En-tête

Lettre 144 MARS 2016

 

L’agenda

L’éditorial

   Pour une démocratie et une éducation porteuses de sens

Nouvelles de l'association

   Assemblée générale du 10 mars

Résonances spirituelles

  L'humilité

   Les personnes charismatiques

Démocratie et spiritualité

   Les profondeurs de l'être

   L’Europe à l’épreuve de ses valeurs fondatrices

Échos d'ailleurs

   Les nouveaux défis de la laïcité

Libres propos

   Écouter, comprendre, délibérer, discerner, s'impliquer...pour socialiser

Informations diverses  

 

UN NOUVEAU SITE  

PLUS ATTRACTIF ET PLUS INTERACTIF DE D&S COMME CADEAU DE NOUVELLE ANNÉE 2016.

http://www.democratieetspiritualite.org/

 

C'est là que vous trouverez désormais toutes les informations concernant nos activités et toutes nos publications et réflexions. Il est en cours de mise au point et nous comptons sur vos suggestions pour continuer à l'améliorer.

 

 

Agenda

Soirées conviviales 

250 bis Boulevard Saint-Germain (75007) (digicode extérieur : 12A16 ; intérieur dans le hall: 62401 ; salle au premier étage)

• Lundi 11 avril de 19h à 21h : Le Mouvement Emmaüs : quelle démocratie dans une association multiculturelle ?, avec Christophe Deltombe 

• Lundi 9 mai de 19h à 21h : Présentation par PPh Cord et discussion autour du livre de Jacques Juilliard "Le choc Simone Weill"

Méditations interspirituelles les  27 avril, 25 mai, 22 juin, de 18h15 à 19h15, au Forum 104, 104 rue de Vaugirard (75006)

Groupe "cheminements" : le 26 avril de 16h30 à 18h30 dans la salle Gandon, 21 rue des Malmaisons, Paris, 75013.

Formation 2016 : le samedi 3 décembre, une journée consacrée à L'éthique du débat 

Conseil d'administration de D&S le lundi 13 juin de 16h à 18h30 (Bd St Germain)

Université d'été 2016

Par : Paul Philippe CORD

Université d'été de D&S à Lyon les 26, 27 et 28 août centre Jean Bosco (Fourvière)

Programme provisoire

Inscription Université d'été 2016

Le titre de notre université d'été est « Intégration et diversité : un défi social, culturel et civique». Pour le déroulement, un ancrage dans le local, c’est-à-dire dans la région lyonnaise, est recherché. Le programme, à ce stade de notre …

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L'éditorial

 

Pour une démocratie et une éducation porteuses de sens

Édifier une démocratie porteuse de sens, de confiance et d'espérance repose sur la promotion d’une société plus conviviale et plus fraternelle. Ceci nécessite de redéfinir vers où nous voulons aller, de renouveler nos processus démocratiques pour faire de la politique autrement et de le rendre possible en s'appuyant sur une société éducative.

Les organisations classiques (partis, syndicats, grandes associations) et les « élites » sont en perte d'influence. La créativité se situe du côté de réseaux animés par les jeunes générations, mais leurs efforts restent très dispersés. Les échéances électorales 2017 doivent permettre aux organisations classiques s'étant remises en question d'œuvrer avec ces réseaux novateurs pour construire un récit commun porteur d'une vision de l'avenir.

Nous proposons de travailler à l'élaboration de diagnostics et à la valorisation des initiatives permettant d'élaborer des propositions porteuses d'un projet du local au global, puis de susciter les espaces de délibération et de coopération qui permettent de les critiquer, de les améliorer et de les rendre opérationnels sans jamais perdre de vue ce qui leur donne du sens.

Pour mobiliser notre pays autour des projets politiques en cohérence avec cette vision, il faut promouvoir des processus démocratiques permettant de faire de la politique autrement. Ceci nécessitera à la fois de développer nos capacités citoyennes et d'adapter nos institutions pour favoriser la synergie entre démocratie représentative et démocratie citoyenne en renforçant le rôle de cette dernière.

Nous proposons d'adapter nos méthodes démocratiques aux spécificités de chaque problème à traiter et de s'appuyer sur les nouvelles possibilités techniques et numériques. Selon les cas seront privilégiés le dialogue social, l'appel à contribution, la consultation, la délibération, la promotion de l'éthique du débat, la médiation, des démarches progressives pour surmonter les désaccords, etc. En parallèle seront développés les contrôles par les citoyens de la gestion de leurs élus et l'évaluation avec eux de la qualité des processus démocratiques et des politiques locales, régionales, nationales, européennes, mondiales.

Pour rendre notre société plus éducative et permettre la réunion des générations autour de valeurs communes, nous proposons :

• de promouvoir une éducation tout au long de la vie, interactive entre générations, reposant sur une alliance entre la société, la famille et les communautés éducatives,

• d'équilibrer éducation disciplinante permettant de structurer sa vie et éducation épanouissante favorisant la capacité à entrer en relation avec les autres et la nature ;

• de veiller à ce que chacun apprenne à s'écouter, à débattre, à respecter la parole de l'autre, à coopérer pour édifier une société porteuse de plus de civisme.

Pas de démocratie porteuse de sens sans éducation apprenant à penser en cohérence avec ce qu’on vit, pas de société civique sans formation au civisme, pas de citoyenneté sans apprentissage du rôle du citoyen pour permettre son implication.  

                                                                                                        Le Bureau

Nouvelles de l'association

 

Assemblée générale du 10 mars

Notre assemblée générale du 10 mars nous a permis de faire le point sur les travaux en cours de D&S. Notons sans attendre le compte rendu de l'AG les points suivants :

• en attendant d'achever le travail sur le paysage religieux, une nouvelle voie est ouverte par le souhait du Pacte civique de coopérer à la rédaction d'une fiche repère sur la laïcité ;

• il a été décidé d'organiser dans nos locaux, le samedi 3 décembre, une journée de formation consacrée à L'éthique du débat. On terminera de la préparer avec Régis Moreira lors de notre université d'été ;

• Patrick Brun continue sa rédaction du livre sur D&S ; le calendrier actuel est la mise à disposition  d'un premier texte fin juin, pour examen collectif à la rentrée et rédaction finale avant la fin 2016 ;

• Le nouveau site de D&S est opérationnel, mais il faut continuer à l'améliorer pour mieux retrouver les documents recherchés.

• Le groupe Cheminements fera bientôt le point sur ses huit premières réunions et examinera la suite qu'il souhaite lui donner.

La soirée s'est terminée autour d'un buffet convivial bien arrosé.

 

Résonances spirituelles

 

L'humilité

Textes lus le 23 mars à la médiation interspirituelle au Forum 104 

 

« L'humilité consiste à savoir qu'en ce qu'on nomme « je » il n'y a aucune source d'énergie qui permette de s'élever.

Tout ce qui est précieux en moi, sans exception, vient d’ailleurs que de moi, non pas comme don, mais comme prêt qui doit être sans cesse renouvelé. Tout ce qui est en moi, sans exception, est absolument sans valeur ; et, parmi les dons venus d'ailleurs, tout ce que je m'approprie devient aussitôt sans valeur. »

« Il n'y a rien de plus proche de la véritable humilité que l'intelligence. Il est impossible d'être fier de son intelligence au moment où on l'exerce réellement. Et, quand on l'exerce, on n'y est pas attaché. Car on sait que, deviendrait-on idiot l'instant suivant, et pour le reste de sa vie, la vérité continue à être. »

Simone Weil (La pesanteur et la grâce)

 

« Humilité et service : ces deux choses gardent la petite espérance, la vertu la plus humble, mais celle qui te donne la vie. »

Pape François

 

Les personnes charismatiques

Ce que font les gens charismatiques ? D'après l'auteur américain Jeff Haden, "elles écoutent plus qu'elles ne parlent, elles posent des questions et maintiennent un contact visuel, ce qui montre à leur interlocuteur qu'il est important. Elles écoutent chacun, sans sélectionner, et offrent leur entière attention. Elles ne sont pas suffisantes et ne discutent jamais des défauts des autres. Les personnes qui ont un contact physique de quelques secondes avec leur interlocuteur et celles qui sont vives d'esprit sont perçues comme plus charismatiques."

Vous en connaissez beaucoup, vous ?

Entre toi et moi, l'empathie. Du grec empatheia qui signifie "ressentir de l'intérieur et éprouver pour l'autre". Plus concrètement, le mot définit la capacité à imaginer ce qu'un autre ressent sans se laisser envahir par ses propres émotions. Nombre de neurologues et de pédopsychiatres nous montrent comment cette disposition se développe chez les jeunes enfants qui, dès 18 mois, savent spontanément offrir leur aide à un adulte en difficulté ; comment elle peut être stimulée, grâce à l'hormone ocytocine, chez les personnes autistes, mais aussi de quelle manière elle se manifeste chez nos amis les primates. Exemples d'attitudes empathiques pour toi et moi : affranchissons‐nous de tout ce qui n'est pas nous, dans ce monde qui catégorise les personnes selon leurs âges, leurs maladies, ou encore leurs professions. Prenons conscience que l'étiquette qui est projetée sur nous n'est pas nous, nous renvoie à cette question : à qui est‐ce que je donne un pouvoir de vie ou de mort sur moi ? A mes parents ? A telle personne qui m'a jeté une parole de malédiction ? Osons porter notre regard vers l'infini et toutes les potentialités de notre être. Et n'ayons pas peur de notre grandeur.

Celle-ci nous fait peur et, souvent, nous préférons la cacher dans un cadre plus petit et faussement rassurant. Notre grandeur est la marque de la Vie (ou de Dieu) qui nous fait le cadeau de s'incarner. Bénissons‐nous les uns les autres !

Extrait de la lettre Ephrata de mars 2016

 

 

Démocratie et spiritualité

 

Les profondeurs de l'être

Jean-Marie Gourvil

 « Seules les forces sociales et spirituelles des peuples agissant par-dessus la tête des     représentants du pouvoir sont capables de restaurer l’unité de notre vie. »[1] N. Berdiaev.

 

En continuant de prendre de la distance avec les logiques utilitaristes des appareils des États et ceux des Églises (toutes religions confondues), poursuivons notre essai de retrouver les voies de la sagesse[2] enfouies dans les trésors cachés des cultures et des religions. Nous rappellerons ici l'expérience partagée au long des siècles par les poètes, les philosophes antiques, les prophètes, les mystiques des profondeurs de l’Être humain (cœur, esprit, fond de l'être[3], fine pointe de l'âme...).

On conviendra tous, facilement, que l'être humain est corps et âme sans s'interdire de débattre longuement de la différence de nature comme des liens ou des interactions entre ces deux pôles de notre expérience de soi. Les grandes traditions de sagesse ont cependant depuis fort longtemps envisagé que l'expérience que nous faisons de l’Être humain est plus vaste et plus intime que les mouvements du corps et de l'âme. Une anthropologie ternaire ayant recours aux termes d'esprit, de cœur, de fine pointe de l'âme..., parcourt les sagesses de l'humanité. L'homme fait l'expérience d'un fond de l'être plus vaste que le moi égocentrique, d'un cœur qui ne se réduit pas à la sensibilité, d'un esprit qui transcende l'intelligence, d'une fine pointe de l'âme, d'un soi qui s'ouvre sur un Soi universel, d'une renaissance intérieure. A travers de multiples langages, les sagesses donnent comme terme au chemin de notre vie l'expérience d'une troisième polarité de l’Être que Pascal a si bien désigné en notant que « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ».

Les appareils des États et des ''Églises'' acceptent avec de grandes difficultés cette vision du sujet plus vaste que les objets qu'ils voudraient gérer : les corps et les âmes. Objet insaisissable pour l'ordre public, l'ouverture de l’Être sur ''l’immensité des Cieux'' fonde la liberté de chacun de nos chemins, fonde la fraternité qui nous unit à celui qui est devant nous. L'autre n'est pas en effet que l'objet du droit et des devoirs que nous impose la morale, il est celui qui à travers ses épreuves et ses joies peut accoucher de lui-même comme sujet, il est mon frère, il est non réductible à l'Institution, il peut être transparent à ce qui illumine profondément l’Être et dont les poètes, les philosophes et les mystiques sont les chantres. Mystique et fraternité sont dans toutes les traditions de sagesse fortement liées. Les anthropologies qui réduisent l'homme au corps et à l'âme préfèrent que le pauvre soit l'objet des œuvres de l’Église ou de l’État et laissent le poète et le mystique partir dans la montagne comme Nietzsche laisse s'en aller son Zarathoustra.

Allons plus avant. Depuis longtemps, les traditions de sagesse ont analysé les forces inconscientes qui nous agitent, celles du beau, du vrai, du bon, comme l'émergence en nous d'un Éros cosmique (tradition hellénistique); elles ont aussi analysé les forces inconscientes qui nous submergent, les mouvements terribles qui nous emportent comme le torrent emporte les troncs d'arbre lors des crues (les tentations involontaires). Ces mêmes traditions ont balisé l'expérience qui nous mène au centre profond de l’Être.

On peut être admiratif devant cette science de l'intime accumulée au fil des siècles, cette "science des saints" dit le proverbe biblique. Il ne s'agit pas de s'engager dans un syncrétisme "interreligieux" ou d'opter pour une attitude New Age. Chaque tradition a ses trésors enfouis, retrouvons les nôtres, faisons des choix ou n'en faisons pas (la liberté républicaine impose cette heureuse alternative), mais surtout respectons les trésors de sagesse de toutes les traditions en les libérant des discours des appareils qui voudraient réduire la sagesse à la maîtrise des mouvements de l'âme et du corps, à la morale ou au droit qu'ils auraient seuls le pouvoir de définir et la capacité d'imposer à tous.

Sans la découverte des profondeurs de la sagesse, les rois comme les prêtres en resteront à des postures de pouvoir incompatibles avec les interpellations des poètes, des philosophes et des prophètes qui les déconcertent.

Quelle dialectique entre les rois, les prêtres et les prophètes? Il est vain de rêver d'une Église césaro­papiste qui pourrait remplacer l’État ou le soumettre . A l'inverse, il ne s'agit pas de rêver d'un État républicain idéal, philosophe, capable de donner sens à la société, à chacune de nos vies et de se substituer aux Églises et aux écoles de sagesse. Notre liberté ne se fond pas dans l'institué, elle est créatrice et questionne sans cesse. Il serait dangereux par contre de se dispenser de tout rapport à l'Institution et de ne vouloir que dénonciation des règles, des procédures, des privilèges. Refusant les postures de roi ou de prêtre détenteurs du pouvoir, il nous faut prendre le chemin de l'intériorité, révéler en nous les désirs et les capacités refoulées, trouver les eaux qui nous conviennent, chercher les trésors enfouis des religions et des cultures, découvrir des alliés, faire communauté, être le levain dans la pâte et le sel de la terre... A nous de découvrir et d'accepter le rôle inconfortable de ceux qui témoignent non d'un code moral, mais du feu qui rougit sous la braise, d'une quête libératrice.

[1] N. Berdiaev, De l’esprit bourgeois, trad. Française, Delachaux et Nietslé, 1949.

[2] Voir lettre de D&S n° 143, février 2016

[3] Le mot fond est la traduction du mot allemand grund tant utilisé par Eckhart et les mystiques rhénans.

 

L’Europe à l’épreuve de ses valeurs fondatrices

Chronique hebdomadaire de Bernard Ginisty du 2 mars 2016

 

Les vagues de réfugiés qui viennent s’échouer sur les frontières reconstruites à la hâte par les pays européens sont en train de miner l’Europe. En laissant s’effondrer la libre circulation entre les pays qui la composent, l’Union européenne risque sa propre désintégration. L’abdication des politiques devant la « main invisible » du marché qui devait peu à peu conduire à une régulation des rapports humains devient de plus en plus intenable. Cette crise nous oblige donc à nous interroger sur le socle sur lequel peut s’exercer une citoyenneté européenne.

Vaclav Havel (1936-2011), dissident devenu président de la République tchèque, a été un très rare responsable politique de premier plan à avoir affirmé la nécessité pour l’Europe de prendre conscience de son enracinement éthique et spirituel. Pour lui, l’Europe ne sera faite ni par les technocrates, ni par les gouvernements seuls, mais par les citoyens européens. C’est autour de l’idée de responsabilité universelle, non pas cette fois sous la forme des croisades, de la colonisation, ou de l’imposition d’un modèle culturel unique, que l’Europe peut trouver sa raison d’être.

Le 3 mars 1999, le Sénat français recevait le président Vaclav Havel. Dans son discours sur la « vocation de l’Europe », il évoquait la figure du philosophe Emmanuel Levinas : « Il y a quatre ans mourut un Juif lituanien, qui avait fait ses études en Allemagne pour devenir un célèbre philosophe français. Il s’appelait Emmanuel Levinas. Selon son enseignement, conforme à l’esprit des plus anciennes traditions européennes, en l’occurrence sans doute juive, c’est au moment où nous regardons le visage de l’autre que naît le sentiment de responsabilité de ce monde. J’estime que c’est justement cette tradition spirituelle que l’Europe devrait se rappeler aujourd’hui. Elle découvrira l’existence de l’autre, tant dans l’espace qui l’entoure qu’aux quatre coins du monde; et la responsabilité fondamentale qu’elle entend assumer ne prendra plus le visage présomptueux d’un conquérant, mais celui, humble, de qui prend la croix du monde sur son dos . Et si quelqu’un assimilait cette responsabilité à une forme inédite de l’orgueil messianique, alors, il ne nous resterait plus qu’à faire appel à notre conscience» (1).

Vaclav Havel fut d’abord un écrivain auteur d’une œuvre théâtrale dans le courant littéraire du « théâtre de l’absurde » et avait bien conscience de ce qui peut apparaître comme « ridicule donquichottesque" dans son propos. Face à ceux qui souriaient de son idéalisme, il faisait appel à son expérience d’homme de théâtre et de dissident dans la société tchèque normalisée par les troupes soviétiques : «Je me dis qu’ayant pu –avec une poignée d’amis, mais entouré d’un océan d’indifférence – me cogner la tête contre les murs pendant des années en répétant la vérité sur le totalitarisme communiste, il n’y a pas de raison pour que je cesse de me cogner la tête contre les murs en parlant inlassablement, en dépit des sourires indulgents, de la responsabilité et de la morale face à notre marasme social, et je ne vois pas pourquoi je devrais considérer, plus qu’avant, que cette bataille est perdue d’avance» » (2).

Pour lui, « la tâche fondamentale consiste à faire front à l'automatisme irrationnel du pouvoir anonyme, impersonnel et inhumain des idéologies, des systèmes, des appareils, des bureaucraties, des langues artificielles et des slogans politiques, (…) à ne pas avoir honte d'être capable d'amour, d'amitié, de solidarité, de compassion et de tolérance, mais au contraire à rappeler de leur exil dans le domaine privé ces dimensions fondamentales de notre humanité et à les accueillir comme les seuls vrais points de départ d'une communauté humaine qui aurait un sens ” (3).

(1) SENAT : Compte rendu analytique officiel de la réception solennelle de M. Vaclav Havel, Président de la République tchèque le 3 mars 1999.

(2) Vaclav HAVEL : Méditations d’été, éditions de l’aube, 1992, page 134

(3) Vaclav HAVEL : Essais politiques, éditions CalmannLévy, 1989, page 243.

 

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Échos d'ailleurs

Cette rubrique se propose de se faire l’écho d’articles de presse, de livres ou d’autres formes d’expression (cinéma, théâtre, conférence) qui évoquent les liens et les tensions entre démocratie, spiritualité, culture, religion, politique. Nous vous invitons à l’alimenter de vos propres découvertes.

 

 

Écouter, comprendre, délibérer, discerner, s'impliquer...pour socialiser

JC Devèze

 

La montée du vote Front national comme les dérives de jeunes terroristes nous alertent sur la difficulté de parler avec ceux qui ne pensent pas et ne vivent pas comme nous et avec qui il est difficile de tisser des liens. Ceci doit nous conduire d'abord à un effort de disponibilité à l'autre différent, la première étape étant souvent celle de savoir écouter, d'« être dans l’attention à ce que j’entends au-delà des paroles, dans les mimiques, l’attitude, la tonalité, ce qui émane d’elle, de lui, à travers ses dires… » comme nous le rappelle Marie-José Jauze dans « De l'intime à l'infini ». Il s'agit de percevoir les itinéraires, les situations, les demandes de ceux que nous essayons de comprendre, mais aussi de se laisser interpeller sur nos modes de vie qui façonnent un monde où ils ont du mal à trouver leur place et où la tentation est de s'ignorer.

A partir de nos écoutes et de nos attentions aux autres, il est possible à chacun de nous de mieux accompagner autrui. Mais il est aussi utile de s'inscrire dans des dynamiques de groupe et de participer à des discernements collectifs ; ceux-ci peuvent nous aider à mieux percevoir la nature des fossés entre ceux qui sont bloqués dans des impasses et ceux qui trouvent leur voie, entre ceux qui se replient sur des idéologies fermées et ceux qui s'ouvrent sur la diversité, sur l'Europe et le monde. Pour franchir les fossés, il s'agit de proposer des ponts, de tisser des liens, de valoriser la richesse de nos itinéraires et les façons dont nous franchissons les obstacles.

Une fois une certaine compréhension et donc acceptation réciproque acquises, il devient plus facile de s'appuyer sur un groupe et de faire communauté pour agir ensemble. Il est donc important pour nous de réfléchir à cette question : D&S est-elle une communauté qui nous aide dans nos transformations personnelles et d'abord dans la perception de nos impasses, de nos violences et de nos fragilités ?

Ce questionnement devrait nous conduire à revisiter la façon dont nous échangeons et dialoguons, à approfondir notre pratique de l'éthique du débat, à améliorer nos modes de discernement, à cultiver ce qui nous rend plus attentifs à l'inattendu et disponibles à ce qui advient, à rendre plus cohérentes nos implications, à approfondir les démarches qui renforcent les liens sociaux et civiques comme celle du Pacte civique, à partager ce qui est porteur d'espérance.

 

Informations diverses

•  Un film iranien à voir, No Land's song, de Ayat Najafi : un documentaire sur l'organisation d'un concert en 2013 à la barbe des ayatollahs, un acte de résistance émouvant, des chants en solo de femmes qui, 35 ans après la révolution islamique, ont pu à nouveau être écoutés par un public d'hommes et de femmes à Téhéran.

• Le Pacte civique organise :

- le 23 avril de 14 H à 18H,  à la mairie de Paris, un colloque  consacré à "CAP 2017, le Pacte civique au service du politique AUTREMENT",

- le 3 mai après-midi un colloque à l'Assemblée nationale pour la 4ème édition Fête du travail/ Faites des emplois : Pôle-Emploi et l'action citoyenne face au chômage : comment faire plus et mieux ?

- le 24 mai de 19H30 à 21H30, au Forum 104, une soiré de débat autour d'un thème d'actualité.

• En partenariat avec Démocratie et Spiritualité, l’association Traces d’avenir organise un séminaire sur « Histoire de vie et interculturalités » les vendredi 10 juin de 14h à 17h30 et les samedi 11 et 18 juin de 10h à 17h30 : Comment les rencontres et les appartenances inter culturelles, tout au long de notre histoire, ont-elles contribué à lui donner du sens?"

          Informations et inscriptions auprès de Patrick Brun : brundom2005@yahoo.fr

• En liaison avec La Traversée, D&S co-organise deux rencontres-débats au Forum 104:

- Le 18 mai en fin d’après-midi, sur le thème « Violence, spiritualité et religion », avec Élisabeth Leblanc, Jean-Marie Gourvil et Jean-Baptiste de Foucauld  ;

- Le 8 juin en fin d’après-midi au Forum 104, sur le thème « La bonté humaine », avec Jacques Lecomte.