants et de la planète et s’adresse à tous les collèges et écoles de France avec les partenariats des jeunes chercheurs polaires de l’APECS France.

Dans le respect des programmes de l’Éducation Nationale de septembre 2020 à juillet 2021, cette recherche globale, soutenue par des chercheurs et lesdits partenaires selon des modules en ethnologie, glaciologie, anthropologie, récits d’aventure a favorisé la progression du projet et son appropriation par les classes des établissements engagés.

Le paradigme du projet s’enracine sur :

• Construire une relation d’« égal à égal » entre l’enfant et l’adulte.

• S’inscrire dans le monde actuel en étant acteur et auteur.

• Faire l’expérience de la confiance, de l’assurance, de la coopération, de l’encouragement, de la responsabilisation et de l’autonomie.

• Donner son meilleur plus que d’être le meilleur.
• Aller vers une connaissance de soi, des autres et du monde. Apprendre à se relier, se reconnecter avec la nature.

• S’approprier l’approche transversale et pluridisciplinaire pour penser la complexité du monde.

• Entrer dans les apprentissages en redéfinissant le statut de l’élève acteur et chercheur et de l’enseignant accompagnateur.

• Se réjouir de la progression personnelle et collective, être ambassadeur d’un projet.

• Mesurer le chemin parcouru, et ce tout en approfondissant la réalité des défis sociaux contemporains.

Du 17 au 28 juillet prochain, 14 ambassadrices et ambassadeurs jeunes issus des établissements engagés dans le projet Cap au Nord partiront dans le sud de l’Islande sur un camp autogéré en pleine nature pour conduire des explorations scientifiques en biologie marine, en glaciologie, en anthropologie et en océanographie dans la perspective de comprendre la mutation climatique. Ils seront accompagnés par 4 adultes référents Cap au Nord. Leurs recherches seront largement favorisées par trois modules d’exploration scientifique en robotique conçus par les ambassadeurs eux-mêmes et réalisés au faclab Numixs de Sarcelles. Deux cinéastes, dont Solène Desbois, s’embarqueront dans l’aventure avec la mission de tourner des images pour un film à haute valeur pédagogique en vue de ré-enchanter l’école et la société.

Philippe Nicolas, initiateur du projet, chercheur en Sciences de l’Éducation

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Libres Propos

La Rédaction de la LETTRE ouvre cette rubrique aux membres de D&S qui veulent contribuer aux débats.

 

Altruisme

Je me suis souvenue de ce mot un peu désuet en assistant à une réunion de jeunes créant un centre d’accueil pour personnes en grande difficulté en banlieue parisienne ; le bénévolat donne lieu à des rencontres exceptionnelles en toute fraternité.

 Quand Auguste Comte mentionne le mot « altruisme » en 1852, il ne se doutait sans doute pas de l’usage que l’on en ferait. Il y voyait de la bonté, de l’amour pour le prochain. Et si l’altruiste était un égoïste ayant besoin du bien-être d’autrui pour être heureux comme le disent les utilitaristes anglais ?

 En réalité, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons pour être altruiste surtout aujourd’hui où le monde semble en quête de sens face à un environnement trépidant, changeant, souvent violent dont les repères ont en grande partie disparus. Déjà en 1917, le sociologue Max Weber en était conscient en parlant du « désenchantement du monde » pour désigner le processus de recul des croyances religieuses et magiques au profit des explications scientifiques.[1] Marcel Gauchet renchérit en parlant de « l’épuisement des ressources intellectuelles et spirituelles de la laïcité militante ».[2]

Cela crée de l’espace pour toutes les régressions. Quel meilleur remède que le désir de vouloir rendre l’autre heureux ? Nous le faisons instinctivement pour nos enfants, pour nos parents, il ne doit pas être difficile d’y inclure l’autre, beaucoup d’autres.

Tout est dans le regard que nous portons sur les autres. Bien sûr, la vie nous force plus ou moins de nous protéger, de cacher notre humanité pour ne pas nous laisser atteindre, pour résister aux pressions. Mais l’angoisse du chemin inconnu peut nous priver de la joie d’une vraie rencontre. Oser une parole ? Cela peut s’avérer dangereux, la parole peut détruire, ridiculiser mais aussi entraîner au loin. Une fois partie, elle est impossible à contrôler et les retours peuvent s’avérer dévastateurs. Ne pas contacter les autres pour ne pas se laisser atteindre ou transformer en retour, cela semble être de la sagesse, surtout à l’époque des fake news.

Essayons de dépasser ces craintes, osons, laissons la vie entrer et dépasser nos introspections, nouons des relations avec des voisins, des inconnus, même venant de pays lointains, avec une culture incompréhensible au premier regard – et créons des relations empreintes de chaleur humaine. Cette chaleur déteint sur nous, nous entrons dans l’ère du don et du contre-don, découvrons la complexité de l’être humain autrement que par une analyse parfaitement décrite, nous rencontrons des êtres humains aimables dans tous les sens du terme. Oublier ses certitudes, ses jugements, être conscient de sa pauvreté et se réjouir simplement de cette vie donnée en abondance, cela s’appelle « la fraternité ».

La vie reprend – prenons-la à bras le corps sans crainte et pleins d’espérance comme l’écrit Charles Péguy dans Le Porche du Mystère de la deuxième vertu en 1912 :

 Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance

Et je n'en reviens pas.

Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.

Cette petite fille espérance.

Immortelle…

 

Monika Sander, juin 2021

 

[1] Wikipédia

[2] Marcel GAUCHET, La religion dans la démocratie. Parcours de la laïcité, Gallimard Paris 1998 p. 29

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Art,Poésie

 

Beauté

 

Traverser la canopée au centre de la capitale dans la fraicheur d’un matin parisien. Entrer dans la magnifique rotonde de la Bourse de Commerce qui vient d’accueillir une partie de la collection Pinault. Admirer la peinture. Se réjouir de la courtoisie du personnel. Déguster un café au dernier étage et profiter de la vue.

Visiter le musée Cernuschi, récemment rénové. Scruter les estampes relatant le Voyage sur la route spectaculaire du Kisokaidō qui reliait Edo (aujourd’hui Tokyo) à Kyoto du XVIIe au XIXe siècle, estampes réalisées par Eisen et Hiroshige entre autres.

Se promener dans le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris qui gagne en intérêt avec un nouvel accrochage et la mise en valeur de dons récents.

Se laisser porter par Les Odes de David Van Reybrouck publiées par Actes Sud, leur sérénité, leur beauté et leur élégance apaisent et redonnent goût à la vie.

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Notes de lecture

 

Jean Viard, La révolution que l'on attendait est arrivée, Fondation Jean-Jaurès, l’Aube, 2021

Le couple numérique/écologie est le leitmotiv de l'ouvrage de Jean Viard ; sous-titre « Le ré-enchantement du territoire ».

Il n'emploie pas le terme de ré-enchantement dans le texte, mais souvent celui « d'esprit des lieux » appliqué au territoire, terme bien dans l'esprit du temps du ré-enchantement après la série de déplorations sur le désenchantement du monde.

Associer le numérique, avec ses fantasmes de dé-corporation, de fuite de la réalité corporelle qu'incarnent (sic) les geeks de façon caricaturale, et la confrontation au vivant, ou pour le dire autrement, la réincarnation du vivant qu'implique la pratique de l'écologie sur le terrain, est un coup de génie d'un sociologue, grand explorateur, scrutateur depuis plus de 40 ans.

Il montre tout au long de l'ouvrage que cette approche est pertinente et offre un guide pour les recompositions spatiales des sociétés ; bref un grand bol d'air dans cette déprime ambiante avec quelques points forts :

Le rôle de révélateur de la pandémie ; des éléments de réflexion sur les liens entre laïcité et spiritualité ; une démocratie revivifiée.

Trois logiques se dégagent des douze utopies proposées pour ré-enraciner la démocratie dans la gestion des territoires :

-              Départements ruraux

-              Fusion des métropoles et des départements supports

-              Villes-jardins périurbaines.

Les départements ruraux deviennent des regroupements d’intercommunalités avec un exécutif élu au suffrage direct. Les communes subsistent, mais avec des prérogatives de mairie d’arrondissement des métropoles.

La fusion mairie ville centre/métropole et département est dirigée par une assemblée d’élus avec un maire élu au suffrage direct ; le Grand Paris en serait une illustration.

Pour ce qu’il reste de l’Ile de France, une gouvernance de cette ville-jardin aura pour pôles structurants ses villes moyennes.

Cela simplifie le mille-feuille des structures et est un des éléments indispensables pour redynamiser la participation des citoyens.

« Il faut laisser vivre une démocratie ré-enracinée pour construire la société écologico-numérique qui arrive. La Révolution que l’on attendait est arrivée ».

Yvon Rastetter

 

Erik Orsenna, La passion de la fraternité : Beethoven, Stock-Fayard,2021

 Il y a des lieux, et des moments de l’histoire, où surgissent des génies, écrit Erik Orsenna.

 Beethoven grandit en apprenant deux langues en même temps, la langue des mots et la langue des notes. Son génie se révèle tôt malgré une jeunesse difficile, marquée par la solitude, les deuils, les ruptures. Il quitte l’école à 10 ans mais saisit plus tard l’opportunité de s’inscrire dans la toute récente université de Bonn, éclairée par les Lumières, passionnée par les idées nouvelles venant de France, « la Révolution française est un des grands évènements de l’histoire allemande » écrit Joseph Rovan.

Ces idées ouvertes lui manqueront lors de son installation à Vienne, ville ancrée dans le passé pour ne pas dire réactionnaire. Seulement voilà, s’il veut faire carrière, ce ne sera possible qu’à Vienne où il rencontre les grands musiciens de l’époque et, ironie de l’histoire, écrira de la musique à la gloire de l’empereur. Et il y a la possibilité de consacrer beaucoup de temps au piano avec cet enthousiasme qui ne le quittera jamais depuis sa première rencontre avec ce nouvel instrument.

Ses difficultés professionnelles, financières et relationnelles se doublent de problèmes de santé, sa surdité grandissante le prive du lien social au quotidien, il lui reste l’essentiel, la musique, langage de l’émotion (Kant), le rayonnement d’un sourd. Il se nourrit de lectures, Plutarque « il faut inspirer à l’esprit une ardeur d’investigation qui le pousse vigoureusement à la recherche de la vérité » a ses faveurs, l’aventure de Napoléon l’inspire pour sa troisième symphonie, une rencontre avec Goethe l’enchante.

On peut se poser la question de savoir comment Ludwig Van Beethoven a pu composer tant de merveilles au cours d’une vie privée peu épanouie et une vie mondaine agitée. Son caractère s’en ressent, il a du mal à maitriser ses émotions, on le dit « océanique », incapable de se laisser enfermer. S’il est ancré sur ses racines chrétiennes, il les dépasse et c’est cette liberté qu’il communique à et par sa musique. L’hymne à la joie de la neuvième est pour nous aujourd’hui le signe d’une Europe réconcilié, cette Europe qu’il a passionnément aimée. Il est intéressant de noter que la joie, pour Schiller, ne représente pas le paradis perdu, elle est à venir, l’ultime étape de l’histoire humaine.

Peut-on vraiment raconter la vie de cet homme intranquille sous l’angle de la fraternité comme le fait Erik Orsenna ? Oui, si l’on considère que la fraternité est le ferment de la nation, de l’humanité, chemin de l’espérance qui, pour lui, s’épanouit dans la musique et mobilise les foules, encore aujourd’hui. Beethoven, génie fraternel.

Bien sûr, le livre séduit par l’écriture, par le sujet, alors pourquoi ce petit sentiment de frustration ? Trop d’extraits de textes, trop de citations ? Les parallèles avec notre époque surprennent et paraissent un peu artificielles. Bon cela dit, replongeons-nous dans sa musique…

Joie, belle étincelle des dieux, fille de l’Élysée … tous les hommes deviennent frères, là où ta douce aile plane.

Monika Sander, mai 2021

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ECHOS

L’Université d’été de Démocratie & Spiritualité se tiendra du 10 au 12 Septembre 2021 au Centre Jean Bosco à Lyon.

 Tous nos adhérents et amis ont reçu le préprogramme ci-dessous, qui se trouve aussi sur notre site.

 

Thème : Quel sursaut spirituel pour faire face aux défis auxquels est confrontée la démocratie ?

Du 10/09/ au 12/09/2021-Centre Jean Bosco, 69005 Lyon

Avec possibilité de participation à distance en visioconférence pour les plénières du matin.

 

Grand témoin : Bernard Ginisty, ancien président de D&S et ancien directeur de Témoignage Chrétien.

 

Vendredi 10 septembre

Journée consacrée aux défis (constats, enjeux, ambitions, …), notamment : transition écologique/changement climatique, pandémie/santé/mort/vie, transition numérique, migrations, justice sociale et territoriale, laïcité.

Matin

Première plénière : Quels sont les défis principaux auxquels sont confrontées la démocratie et la spiritualité ?

Ouverture et animation par Daniel Lenoir, président de D&S

Table-ronde avec cinq témoins :

         -Fadela Amara, ancienne ministre, fondatrice de « Ni putes, ni soumises »

         -Philippe Aubert, consultant/formateur dans le domaine de l’inclusion sociale et du management des personnes en situation de handicap (sous réserve)

         -Fanny Bernardon, journaliste, chargée de communication pour l’association CoActis Santé qui agit en faveur de l'accès aux soins pour tous (sous réserve)

         -Jean-Joseph Boillot, spécialiste des grandes économies émergentes, auteur de Utopies made in monde. Le sage et l’économiste, Odile Jacob, 2021

         -Aurore Lalucq, économiste,députée européenne (sous réserve).

 

Après-midi : Ateliers sur les défis

Thèmes : Transition environnementale et justice sociale ; Justice sociale et territoriale ; Migrations ; Laïcité ; Transition numérique ; Santé, vie, mort et vieillissement.

 

Soirée « Ethique du débat », faire l’expérience de l’explicitation constructive des désaccords. Co-animation : Patrick Viveret et Jean-Claude Devèze.

 

Samedi 11 septembre

Journée consacrée aux voies d’un sursaut spirituel : par l’éducation, par le développement du dialogue interconvictionnel, dans l’exercice des responsabilités, dans la construction de politiques publiques pour gérer les communs, par l’engagement personnel, par l’écriture.

Matin

Deuxième plénière : Les chemins d’un sursaut spirituel

Introduction et animation : Jean-Baptiste de Foucauld, président d’honneur de Démocratie & Spiritualité.

Table ronde avec quatre témoins :

            - Geneviève Ancel, Chargée de mission, co-fondatrice des Dialogues en humanité,

            - Abdenour Bidar, philosophe, inspecteur Education nationale, essayiste (sous réserve),

            -Alice Casagrande, Directrice de la Formation et de la Vie Associative à la FEHAP,
             membre de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise,

              - Patrick Viveret, philosophe et magistrat honoraire à la Cour des Comptes.

 

Après-midi : Ateliers

 Introduction « méditation expression » : quels mots-clés pour un sursaut spirituel favorisant une prise de conscience, une soif d’intériorité, une mise en chemin vers plus de fraternité … ?

Cinq ateliers sur les thèmes suivants : écriture, éducation et spiritualité, démarche interconvictionnelle, responsabilité et spiritualité, nouvelles formes de démocratie et politiques publiques, intériorité et engagement.

 

Soirée fête et convivialité : expressions d’aspirations spirituelles sous forme de poésie, de musiques, de chants. Avec la participation du chœur lyonnais des PHONIES POLIES (sous réserve).

 

Dimanche 12 septembre matin

Troisième plénière : Des voies aux voix d’un sursaut spirituel, échange avec les partenaires de D&S.

Introduction et animation : Daniel Lenoir

Echange avec les partenaires sur les conclusions des ateliers, exploration des pistes et des expressions communes.

Réactions du grand témoin, Bernard Ginisty.

Clôture de l’Université d’été par Daniel Lenoir

 

à Renseignements et Inscriptions :

Sur notre site : democratieetspiritualite.org

Par mail : ds.secretariat@gmail.com

 

 

Point d’avancement de la réflexion des Groupes de travail :  

Laïcité et Spiritualité

Au cours de sa dernière réunion plénière, le groupe de travail de D&S consacrée à la thématique « Laïcité et Spiritualité » a mis en discussion un document de travail cherchant à esquisser une voie de dépassement des tensions propres à notre époque de compétition victimaire, de colère et de compétition identitaire (ce sont des termes utilisés par Delphine HORVILLEUR), amenant une demande accrue de sécurité.

Comment cette voie de dépassement est -elle envisagée ?

Par une prise de recul, à la fois dans l’espace (examen de la situation en France, en se comparant aux espaces européen et mondial) et dans le temps (avec notamment la visibilisation plus grande donnée à l’islam dans notre pays).

Par l’affirmation de la démocratie et de la spiritualité comme double chemin pour faire face aux multiples fêlures contemporaines.

Aussi, le document proposé comprend-il deux parties : la première fait un état des lieux (regain de tension dans la relation entre laïcité et islam, différentes conceptions de la laïcité en France, projet de loi visant à renforcer les principes de la République) et la deuxième partie va tenter de mettre en avant les ressources spirituelles pour notre démocratie (avec notamment les perspectives de l’enseignement de la laïcité et du fait religieux à l’école, et ce que pourrait être une éducation à la spiritualité dans notre pays).

La discussion qui s’en est suivie a mis au jour trois séries de questionnements :

-       Notre futur document ne devrait-il place faire place à deux suggestions complémentaires : devrions-nous nous familiariser avec les textes fondateurs des uns et des autres pour mieux mesurer nos différences ? Comment créer et susciter des solidarités à l’égard des peuples du Sud et des laissés pour compte dans nos sociétés occidentales, pour apaiser les frustrations et les ressentiments ?

-       Faudrait-il faire un parallèle entre laïcisation et sécularisation et approfondir l’intérêt de cette distinction ? On peut observer différentes formes de laïcisation, comprise comme quelque chose qui regarde toutes les formes de spiritualité, et pas uniquement celles d’ordre religieux à l’instar de l’existentialisme, des analyses marxistes de la société ou encore des spiritualités qui peuvent être qualifiées de négatives comme l’évangélisme. Laïcisation distincte de la sécularisation, entendue elle en tant qu’indifférence ou rejet de tout ce qui est religieux.

-       A qui serait destiné ce texte ? L’idée a notamment émergé pour le groupe D&S « Éducation et Spiritualité » de produire un guide à l’usage des éducateurs sur cette thématique. A l’instar des autres groupes de réflexion au sein de l’association, le texte en discussion pourrait prendre la forme d’un guide de discernement, à la fois pour les membres de l’association et pour les lecteurs. Car il s’agit de faire œuvre utile et de sortir d’un « débat sans nuance » (selon l’expression de Jean BIRNBAUM) en fournissant des éléments pour prendre position et agir. Il s’agirait de montrer que les spiritualités ont valeur d’ouverture à la fois d’un point de vue collectif, pour les démocraties, mais aussi d’un point de vue individuel, pour ce qui concerne la quête de sens, la destinée humaine.

Le groupe de travail « Laïcité et Spiritualité » contribuera évidemment au questionnement de la prochaine université d’été : « Quel sursaut spirituel pour faire face aux défis auxquels nos démocraties sont confrontées ? ». L’objectif sera alors de susciter des contributions nouvelles sur le sujet, partant des tensions constatées au sein de notre société liées à la coexistence de plusieurs religions, avec des formes d’expression plus ou moins compatibles avec la laïcité.

« La laïcité [ n’est-elle pas] une promesse qui rend l’air respirable [ ?] », comme le dit Delphine HORVILLEUR. Dans l’entretien donné à Ouest-France(30/05/2021), elle va même un peu plus loin : « Peut-être, faut-il re-spiritualiser la laïcité ? C’est-à-dire redonner du souffle à nos textes fondateurs, pour qu’ils reprennent vie, à condition qu’on ne le fasse pas avec un projet dogmatique ou prosélyte ».

La laïcité pourrait être perçue alors comme un défi (ou davantage une condition), et l’inter-convictionnel comme un sursaut.

 Sébastien DOUTRELIGNE et Marcel LEPETIT

 

 

Les ressources spirituelles dans l’exercice des responsabilités

Le groupe a finalisé le questionnaire destiné à interviewer des personnes en poste de responsabilité actuelle ou passée, réflexion sur le sens de l’engagement et le rôle de la spiritualité.

Le questionnaire est basé sur la charte de D & S selon laquelle « les adhérents reconnaissent à la spiritualité les traits suivants : le respect de la personne humaine et de toute la création, les valeurs de justice et de solidarité, le rapport à l’altérité et au cosmos, la transcendance (le lien avec ce qui nous dépasse), le dialogue entre l’humain et le divin, l’ouverture à tous les chercheurs de sens. »

Concrètement, il faut distinguer responsabilités politiques, civiques, économiques, syndicales, associatives et débattre sur l’exercice d’une responsabilité dans sa relation à un pouvoir.

Le groupe se propose de réaliser quelques interviews ou d’obtenir quelques réponses complémentaires dans les semaines qui viennent afin de pouvoir rendre-compte de l’ensemble dans un des ateliers de l’université d’été. Prochaine réunion : mercredi 28 juillet à 17h en Visio.

Jean-Baptiste de Foucauld, Bertrand Parcollet

 

Échos de la formation Bienvenue du 3 juin 2021

La formation bienvenue a réuni 14 participants (7 femmes et 7 hommes) et les 4 animateurs pendant un peu plus 3h en visioconférence, réunissant 11 personnes de la région parisienne et des personnes de province (Limoges, Laval, La Motte Beuvron, Niort, Carcassonne, Nantes et Grenoble). Dix personnes avaient adhéré en 2020/2021 et parmi celles-ci, six personnes avaient participé aux sessions d’accueil animées par Eliane Fremann au cours de ce semestre.

Quelques commentaires de participants :

« Très intéressant, un peu long, avoir plus de temps pour les échanges »

« Formule interactive tout à fait nouvelle pour moi ; cela marque un intérêt spécial pour nos adhésions individuelles, qui impressionne. Bon outil pour les responsables afin de percevoir la complexité de chacun… »

« …Bravo pour la diversité des parcours des participants, pour la richesse des apports, pour le respect des diverses acceptions du mot spiritualité… »

« Une excellente manière de mettre à niveau les arrivants et d’accélérer leur implication active »

« Idée de formation très intéressante, contenu trop abondant, et pas assez de temps pour échanger avec les nouveaux, leurs questions et leurs souhaits - propositions »

« Un temps d’appropriation de D&S important et bienvenu pour « valider » l’adhésion et identifier les engagements à mener. Chaque séquence était utile et nécessaire. »
« Les moments de silence ont été bienvenus et m’ont permis de retrouver du souffle notamment après la séquence durant laquelle j’ai décroché. »
« Un grand merci à tous pour le travail important que cette formation a représenté. »

Assurément c’était une première, mais cela ne sera pas la dernière. Nous programmerons au moins une fois par an une telle formation, afin d’accueillir les nouveaux adhérents et tout en restant ouverts aux plus anciens qui ont envie de s’approprier collectivement les textes fondateurs de D&S. L’évaluation nous permet de prévoir quelques ajustements, comme par exemple la nécessité d’un prérequis : avoir lu les textes au préalable afin de pouvoir réagir.
Si vous souhaitez participer à la prochaine session Bienvenue, vous pouvez déjà vous pré-inscrire en nous contactant. Merci et à bientôt !

Régis Moreira

                                                               

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QUE FONT NOS PARTENAIRES?

 

ARTISANS DE PAIX

Belle rencontre avec Paula Kasparian de l’association civile ARTISANS DE PAIX, créée en 1994 (selon la loi 1901) par Madeleine Frapier. A son origine se trouve la conviction partagée qu’il ne peut y avoir de paix sur terre que si une entente entre les religions est instaurée.

Selon la déclaration du 16.02.2016 au J.O, l’association Artisans de Paix a pour objet de créer un institut spirituel itinérant qui a pour but de contribuer de façon suivie à la paix mondiale, avec le concours des religions, elle réunit des hommes et des femmes de bonne volonté et de décision appartenant aux domaines scientifique, éthique et spirituel, s’engageant solidairement dans une voie de croissance en humanité.

http://www.artisans-de-paix.org/fr/

Prochaine réunion via zoom : le 24.6.21 de 18 – 21 h : Sciences humaines et textes fondateurs. Une saine alliance au service de la révélation et de l’humain. Renseignements sur le site de l’association.

 

Pacte Civique

-       Le Bulletin N° 19 de mai 2021 est paru

 -       Le Pacte civique annonce la sortie du Livret numéro 1 de la toute nouvelle « Collection Pacte civique » : Climat-énergie

"La liberté, c’est d’abord la possibilité de choisir. La marque de son smartphone éventuellement, mais surtout comment l’on veut vivre. Cependant, choisir, vraiment choisir, cela ne peut pas se faire sans savoir. Les auteurs de ce livret ont rassemblé des données objectives, vérifiées et incontestables pour éclaircir le paysage et chasser les « fake news » qui nous empêchent de juger et de décider par nous-mêmes. Ce N° 1 sur le climat et l’énergie vous aidera à clarifier votre position sur des problèmes qui engagent notre siècle et l’humanité tout entière."

Informations : http://www.pacte-civique.fr/

 

Écritures & Spiritualités

Écritures & Spiritualités annonce la remise des Prix 2020 et 2021 :

Prix 2020 pour Valérie Zenatti : Dans le faisceau des vivants, Éditions de l’Olivier

Prix 2021 pour Simon Berger : Laisse aller ton serviteur, Éditions Corti

Mention spéciale : Marie-Françoise Sales : Des sourires et des hommes, Bayard

Le 22 juin à partir de 19h30 au Forum 104, 104 rue de Vaugirard 75006

https://ecrituresetspiritualites.fr/

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AGENDA

Réunions statutaires:

Prochains bureaux :

mardi 6 juillet à 18h

mardi 21 septembre à 18h

Conseil d'administration

mardi 5 octobre, de 18h à 20h

 

 

Prochaine Conviviale :

• mardi 12 octobre à 18h       

 

Université d'été 2021

 

L’Université d’été 2021 se tiendra les 10, 11, 12 Septembre 2021 à Lyon, au centre Jean Bosco

Thème : Quel sursaut spirituel pour faire face aux défis auxquels est confrontée la démocratie ?


Fiche d'Inscription UE D&S 2021

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L'Ours

Lettre D&S N° 182 - Juin 2021

ISSN 2557-6364

Directeur de publication : Daniel Lenoir
Rédactrice en chef : Monika Sander
Comité de rédaction : Laurence Fabert, Jean-Baptiste de Foucauld, Eliane Fremann, Daniel Lenoir, Régis Moreira, Nadia Otmane, Bertrand Parcollet

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